Ousseynou Diop meurt sans parents, comme un clochard...
Ousseynou Diop, un septuagénaire, cuisinier de son état, est mort le 20 novembre à Nouakchott à la suite d’une maladie qu’il traînait durant quelque temps. Vivant seul dans une baraque située dans une maison en chantier au cœur du quartier chic de Tevragh-Zeina, non loin de de l’ambassade du Sénégal, il a été inhumé par les services de l'ambassade sénégalaise avec le soutien de certains compatriotes.
Triste fin. Ousseynou Diop, 70 ans environ, vivait seul dans une baraque à Nouakchott. Éloigné de ses compatriotes et isolé de ses voisins, ce vieux Sénégalais a longtemps séjourné en Mauritanie. Marié à une Mauritanienne avec qui il a eu deux enfants à Nouadhibou, il serait venu dans ce pays depuis 1976 comme l’indique un carnet de vaccination trouvé par devers lui. Ces enfants sont aujourd’hui, selon certaines informations, des adultes vivant au Sénégal. Il se serait séparé d’eux depuis maintenant 15 ans. D’ailleurs, sa fille unique porte le nom de sa sœur, Ndèye Astou Diop.
Lorsqu’il est tombé malade, Ousseynou Diop a été interné dans un état comateux le 13 novembre dernier à l’hôpital national de Nouakchott par Souleymane Sow, le chargé des affaires sociales de la communauté sénégalaise, avec l'aide précieuse du Dr Cheikh Tidiane Thiongane, un Sénégalais bien introduit dans les milieux médicaux en Mauritanie. Selon les médecins, il souffrait de plusieurs maladies combinées. Un tableau difficile à expliquer, selon eux !
Selon toujours son entourage, le vieux Diop était éloigné des siens depuis plusieurs années. Personne ne lui rendait visite et il ne rendait visite à personne. Un mystère pour tout le monde, notamment les sénégalais établis sur place. Ce vieil homme faisait le linge pour des tiers en contrepartie de rémunérations assimilées par beaucoup de gens à des miettes. Il était loin d'être riche ! A l’hôpital, c’est Souleymane Sow qui lui donnait de la nourriture et prenait en charge ses ordonnances avec l’appui du Dr Thiongane dont la pharmacie se trouve en face de la structure hospitalière.
«Ex-habitant de Fass Delorme»
Après un séjour de 4 jours à l’hôpital, il semblait guéri, et était même retourné dans sa bonne vieille baraque, visiblement convalescent. Cette baraque, selon toujours nos informations, aurait été érigée pour lui par un ancien ministre mauritanien dont nos sources ont préféré garder l’anonymat. C’est après quelques jours qu’il a rechuté et est décédé ce 20 novembre chez lui. Depuis sa maladie et jusqu’à sa mort, aucun parent encore moins une connaissance à lui ne s’est signalé.
Pourtant, en pleine maladie, il avait donné quelques indications sur ses attaches à Dakar : ancien habitant du quartier de Fass Delorme, un frère dénommé Souleymane Diop qui résidait à la rue 22 X Goumalo. Aux dernières nouvelles, sa famille serait maintenant à Fass Mbao, dans la banlieue dakaroise.
L’ambassade du Sénégal a ordonné son inhumation en prenant en charge les frais y afférents avec la solidarité des sénégalais. Une histoire qui rappelle bien d’autres drames auxquels nos compatriotes peuvent être confrontés, surtout dans un pays où ils vivent depuis très longtemps sans retourner au bercail.
I. Badiane