«Ce qui manque aux start up sénégalaises...»
Spécialiste en entrepreneuriat-business planning, Audra Shallal estime que ''tous les ingrédients sont là pour avoir un bon écosystème entrepreneurial, mais ils ne sont pas connectés comme il faut''. ''C'est comme un patchwork, dit-elle, toutes les parties prenantes ne travaillent pas tous ensemble.''
De ce fait, la ''bonne vague de jeunes entrepreneurs au Sénégal qui sont dans les dispositions de lancer leurs propres affaires'' auront beaucoup de mal à réussir dans cet environnement des affaires.
Professeur d'université de nationalité américaine, Shallal est la directrice exécutive d'une société internationale spécialisée dans le management stratégique. Elle a joué un rôle-clé dans le lancement du MENA-OECD Investment Programme, une plate-forme ayant pour vocation de réunir les entrepreneurs, les investisseurs (business angels, private equity, venture capital, etc.), les organismes de recherche et les responsables politiques pour promouvoir le financement de l'entrepreneuriat et réduire le déficit des fonds propres.
Hier au cours d'une conférence de presse organisée à l'Ambassade des États-Unis, le spécialiste a relevé l'importance pour les start up sénégalaises qui démarrent d'entrer en contact avec des incubateurs, des accélérateurs, en plus de s'approcher des gouvernants qui doivent mettre en place des fonds d'investissement et des fonds d’innovation.
''Dans certains pays (comme en France), les business angels ont le support du gouvernement. (…)'' Toutefois, cela ne suffit pas pour que ça marche, il faut du ''menturing et du coaching'' pour bien préparer le dossier, avant de rencontrer un groupe d'investisseurs.
Banques frileuses
''Au Sénégal, beaucoup de jeunes entrepreneurs sont intéressés par les plates-formes. Je pense qu'il faut bien travailler sur les business angels d'abord'', préconise Audra Shallal. ''Ici, les banques n'accordent des prêts qu'à des entreprises qui sont bien établies''. Ce qu'elle trouve normal, étant donné que les banques utilisent l'argent des autres et que miser sur une start up comporte des risques.
Néanmoins, elle pense que ''les banques doivent travailler sur comment garantir les crédits. Elles doivent s'informer sur les démarches des start up et être moins frileuses dans certains domaines''.
Par ailleurs, certaines PME sénégalaises ont du mal à grandir et à passer un cap. Pour cela, Audra Shallal invite entrepreneurs, investisseurs, organismes de recherche et responsables politiques à s'unir pour voir comment minimiser le coût du gap dans les différents financements. Il faut aussi aller vers une régionalisation, avec un réseau en Afrique de l'Ouest.
Audra Shallal est au Sénégal pour quelques jours. Après Dakar où elle a visité des business school, elle compte se rendre à Thiès et à Saint-Louis.
Gaston COLY