La société civile appelle à la vigilance
En prélude à la rencontre de la société civile ouest africaine des 12 et 13 février à Dakar, l’Ong Enda-Cacid appelle les populations ouest-africaines à rester vigilantes après l’accord passé entre la Cedeao et l’Union européenne sur les APE.
Suite à l’accord partiel signé entre la Cedeao et l’Union Européenne, le Centre africain pour le commerce et l’intégration économique (Enda–Cacid) invite les «populations de l’Afrique de l’Ouest à la vigilance» concernant les Accords de partenariats économiques (APE) qui doivent être entérinés par le Comité ministériel de suivi des APE (CMS), le 17 février prochain. ‘’Cet accord vient clore un chapitre de négociations qui a débuté il y a plus d’une décennie. Les groupes de négociations africaines réunies le 20-24 janvier dernier ont décidé de signer un accord à minima (marchandise et développement) sur les APE, pour libéraliser les échanges entre l’Europe et l’Afrique de l’Ouest ; ce qui va ouvrir son marché à hauteur de 75% pendant 20 ans. Cette ouverture concerne 95% des marchandises sur une durée de 15 ans’’, explique Cheikh Tidiane Dièye, directeur d’Enda-Cacid.
Même si cet accord n’est pas des meilleurs pour les intérêts ouest-africains, il a permis d’éviter l’implosion de la Cedeao, car le Ghana et la Côte d’Ivoire qui n’ont pas un accès privilégié au marché européen, puisqu'étant hors groupe des pays les moins avancées (PMA), ont déjà signé les APE en 2008. Ils menacent de mettre en application leur accord intérimaire dès octobre 2014, d’où la nécessité de trouver un compromis pour l’APE régional.
A ses yeux, cet accord va permettre de mettre en pratique le Programme APE pour le développement (PAPED), un compromis ayant été trouvé pour 6,5 milliards d’euros, mais aussi des clauses de sauvegarde pour lutter contre les subventions à l’exportation afin de protéger notre marché, réplique-t-il.
Toutefois, cette libéralisation des échanges ne se fera pas de manière sauvage, prévient-il. ‘’Si les droits de douane vont baisser pour les produits d’investissement (5%) et les intrants agricoles (10%), ils demeureront cependant élevés pour les produits semi transformés ou totalement transformés (35%) afin de protéger notre économi'', dit-il.
En revanche, pour le directeur d’Enda∕Cacid, ce compromis ne doit pas détourner du vrai objectif qui demeure l’intégration économique de la Cedeao, seul moyen d’assurer le développement sous régional, en favorisant l’essor d’un marché dynamique de plus 300 millions de personnes.
Quelques dates importantes... 2003 : L'accord de Cotonou signé entre l'Union européenne et les États d'Afrique, Caraïbes et Pacifique (ACP) entre en vigueur avec pour objectif de rétablir les équilibres macro-économiques, et d'abolir de manière progressive et réciproque les entraves aux échanges commerciaux avec les accords de partenariat économique (APE). 2008 : La Côte d’ivoire puis le Ghana signent un accord intérimaire avec l’Europe sur les APE, le Sénégal et le Nigeria opposent leur veto au projet. 2009 : Signature d’un accord final avec ces deux pays puis poursuite des négociations avec les autres membres de la Cedeao. 2014 : Accord partiel sur les APE entre l’Union européenne et la Communauté des Etats de l'Afrique de l’Ouest à Bruxelles. |
Mamadou Makhfouse Ngom