Publié le 7 Jun 2013 - 10:41
APRÈS LA MISE SOUS ADMINISTRATION JUDICIAIRE DE DPW DAKAR

Sall et Bin Sulayem arrondissent les angles

 

C'est à bord d'un jet privé que le Chairman de Dubaï Port World est allé rejoindre Macky Sall à Paris pour chercher explications à la mise sous administration judiciaire provisoire de DPW Dakar par la justice sénégalaise. Après entretien, les deux hommes semblent s'être retrouvés sur la même ligne, même si l'objectif du Sénégal est de couper le lien ombilical liant DPW Dakar à une société offshore des Îles Vierges.

Le Président Macky Sall a reçu en audience, ce jeudi à Paris, le Sultan Ahmed Bin Sulayem, Chairman de DPW. La relation d’affaires entre le Sénégal et DPW a été réaffirmé par le chef de l’Etat, qui prône de revoir le contrat tout en appelant à un accroissement des investissements.

La mise sous administration provisoire de DPW Dakar par la Commission d’instruction de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI), révélée en exclusivité par EnQuête cette semaine, avait suscité chez les Dubaiotes une certaine frénésie. La colère du sultan Ahmed Bin Sulayem est vite retombée et le sens des affaires a vite repris le dessus. Ce qui fait que le grand boss de DPW a embarqué dans un jet privé pour aller rencontrer le président de la République du Sénégal, Macky Sall, à Paris, où ce dernier séjournait. A l’issue de l’audience que le chef de l’Etat a accordée au sultan, des déclarations ont été faites de part et d’autre pour dire que les relations entre DPW et le Sénégal vont continuer, que le contrat les liant allait être revisité et que des investissements vont être programmés pour les prochaines années, avec de nouvelles orientations.

«Je réaffirme notre présence au Sénégal. Beaucoup de choses ont été dites, mais DPW et le Sénégal vont bel et bien poursuivre leur coopération d’affaire. Le chef de l’Etat (Macky Sall) m’en a donné l’assurance. D’ailleurs, nous avons décidé d’accroître le volume de nos investissements, conformément aux directives du chef de l’Etat», dira le sultan Ahmed Bin Sulayem, le premier à s’exprimer après le tête-à-tête entre les deux hommes.

A la suite du sultan, Chairman de DPW, le Président Macky Sall a réitéré la poursuite du partenariat entre la société dubaiote et le Sénégal. «Nous avons échangé sur les relations contractuelles entre DPW et le Sénégal. Il y a eu beaucoup d’agitations et même de confusions dans notre relation, mais entre DPW et le Sénégal, il n’y a pas de problème», soutiendra le président de la République. Langage diplomatique, puisqu’il reconnaîtra aussitôt que «le seul problème, c’est dans le cadre du contrat».

Et à ce sujet, le chef de l’Etat annoncera qu’il y a déjà une évaluation qui se fait et qu’il a «mis en place une commission entre le ministère du Budget, le Port et eux-mêmes» (DPW), pour voir éventuellement ce qui peut être fait pour améliorer leur présence et le contrat qui les lie au Sénégal.

Ceci dit, le Président Macky Sall ajoute que «pour le moment, ils sont au Sénégal et ils continuent à travailler, car ce sont des relations d’affaires entre DPW et le Sénégal. «Je les invite à poursuivre leur travail et surtout à nous présenter un plan d’investissements pour l’avenir. Je soutiens leur présence et il ne s’agit pas de les faire partir du Sénégal.»

Les choses sont donc bien claires, le Sénégal et DPW vont poursuivre leurs relations d’affaires, mais le contrat qui les lie va être revisité par les parties. L’objectif, même s’il n’est pas nettement exprimé, c’est de couper le cordon ombilical qui lie DPW Dakar à cette société offshore basée aux îles Vierges britanniques, qui en détient les 80% et qui appartiendrait à Karim Wade poursuivi et incarcéré pour enrichissement illicite.

Pour le Sénégal, il s'agit de faire preuve de transparence dans ce dossier, tout en préservant de bons rapports avec Dubaï Port World, 3e groupe portuaire mondial, ce qui n’est pas négligeable, en particulier au regard de sa puissance financière. D’autant que les investisseurs sont très regardants sur le sort que les pays réservent à leurs devanciers sur le terrain.

 

GASTON COLY

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