Publié le 22 Nov 2024 - 17:43
GESTION DES RESSOURCES NATURELLES

Haro sur le pillage

 

Des experts venus de plusieurs pays d’Afrique s'étaient donné rendez-vous au Caire, la semaine dernière, pour réfléchir sur les voies et moyens de stopper l'exportation des ressources naturelles à l'état brut. Les discussions ont tourné essentiellement autour de la transformation des ressources en Afrique, la création de valeurs, mais aussi la promotion du contenu local. 

 

La gouvernance des ressources extractives était au cœur de la première édition du Congrès de l'Afrique sur le développement des ressources minérales. À l'initiative de plusieurs organisations panafricaines dont l'Africa Business Council (AFBC) et la Coalition pour le dialogue sur l'Afrique (CoDA), des participants venus de plusieurs recoins du continent s'étaient donné rendez-vous dans la capitale égyptienne pour réfléchir autour du thème ''Favoriser le développement minier, le contenu local et la valeur ajoutée''.

Il s'est agi, pour les participants, de voir comment faire en sorte que les pays africains cessent d'exporter des matières premières à l'état brut pour les transformer sur place. Présidente de l'Africa Business Council, le docteur Amany Asfour a constaté, pour le regretter, ''le niveau de transformation très faible des ressources'' dans le continent, malgré quelques efforts salutaires dans certains pays comme l'Égypte. ''Nous pensons qu'il y a de bonnes choses qui se font dans certains pays et c'est l'exemple à suivre. En Égypte, par exemple, il y a de la transformation dans presque tous les minéraux disponibles, avec des licences développées par le secteur privé local et qui sont protégées. Notre ambition est d'œuvrer pour que ce soit le cas dans tous les pays et pour tous les minéraux'', plaide la présidente de l'AFBC. 

Lors de cette rencontre du Caire, les participants se sont engagés à faire la cartographie des ressources selon les pays et à définir une feuille de route pour la valorisation des ressources naturelles en Afrique et avec le secteur privé africain. ''Quelles sont les contraintes dans cette dynamique de transformer les ressources sur place ? Comment  peut-on aider le secteur privé à prendre en charge ces enjeux de développement ? Quel mode de financement pour les entreprises ? Voilà entre autres, pistes sur lesquelles il urge de travailler et d'apporter des solutions'', s'interroge le Dr Amany qui appelle de tous ses vœux à la construction d'un secteur privé fort, soutenu et compétitif, gage d'un développement du continent et de la valorisation des produits locaux. Elle ajoute : ''Nous avons besoin d'une industrialisation pour la transformation de nos produits, notamment dans les minéraux critiques qui constituent l'avenir. C'est le cas du lithium pour la fabrication de batteries, mais aussi du cobalt. Il nous faut de véritables champions locaux pour créer de la valeur.''

De l'avis de Souad-Aden Osman, il faudrait un diagnostic exhaustif pour voir pourquoi le secteur privé africain n'arrive pas à transformer les ressources disponibles sur place et comment y remédier. Elle liste les différentes contraintes ressorties des travaux du Camred. Parmi ces contraintes : l'accès à la technologie, aux financements, mais d'abord et avant tout les problèmes liés à la gouvernance aussi bien sur le plan national que sur le plan régional et international. La directrice de la CoDA déplore ainsi l'impunité et la corruption comme étant le premier obstacle. Aussi, souligne-t-elle l'importance de mettre en place un dispositif garantissant la sécurité juridique des investisseurs et la protection de l’industrie locale. 

Pour ce qui est du niveau sous-régional, elle a insisté sur le ''problème de coordination'' et la nécessité ''d'harmoniser les standards pour apprendre et ne pas répéter les mêmes erreurs, ne pas se livrer une concurrence destructrice''. Quant au niveau international, elle a expliqué que les Etats sont plus confrontés à ''l'hypocrisie du système'' avec des multinationales et des puissances qui tiennent coute que coute à perpétuer le système de domination dans le commerce international. ''Ces gens veulent que l'Afrique continue de rester à sa place, c’est-à-dire un simple pourvoyeur de matériaux. Il y a donc un forcing à faire pour briser ces chaines''.

Afin de surmonter ces difficultés, Mme Souad prône la mise en place de chaines de valeur régionale. ''La vérité est qu’aucun pays ne peut tout faire tout seul. Il faut donc qu'ils se spécialisent selon leurs potentialités et leurs capacités. Si on ne peut pas le faire seul, il faut joindre nos forces. Malheureusement, jusque-là, nous avons été dans des logiques de concurrence et c'est vraiment dommage'', a-t-elle regretté. 

Le rôle de la Bad remis en cause par certains participants

Revenant sur les problèmes de financements, la militante indexe le fonctionnement de la Banque africaine de développement (Bad) qui ne joue pas convenablement son rôle. La Bad, selon la directrice exécutive de la CoDA, ne peut pas jouer son rôle. ''On s'en rend compte que depuis des années, cela va de mal en pis. Je pense que la banque doit se débarrasser de tous ses conseillers néoclassiques qui ont une vision de l’économie qui ne convient pas à nos pays. Parfois, il est même plus simple de travailler avec la Banque mondiale qu’avec notre propre banque et cela pose problème. La Bad est très éloignée de nos préoccupations''.

 Pour elle, l'Afrique a besoin d’instruments qui prennent en charge les préoccupations du continent. ''Ce qui se passe dans les conseils d'administration ne doit pas être en porte-à-faux avec les aspirations des populations, en particulier des femmes et des jeunes. Malheureusement, la banque est sous l'emprise de forces qui ne se soucient que de leurs intérêts, pas des priorités de nos populations'', fustige-t-elle. 

Relativement à la maitrise du savoir-faire, qui est l'autre contrainte majeure, Souad-Aden Osman estime que l'ambition doit être d'y aller étape par étape, de commencer par la transformation de produits qui ne requièrent pas de la haute technologie. ''Tailler et polir des pierres, ce n’est pas si extraordinaire. Le savoir-faire est bien disponible. Cela n'a pas de sens de vendre notre or et nos pierres précieuses pour ensuite aller acheter des bijoux à Dubaï. Pour la technologie qu'on n'a pas, il faut aller l'acheter parce que rien ne se donne. Aussi, on a besoin de l'or pour notre politique monétaire'', a-t-elle plaidé. 

LUTTE CONTRE LES FLUX FINANCIERS ILLICITES 

L'OCDE, un obstacle au progrès ?

Selon les études, le secteur extractif est celui qui contribue le plus aux flux financiers illicites. Selon Soud Aden Osman, des travaux importants sont menés pour étudier les principales composantes de cette évasion. D'après ces travaux, la première composante c’est la gouvernance. Ensuite, il y a les formations, les signatures… Mais des négociations se poursuivent au sein des Nations Unies pour y trouver des solutions. ''La discussion la plus importante, c’est les négociations sur la convention relative à la taxation. Faire accepter aux pays riches que même si les multinationales sont les leurs, elles doivent payer des taxes là où il y a l’activité. Ce sont des principes de base, mais ces puissances ont du mal à l’accepter. Pendant longtemps, l'OCDE s'y est opposée. La question est maintenant devant les Nations Unies, mais les pays développés font toujours de la résistance. Mais nous ne lâcherons pas et il est heureux de constater une unité sur la problématique de tout le Sud global et pour une fois, l'Afrique est la locomotive''.

À propos de l'hypocrisie de l'Occident, la directrice exécutive a évoqué l'affaire Glencore condamnée aussi bien aux États-Unis qu'en Angleterre pour des infractions commises en terre africaine. Malheureusement, dénonce-t-elle, les pays victimes ne voient ni les amendes ni même l'information qui aurait pu leur permettre de réclamer ce qui leur est dû.

Madame Osmane dit, par ailleurs, soutenir certaines initiatives de renégociations des contrats qui visent un rééquilibrage des contrats et de préserver les intérêts des pays. 

 

MOR AMAR 

Section: 
CRISE POLITIQUE AU MALI : Le limogeage de Choguel Maïga, symbole des fractures au sein de la junte
RÉSULTATS PROVISOIRES DES LÉGISLATIVES : La suprématie de Pastef confirmée
PR. ALIOU THIONGANE - CADRE PASTEF MATAM : ‘’La restructuration du parti s’impose à Matam’’
Moustapha Diakhaté convoqué
THIÈS : La coalition Pastef rafle toutes les 15 communes
ASSEMBLÉE NATIONALE : Le projet de loi de finances pour 2025 finalisé dans les prochains jours
MARCHÉS DE L’ARACHIDE : L’État cherche un consensus  
Pikine
LÉGISTATIVES 2024 : Unité égarée : L'échec des coalitions de l'opposition
LÉGISLATIVES À MÉDINA YORO FOULA ET À VELINGARA : Pastef obtient 15 081 voix, soit plus de 53 % des suffrages
LÉGISLATIVES EN MAURITANIE ET EN AFRIQUE DU NORD : La razzia de Pastef et le faible taux de participation
LÉGISLATIVES 2024 : Les leçons du Pr. Madior Fall
LÉGISLATIVES À MÉDINA YORO FOULA ET À VELINGARA : Pastef obtient 15 081 voix, soit plus de 53 % des suffrages
RECENSEMENT DES VOTES À OUSSOUYE : L’ampleur de la razzia dévoilée  par la commission départementale
Zoom sur quelques rescapés de l'ancienne majorité
GOSSAS - VICTOIRE ANDU NAWLE/LA MARCHE DES TERRITOIRES : La fausse surprise Adama Diallo
MATAM : Pourquoi Pastef n'a pas gagné
SAINT-LOUIS : RÉSULTATS PROVISOIRES LÉGISLATIVES : Pastef/Les patriotes caracole en tête dans la région Nord
Résultats officiels
ZIGUINCHOR : Les premières tendances très largement favorables au Pastef