Publié le 7 Feb 2018 - 14:32
BLACK HISTORY MONTH

Selma, un film au-delà de Martin Luther King

 

Dans le cadre de la célébration du Black history month, le centre de recherches ouest africain a projeté hier un film sur Marthin Luther King. ‘’Selma’’ dure 2h et est sorti en salle en 2014.

 

Des films sur le leader africain américain et homme d’église Marthin Luther King, il y en a eu beaucoup ; ce qui peut décourager ceux qui seraient invités à voir ‘’Selma’’, un film américano-britannique de la réalisatrice Ava Du Vernay sorti en salle en 2014. On se dirait que c’est un énième film sur Dr King (incarné ici par David Oyelewo). Une grande aberration, même si le synopsis le réduit à la seule lutte du leader noir. ‘’Selma est le récit des évènements historiques ayant eu lieu dans la ville (puis sur la route entre Selma et Montgomery), qui ont été dénommés les marches de Selma à Montgomery. Notamment, le film représente le rôle qu’a joué Martin Luther King’’, informe la note de présentation du film qui a été projeté hier au centre de recherches ouest africain (Croa ou Warc en langue anglaise). Seulement, cette pellicule va au-delà. Elle montre tous ceux qui ont pris part à la lutte pour les droits civiques des Américains noirs. Même Malcom X y est montré à un instant.

La réalisatrice fait découvrir des visages importants. Si elle y montre subrepticement le rôle joué par Coretta ou Corrie pour son mari, la femme de Marthin Luther King dans la réussite des combats de son mari, elle montre la part des femmes, de manière générale dans ce combat. Et si au long de sa création, elle parle de ‘’droits civiques’’, on perçoit plus une lutte pour le droit de vote des Noires dans le sud des USA après l’abolition de la Ségrégation séparant Blancs et Noirs par le Civil Right Act de 1964. Amélie Cooper, interprétée par Oprah Winfrey qui fait partie de ceux qui ont financé d’ailleurs ce film, va une énième fois au centre d’état civil pour s’inscrire sur les listes et avoir le droit de vote. Des questions lui sont posées sur la Constitution des USA. Elle récite sans faille le préambule de cette dernière. Donne le nombre de juges qu’il y a dans sa contrée, qui sont 67. Et on lui demande de donner les noms de ces derniers. Elle bute sur cette question et se voit refuser une fois encore son droit de vote. Pourtant, légalement elle a ce droit. Vous l’avez imaginé, on ne demanderait pas à un Blanc de passer par un tel test. Cela n’est qu’une restriction pour contrer la communauté noire. Car aux USA, les Shérifs, les juges, sont tous élus et les jurés sont tirés au sort parmi les électeurs. Donner le droit de vote aux Noirs leur permettrait d’accéder à toutes ces sphères de décision, alors qu’en 1965, aux USA, le Ku klux klan était commanditaire aux USA de beaucoup d’assassinats.

Des meurtres restaient impunis et les meurtriers qui étaient arrêtés finissaient toujours par être acquittés. Dans l’Etat de Selma, les populations faisaient face à cette insécurité, ces abus et humiliations. Un mouvement de jeunes y mène un combat contre toutes ces injustices sans vraiment pouvoir s’imposer. Marthin Luther King vient alors leur prêter main forte. Dans ce fait réside un autre intérêt de ce film. On a connu, à travers des documentaires et autres créations, un Dr King maître de la parole, un orateur hors pair. Ici, on nous le montre sous une facette nouvelle : Un Marthin Luther King au cœur de l’action. Il organise la révolte des jeunes Américains, prône la non-violence et incarne l’humilité. ‘’Ne répondez pas à la violence. Ne ripostez pas’’, leur disait-il. Parce que son slogan à lui est : ‘’Nous négocions, nous manifestons, nous résistons’’. D’où ces rencontres avec le Président des USA. Mais il ne reculait pas. Il savait ce qu’il voulait pour sa communauté. Son interlocuteur a beau essayer de le convaincre d’attendre un peu pour qu’une loi effective sur le vote soit promulguée, il a dit niet. Le combat a été dur. Des gens ont été tués, blessés mais ils ont tous tenu. Même si par moments leur leader a failli, s’est trompé ou était découragé. Il a su maintenir les troupes et mener la bataille. Car malgré tout, il croyait à son rêve.

‘’Nous pouvons le faire et nous devons le faire. Il est inacceptable qu’avec plus de 50% de Noirs à Selma, on nous dise que moins de 2% d’entre eux peuvent voter. Nous n’attendrons pas davantage. Cela mérite de marcher, d’être blessé, de faire de la prison’’, disait-il dans un passage à la foule. Ce qui a motivé jeunes, vieux, adolescents et enfants. Tous y ont pris. A un moment, ils sont même arrivés à faire adhérer des Blancs à leur combat, quand ils ont décidé de marcher de Selma à Montgomery et que l’autorité s’y est opposée.

Grâce à une couverture médiatique neutre, des comptes rendus fidèles des évènements, le gouvernement a commencé à avoir peur. La mort d’un prêtre venu soutenir les manifestants aggrave la situation. Durant le procès, il démontre que des militaires s’en sont pris à des citoyens désarmés à qui la Constitution permettait de marcher pacifiquement. Le droit de marcher de Selma à Montgomery, auquel le Président s’était opposé, leur est alors accordé.  Suivra l’accord du droit de vote pour tous les citoyens avec élimination de toutes les restrictions dans tous les Etats.

L’histoire racontée ici date de longtemps. Mais le décor ne nous plonge pas dans des décors rustiques. Loin de là. 

BIGUE BOB

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