Doumbouya et ses acolytes encourent des peines de 6 mois à 5 ans de réclusion criminelle
Ils étaient au nombre de dix à faire face, hier, aux de la Chambre criminelle du tribunal de Dakar. Mamadou Doumbouya et ses coaccusés, suspectés d’être mêlés à divers cambriolages perpétrés dans des maisons huppées de Dakar et au palais de justice, ont eu l’occasion de s’expliquer, quatre ans après les faits.
Entre 2017 et 2018, des cambriolages ont été perpétrés dans certaines localités de Dakar, notamment aux Maristes, à Ouakam, à Fann et à Ngor. Les malfaiteurs ciblaient des villas de luxe et ne laissaient rien sur leur passage. Plus de 32 millions de francs CFA ont été emportés par les cambrioleurs. Même le tribunal de Dakar n’a pas été épargné.
C’est à la suite des plaintes datant du 24 avril et du 15 juillet 2018 que les agissements du gang ont pris fin. En effet, la Sûreté urbaine a été saisie de ces deux plaintes relatives à des cambriolages aux domiciles des commerçants chinois Zhu Peng et Li Qiang. Plus de 14 millions de francs CFA avaient été emportés. Mais grâce aux images des caméras de surveillance de l’immeuble, les nommés Serigne Cheikh Dia et Mamadou Doumbouya ont été identifiés comme étant les auteurs du vol. Et c’est grâce à un informateur anonyme qu’ils ont pu obtenir l’adresse de ce dernier qui se trouve sur l’avenue Lamine Guèye. Un transport effectué à son domicile a permis aux enquêteurs de saisir la somme de quatre millions de francs CFA dissimulée dans son armoire. Son père, entendu, révélait que Doumbouya s’est réfugié au Mali, quand il a appris qu’il était recherché.
Le témoignage de la petite amie de Mamadou Doumbouya et les premières arrestations
C’est l’interrogatoire de Bineta Ndiaye, fiancée de Mamadou Doumbouya, qui a permis d’obtenir plus de détails sur cette affaire. Elle a expliqué que ce dernier était le serrurier assistant de Serigne Cheikh Dia et que les deux travaillaient pour le compte du père de Dia au palais de Justice de Dakar où ils avaient d’ailleurs eu à voler des ordinateurs, des disques durs externes et divers objets. Elle a révélé que Mamadou Doumbouya alias ‘’Papis’’ l'a battue et poussée du 3e étage d'un immeuble, lui causant ainsi deux mois de coma.
Durant sa convalescence, elle a appris que des Chinois avaient été victimes de cambriolages commis par son petit ami Serigne Cheikh Dia, l'agent de police Évariste Ndecky et le gendarme auxiliaire Pape Samsidine Sagna. Elle a d'ailleurs identifié Mamadou Doumbouya alias ‘’Papis’’ supportant le coffre-fort et Serigne Cheikh Dia conduisant le scooter sur les images de la caméra de surveillance qui lui ont été montrées. Elle a allégué que le sieur Doumbouya lui avait causé la perte d'un œil et une paralysie des membres. Sa plainte, déposée à la Brigade de recherches de Dakar, n'a rien donné à cause des interventions du nommé Sagna auprès des gendarmes en disant, en outre, que les sieurs Sagna et Diakhaté, sur demande de Mamadou Doumbouya alias ‘’Papis’’, l’ont assistée lors de ses déplacements à l’hôpital.
En poursuivant les investigations, les flics sont parvenus à mettre la main sur 10 personnes. L’agent de police Évariste Ndecky est parvenu à prendre la fuite et un mandat d’arrêt a été décerné contre lui.
Si Doumbouya et deux de ses acolytes sont en détention depuis 2018, les autres concernés, dont sa sœur et son oncle, ont bénéficié d’une liberté provisoire.
Doumbouya accable ses coaccusés à l’enquête et les disculpe devant le juge
Ils ont tous comparu hier, à la barre de la Chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar. Tous les accusés, à l’exception de Doumbouya, ont contesté les faits. En effet, celui-ci a cité Serigne Cheikh Dia, Alioune Diakhaté, Pape Abdoulaye Faye et Saer Mbengue à tort. À l’en croire, il a impliqué Dia dans l’affaire, parce qu’il avait une dent contre lui. S’agissant des autres, il les a mentionnés comme étant ses complices, parce qu’il a été torturé par les enquêteurs. Néanmoins, il a pris la responsabilité d’avouer quelques cambriolages.
Selon lui, il n’a volé que cinq millions de francs CFA. Et pour justifier son acte, il a évoqué l’accident de sa copine qu’il prenait en charge. ‘’Chaque semaine, je devais débourser plus de 500 mille francs CFA pour ses soins médicaux. À un certain moment, je n’avais plus de ressources. C’est ainsi que j’ai commencé à commettre des vols dans certains endroits de la capitale’’, a-t-il reconnu.
Sa sœur Marème Doumbouya et son oncle ont contesté avoir gardé une partie de l’argent volé. À l’époque de la saisine des 4 millions dans leur domicile, ils avaient des arriérés de location. Son oncle, quant à lui, renseigne qu’il a refusé de prendre le sachet rempli d’argent qu’il a voulu lui confier.
Pour sa part, Serigne Cheikh Dia, très affecté par cette situation, a regretté d’avoir été cité dans cette affaire à cause du différend qui l’a opposé à son ami. Ses biens saisis, il a informé avoir fructifié ses avoirs grâce à son commerce.
Pour avoir acheté un ordinateur volé, Baye Pathé Niang est tombé dans les mailles des filets des flics. Lors de la fouille de son domicile, un faux billet de 10 mille francs CFA et une arme ont été saisis. Pour sa défense, il a déclaré que ce billet de banque, il l’a déchiré et que l’arme à feu appartenait à son père décédé depuis 2010. Maguèye Wade, pour sa part, a déclaré qu’il ignorait l’origine frauduleuse de l’épave de l’ordinateur qu’il a achetée auprès de Doumbouya.
De son côté, le gendarme auxiliaire Samsidine Sané a affirmé que c’est huit mois après l’arrestation des autres qu’on a procédé à son interpellation. ‘’J’aurais pu prendre la fuite comme l’agent de police. Je n’ai rien à me reprocher. Doumbouya, je l’ai connu au tribunal. Après, je n’ai plus eu de ses nouvelles jusqu’à son arrestation par les éléments de Faidherbe’’, a-t-il soutenu.
Des peines de six mois à cinq ans de réclusion criminelle requises contre les accusés
Malgré leurs dénégations, Mamadou Doumbouya, Samsidine Sané, Serigne Cheikh Dia et Pape Abdoulaye risquent cinq ans de réclusion criminelle, si le juge suit le réquisitoire du parquet. S’agissant des autres, ils encourent des peines allant de six mois à un an d’emprisonnement ferme.
À l’exception de l’avocat de Mamadou Doumbouya qui a sollicité une application bienveillante de la loi, les conseils des autres accusés ont demandé l’acquittement pour leurs clients.
La décision sera rendue le 4 juillet prochain.
MAGUETTE NDAO