L’Afrique ‘’riz’’
Le continent africain va trouver un acquéreur de sa production si elle atteint l’autosuffisance en riz. Pour le Dr Papa Abdoulaye Seck, il ne doit pas y avoir de craintes pour l’Afrique pour l’exportation de son riz, car les pays de l’Asie seront bientôt importateurs de cette denrée alimentaire.
L’Afrique est l’avenir du monde pour la production rizicole. C’est la conviction du ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural, le Dr Papa Abdoulaye Seck. Ce dernier, qui participait hier à une table ronde sur les nouveaux mécanismes de financement de l’agriculture africaine, appelle tous les pays du continent qui disposent de conditions favorables à opter pour l’autosuffisance rizicole et l’exportation. Depuis plusieurs années, les pays d’Asie du sud sont les champions en matière d’exportation de riz. L’essentiel du riz qui entrait dans le continent provenait de ces pays. Mais la donne va bientôt changer parce que l’Asie commence à perdre de sa superbe.
Le Dr Seck ajoute même que ‘’de brillants scientifiques ont démontré que d’ici 2020, l’Asie du sud-est risque d’être un continent importateur de riz’’. Cette occasion, les pays africains ne doivent pas la laisser passer. ‘’Il nous faut doper la production rizicole africaine et avoir l’ambition d’exporter du riz en Asie’’, a appelé Pape Abdoulaye Seck à ses homologues de Madagascar, du Burkina Faso, de la Tanzanie… qui étaient présents au deuxième jour de la Conférence de haut niveau sur l’agriculture et l’agroalimentaire en Afrique, ouverte depuis mercredi à Diamniadio.
Réduire de moitié les pertes post-récoltes
Depuis quelques années, les pays africains qui dépendent fortement du riz se sont fixé un nouvel objectif : atteindre l’autosuffisance. Le Sénégal est dans ce lot. L’objectif est ambitieux, mais il est réalisable, d’après les intervenants. Avec 1,6 million de tonnes de riz paddy, le Sénégal couvre entièrement les besoins de son marché. Cependant, Pape Abdoulaye Seck appelle ses pairs africains à travailler dans la conservation. Beaucoup de tonnes de riz sont perdues faute de conservation. Partageant une étude de chercheurs de l’Institut africain de recherches rizicoles, il indique que la conservation de la production a un impact plus significatif que l’augmentation de la production.
Sur un autre registre, cette table ronde a été une occasion pour les ministres de l’agriculture présents de partager leurs expériences en matière de développement de l’agriculture dans leurs pays respectifs. L’Afrique doit trouver de nouveaux mécanismes pour financer son agriculture, dit le ministre malgache de l’agriculture. Pour Rolland Ravatomanga, les pays africains doivent essayer d’appliquer une ristourne sur les différents produits collectés : maïs, sorgho…
Cette expérience, que la grande Ile de Madagascar a expérimenté, ‘’est une source de financement non négligeable’’. En outre, Ravatomanga appelle les différents gouvernements à mettre en place un fonds de garantie pour les prêts accordés par les banques. Cette garantie doit couvrir au minimum 10 à 20% du prêt accordé aux producteurs. Pour avoir une agriculture développée, l’Afrique doit régler la problématique de la transformation et de l’accès au marché, conseille le Directeur de cabinet du Premier ministre de la Côte d’Ivoire. D’après M. Koffi, si ces deux paramètres sont réglés, l’agriculture pourra se libérer. En plus, il suggère la mise en place d’infrastructures de commercialisation mais aussi la facilitation de l’accès au marché sous régional.
ALIOU NGAMBY NDIAYE