Publié le 23 Jun 2015 - 11:48
AUTORITES EPINGLEES PAR L’IGE

Les raisons de n’avoir pas peur

 

On prend les mêmes et on recommence. Comme à l’accoutumée, le présent rapport de l’Inspection générale d’Etat (IGE) fait couler beaucoup d’encre. Et comme d’habitude, cette montagne de réprobations devrait accoucher d’une souris. La suite à ne pas donner à la publication de ce document devrait rassurer les mis en cause.

 

Les hommes passent, les institutions demeurent. Les pratiques de la mal gouvernance aussi. Le rituel est désormais bien ancré dans le calendrier de l’administration publique. Chaque année, les services dirigés actuellement par François Colin présentent le rapport de l’Inspection générale d’état (IGE) au président de la République. S’ensuit un traitement particulier par la presse, qui commente les fautes de gestions lourdes des agences et directions épinglées. Les unes des journaux d’hier étaient ponctuées de qualificatifs qui en  disaient long sur la gravité des faits. Tout comme cela a été le cas l’année d’avant et l’année qui l’a précédée. Malgré ce courant d’indignation justifiée et généralisée que suscite la destination anonyme de ces sommes faramineuses, les suites accordées à ces affaires laissent à désirer. Pis, après ce pic fiévreux, ces affaires se dégonflent comme une baudruche. Les agences épinglées ainsi que leurs dirigeants ne sont pas inquiétées malgré les fautes.

Qu’est-il advenu de toutes les révélations scandaleuses intervenues en 2013 et celles de l’année passée ? Rien ! L’exemple d’impunité la plus tangible est offert par les révélations du rapport 2013 des mécomptes du ministre de l’Energie Samuel Sarr. Non content de son rôle dans l’acquisition de 40 véhicules de luxe lors du sommet de l’Organisation de la conférence islamique (OCI), se faisant rembourser près de 4 milliards, il a été également épinglé dans l’affaire d’une cargaison de pétrole frelaté.

Le rapport de cette année (2013) faisait état d’une partie d’une cargaison de pétrole brut, reçue à partir du Nigeria, que la Société africaine de raffinage (SAR) avait acquise auprès d’un fournisseur choisi sur instruction de l’ancien ministre de l’Energie. Mais dans les faits, cette cargaison était, en fait, constituée de plus de 1 500 m3 d’eau d’après une analyse  de l’expert Cheikh Faye. La SAR était parfaitement au courant de cette duperie et, malgré cela, a accepté de payer, au fournisseur l’intégralité de la facture représentant la totalité de la cargaison.

De ce fait, la société a perdu, dans cette seule opération, plus de 9 milliards de francs CFA comprenant la valeur de l’eau achetée au prix du pétrole brut à laquelle sont venues s’ajouter d’autres pertes (commerciales, frais d’immobilisation du cargo avant déchargement, intérêts bancaires, etc.), sans égard pour les désagréments techniques et autres retards enregistrés dans la production d’énergie. Cette affaire gravissime est pourtant passée par pertes et profits. Comme l’a été celle de l’ancien ministre de l’Economie maritime. Khoureyci Thiam a causé au trésor public sénégalais un manque à gagner et un préjudice financier incontesté de plus de 11,6 milliards de francs CFA. Ce montant constitue le fruit des conditions illégales de délivrance des autorisations de pêche en 2010 et 2011, du non-versement de la redevance avancée et du non-contrôle des captures et des débarquements, lesquels ont des relents de forfaiture, de concussion, de corruption et de fraude, selon le rapport de l’Ige de 2013.

’L’administration viole ses propres règles’’

Le régime de l’actuel président n’est pas moins nanti. La gouvernance sous Macky s’inscrit dans la même dynamique de s’affranchir des règles de gestion. A la présentation du rapport 2014, le vérificateur général de l’IGE François Colin avait dénoncé ‘‘la nomination de certains secrétaires généraux de ministères, qui ne sont pas des fonctionnaires de la hiérarchie A, alors que la réglementation régissant cette matière l’exige. On en arrive paradoxalement à des situations où l’administration viole ses propres règles’’, avait-il déclaré.  Quoi qu’il en soit, le présent rapport (celle de 2015) liste une série de forfaitures d’agences publiques et parapubliques à hauteur des précédents écarts.

Un préjudice de 9 milliards subi par l’Etat dans le projet ‘Cœur de Kaolack’ ; un néant de 3,1 milliards à la Redevance pour le développement des infrastructures aéroportuaires (RDIA) ; des tractations douteuses de l’ordre de 3,3 milliards à l’Agence de l’informatique de l’Etat (ADIE)...pour ne citer que celles-là, viennent étoffer une palette déjà fournie de manquements annuellement reportés par l’IGE. Un pied de nez à la bonne gouvernance, à la transparence de l’administration des deniers publics dont se prévalent les autorités. La suite à donner à ce rapport n’a aucune raison de déroger à la règle des précédents déjà institués.

OUSMANE LAYE DIOP

 

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