Un rapport pointe une décennie des ''extrêmes''
La première décennie du 21e siècle a été la plus chaude jamais observée depuis la mise en place des systèmes modernes de relevés vers 1850, selon un rapport climatique de l’Organisation météorologique mondiale (OMM). Retour sur les fluctuations d’un climat en dégradation.
La décennie 2001-2010 a été marquée par l’intensité des phénomènes climatiques et météorologiques extrêmes. ''9 des années de cette décennie comptent parmi les dix plus chaudes jamais enregistrées'', souligne le rapport de l’Organisation météorologique mondiale (OMM). Un rapport intitulé : ''Le climat dans le monde 2001-2010 : Une décennie d’extrêmes climatiques''.
Le record de ce réchauffement est détenu par l’année 2010, qui présente une anomalie positive de la température moyenne de 0,54°C par rapport à la normale de référence (14,0°C), suivie de près par 2005. L’année la moins chaude est 2008 avec une anomalie positive estimée à 0,38°C. Il n’en demeure pas moins qu’elle est la plus chaude des années à ''Niña'' (appellation d'un phénomène de courant côtier saisonnier climatique chaud au large du Pérou et de l'Équateur, par opposition à El Niño) jamais constatée.
+0,7°C en Afrique
En Afrique, chacune des années de la décennie a été caractérisée par des températures supérieures à la normale. Les anomalies les plus fortes ont été relevées au nord de l’équateur. Au sud de l’équateur, elles se situent dans une fourchette comprise entre +0,5 et +1°C en Afrique du Sud, en Angola, au Botswana, à Madagascar, en Namibie et au Zimbabwe. Pour l’ensemble du continent, la valeur médiane des anomalies décennales de la température est de +0,7°C.
L'étude de l’OMM révèle aussi que ‘’la décennie 2001-2010 est par ailleurs la plus chaude qui ait été enregistrée quand l’on considère les températures relevées uniquement à la surface des terres, ou celles relevées à la surface des seuls océans’’. C’est en 2007 que la moyenne des températures enregistrées à la surface des terres a été la plus élevée, accusant une anomalie de +0,95°C par rapport à la normale de la période 1961-1990. En 2003, la température moyenne a été la plus élevée à la surface des océans, l’anomalie positive atteignant 0,4°C. Un état de fait qui rejoint les conclusions des spécialistes du changement climatique qui prévoient que le réchauffement sera plus lent à la surface des océans qu’à la surface des terres. ''Cela se justifie par le fait que le réchauffement est transféré pour une bonne part dans les profondeurs marines ou éliminé par évaporation'', lit-on dans le rapport.
Un réchauffement en hausse
Il est à noter que considérées séparément, la plupart des régions du monde ont connu elles aussi des températures supérieures à la normale pendant la décennie en question, surtout en 2010, année où les records ont été battus de plus de 1°C par endroits. Une large majorité des pays qui ont répondu à un questionnaire de l’OMM ont indiqué qu’ils avaient connu la décennie la plus chaude de leur histoire. Dans beaucoup de pays et de régions de grande taille, la température moyenne de la décennie 2001–2010 a accusé une anomalie positive supérieure à 1°C par rapport à la période 1961–1990. Le rapport indique aussi que les précipitations ont été supérieures à la normale, notamment en 2010, où tous les records précédents ont été battus.
En outre, cette décennie est marquée par des phénomènes climatiques et météorologiques intenses. Par exemple, il a été mentionné la vague de chaleur qui a frappé l’Europe en 2003, les inondations de 2010 au Pakistan, l’ouragan Katrina aux États-Unis d’Amérique, le cyclone Nargis au Myanmar et les longues sécheresses qui ont sévi dans le bassin de l’Amazone, en Australie et en Afrique de l’Est. La plupart de ces phénomènes et tendances s’expliquent par la variabilité naturelle du système climatique. Aussi, l’augmentation des concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère a également des répercussions sur le climat. De nos jours, l’un des principaux défis auquel sont confrontés les chercheurs consiste à déterminer les rôles respectifs de la variabilité du climat et des changements climatiques d’origine anthropique, a souligné le rapport.
Urgence
Selon les chercheurs de l’OMM, il est essentiel et urgent, pour le bien-être des populations et le développement durable, de comprendre le climat de la planète et l’évolution de la température, des précipitations et des phénomènes extrêmes. Ils concluent ce rapport en soutenant que ''la surveillance de la cryosphère dans une perspective à long terme s’impose désormais comme une priorité absolue, tant pour la recherche sur le climat que pour la compréhension des conséquences concrètes de la fonte généralisée de la neige et de la glace''. Ainsi, grâce à une meilleure compréhension de la variabilité de la cryosphère (portions de la surface de la Terre où l'eau est présente à l'état solide), il sera également possible d’améliorer la qualité des projections relatives à l’élévation du niveau de la mer. Cela permettra de rationaliser l’aménagement des zones côtières. ''A mesure que progressent l’observation, la modélisation et la connaissance scientifique du système climatique, les spécialistes seront mieux à même de fournir aux décideurs des informations toujours plus utiles'', indique le rapport. Cela présentera un intérêt certain pour la coopération internationale mise en œuvre au titre de la Convention-cadre des Nations-Unies sur les changements climatiques et du Cadre mondial pour les services climatologiques.