Le spectre de la session unique plane sur la tête des étudiants
Deux semaines après les troubles à l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD), c’est le début d’une reprise. Mais celle-ci risque d’être de courte durée puisque les étudiants réclamant le ''Master pour tous'' sont toujours sur le qui-vive et une mesure concernant la session unique est en phase d’être appliquée dans certaines facultés.
Deux pick-up remplis de GMI font face au bâtiment du COUD et veillent au grain. Policiers et étudiants se croisent dans les allées du campus social et se regardent en chiens de faïence. Telle est l’ambiance matinale qu’offre le campus de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. A quelques mètres de là, au campus pédagogique de la faculté des sciences économiques et de gestion (FASEG), le climat est beaucoup plus animé et jovial. Les étudiants ont repris les cours.
Pour le délégué Samsdine Aïdara, reprendre les enseignements est une urgence dans la mesure où beaucoup de temps a été perdu. Il renseigne que leur souci est d’abord relatif à la présence des GMI au sein du campus social, ensuite à la possibilité de faire une session unique. ''Nous sommes en train de voir avec l’administration comment éviter une session unique après tout le retard engrangé'', révèle-t-il.
A la faculté des sciences juridiques et politiques (FSJP), l’information selon laquelle il y aura une session unique a été officialisée et confirmée par l’assesseur. Les étudiants quant à eux espèrent que cette mesure sera revue. Leonard Nzale, membre du collectif des étudiants de la FSJP, de révéler qu’ils sont en train de discuter avec les autorités facultaires pour trouver des solutions.
En attendant de revoir cette mesure, les amphis sont bondés de monde et les enseignements se font de manière sporadique. ''La semaine passée, il y a eu des étudiants qui empêchaient leurs camarades de faire cours, mais aujourd’hui (NDLR: Lundi 16 juin) les cours se déroulent normalement'', affirme M. Nzale qui cache mal son inquiétude de voir des troubles resurgir.
Autre faculté, autre problème! L’oisiveté a fini de gagner les étudiants de la Fac des lettres et sciences humaines où les études sont perturbées depuis presque deux mois. Les salles de TD sont devenues des espaces où se rencontrent les étudiants pour discuter ou bien se reposer à l’image de Ndèye Niang, étudiante en licence Anglais trouvée dans une salle en train de somnoler. Elle explique : ''Les étudiants réclamant le‘’Master pour tous’’nous empêchent de faire cours. Ils nous suivent même en dehors de l’université.''
Mame Mody Diop, un des coordonnateurs du collectif des étudiants ''Master pour tous'' de confirmer que chaque jour, lui et ses camarades font le tour des établissements et facultés susceptibles de recueillir les étudiants de la fac de lettres pour les empêcher de faire cours. ''Nous allons même dans les lycées comme De Lafosse et Kennedy pour sortir les étudiants qui font cours là-bas. Nous demandons aux proviseurs de ces différents établissements de ne pas les accueillir'', dit-il.
Par ailleurs, Mame Mody Diop soutient que le Master pour tous est un droit absolu et qu’on ne peut pas refuser à un Sénégalais d’être admis en Master alors qu’il a une licence classique et non professionnelle. Il renseigne qu’ils sont en phase de négociation avec le ministre de l’Enseignement supérieur et qu’ils le verront demain (NDLR: Aujourd’hui) pour la troisième fois. ''Nous avons commencé ce combat avec dignité, nous comptons bien le continuer avec abnégation et volonté et nous le finirons bien avec honneur'', conclut-il.
Par Seydina Bilal DIALLO