Publié le 22 Nov 2024 - 19:06
CONCERTATIONS NATIONALES SUR L'EAU ET L'ASSAINISSEMENT

Trois jours pour régler définitivement les problèmes

 

Les concertations nationales sur l’eau et l’assainissement ont démarré, hier, avec l’objectif de dresser un diagnostic participatif du secteur de l’eau, de l’assainissement et de la gestion des ressources en eau, afin de proposer des stratégies optimales pour une prise en charge durable des objectifs sectoriels de développement, comme c’est le cas avec l’initiative des autoroutes de l’eau.

 

Kaolack, la capitale du Saloum, abrite, depuis hier, et pour trois jours, les concertations nationales sur l'eau et l'assainissement. Venu présider cette rencontre, le ministre de l'Hydraulique et de l'Assainissement a expliqué que ces concertations se déroulent dans un contexte temporel certes particulier, mais bien choisi. Selon me Dr Cheikh Tidiane Dièye, le monde est en train de sortir d’un contexte national et international marqué, entre autres, par des inondations violentes, entraînant parfois des pertes humaines, comme cela a été le cas ces derniers jours avec la situation au sud de l’Europe.

‘’Chez nous, a-t-il ajouté, la ville de Touba a également subi les manifestations rudes d’un hivernage particulièrement pluvieux, avec son lot d’inondations. Des situations calamiteuses ont également été notées dans les parties nord et sud-est, où les dernières semaines ont été marquées par des crues exceptionnelles sur les bassins versants des fleuves Sénégal et Gambie. Les conséquences ont été lourdes sur les plans économique, environnemental et sociosanitaire’’, peint-il.

Mais devant ce tableau affligeant, il se dit convaincu que derrière chaque épreuve se cachent en réalité une ou plusieurs opportunités. Or, cette rencontre se tient au moment où le régime vient de décliner sa nouvelle vision d’une nation souveraine, juste et prospère. ‘’Ce nouvel agenda national de transformation confirme heureusement une grande priorité accordée à l’eau dans presque toutes ses dimensions sociales, économiques et écosystémiques. L’eau aura un rôle moteur dans les ambitions de garantir la souveraineté alimentaire et environnementale ainsi que dans la forte réduction des inégalités sociales’’, souligne le ministre.

Les autoroutes de l’eau

En effet, explique-t-il, jusqu’à leur avènement au pouvoir, les différents référentiels en matière de développement économique et social n’avaient pas suffisamment intégré les risques pesant sur les ressources en eau comme une éventuelle contrainte au développement. Or, affirme-t-il, ‘’la sécurité de l'eau est la disponibilité d'une quantité et d'une qualité d'eau acceptables pour satisfaire les besoins de la santé, des moyens de subsistance, des écosystèmes et de la production associés à un niveau acceptable de risques liés à l'eau pour les personnes, l’environnement et l’économie. C’est pour cette raison que nous voulons assurer l’accès à l’eau potable pour tous en tant que droit humain fondamental, mais aussi garantir la disponibilité optimale de l’eau pour divers usages productifs, en particulier pour l’agriculture, qui concentre près de 90 % des prélèvements d’eau, sans oublier la protection et la restauration des écosystèmes’’.

Dans la mesure où, si le Sénégal regorge de grandes potentialités en eau, il existe des contraintes de qualité de certaines ressources en eau souterraines, renseigne M. Dièye. Il souligne qu’ils sont obligés d’innover et de changer de paradigme dans leurs stratégies de mobilisation. ‘’D’où la grande initiative des autoroutes de l’eau pour arroser tout le pays avec une eau en quantité et en qualité suffisante afin de promouvoir le nexus Eau-Énergie-Environnement-Alimentation-Écosystèmes comme socle pour un développement durable’’, indique le ministre.

Le Dr Cheikh Tidiane Dièye rappelle que les transferts d’eau comprennent le grand transfert du lac de Guiers vers le triangle Dakar-Mbour-Thiès incluant la ville de Touba, le transfert d’eau du lac de Guiers vers le Ferlo ainsi que les transferts interbassins avec trois branches allant du fleuve Gambie (barrage de Sambangalou), de la Koulountou et de Bakel vers le bassin arachidier jusqu’à Thiès, et les transferts d’eaux souterraines de l’axe Malem Hoddar-Sadio.

S’agissant des projets de valorisation, il cite les aménagements des bassins du Nanija Bolong, du Baobolong, de Djikoye, des trois marigots, des mares de Bakel, entre autres. ‘’Ces grands projets, renseigne le Dr Dièye, nous permettront, à terme, de faire face aux réels problèmes de qualité physico-chimique dans certaines zones du pays, notamment le bassin arachidier et la zone du sud-est où la présence de concentrations de fluorure, de chlorure, de salinité ou encore de fer dépasse les normes de l’OMS, sans compter la pollution par des pesticides et des métaux lourds dans certaines eaux de surface comme le lac de Guiers ou la Falémé’’.

Ceci est d’autant plus nécessaire que même si des avancées majeures ont été enregistrées dans ce sous-secteur, l’assainissement au Sénégal souffre d’un manque de ressources financières suffisantes pour assurer des investissements massifs et durables ainsi que l’exploitation et l’entretien corrects des infrastructures de collecte et de traitement des eaux usées domestiques, des excrétas et des eaux pluviales. ‘’Cette situation structurelle rend impérative la mise en place d’un nouveau modèle économique et technique pour la gestion du service public de l’assainissement’’, souligne le ministre.

Gestion des eaux pluviales et lutte contre les inondations

La problématique de la gestion des eaux pluviales a aussi été abordée, hier. Le ministre de l'Hydraulique et de l'Assainissement fait remarquer qu’elle devient de plus en plus complexe avec des épisodes d’inondations qui se multiplient, amplifiés par les effets des changements climatiques. Ceci, en dépit des efforts qui ont été consentis pour réaliser plusieurs ouvrages à travers les interventions de plusieurs acteurs, dont les principaux sont l’Onas, la DPGI, l’Ageroute, l’Apix…

Ce qui fait dire au Dr Cheikh Tidiane Dièye qu’il faut anticiper sur l’après-usage des gros volumes d’eau qui seront mobilisés dans le cadre de ces transferts et adopter une approche plus globale basée sur la durabilité.

De ce fait, s’agissant de la lutte contre les inondations, renseigne le Dr Dièye, l’accent sera mis sur la connaissance du risque et la nouvelle dynamique sera plus anticipative, avec des efforts mutualisés, en accordant une grande place à l’homme, conformément à l’appel des plus hautes autorités à l’investissement citoyen.

‘’En matière de gouvernance institutionnelle, des résultats satisfaisants ont été enregistrés dans la délégation de la gestion du service public de l’eau en milieu urbain. Des performances moindres sont toutefois notées, pour ce qui concerne le milieu rural. L’évaluation de la réforme de l’hydraulique rurale a certes fait ressortir plusieurs préoccupations légitimes des acteurs, sans occulter les efforts réels faits par l’Ofor et des délégataires privés pour améliorer la qualité du service’’, constate le ministre Dièye. Le ministre évoque plus de concertations avec les différents acteurs pour lever ensemble les contraintes au passage à l’échelle.

Ainsi, ‘’en matière de gestion intégrée des ressources en eau, nous avons l’obligation impérieuse de définir un nouveau cadre légal, institutionnel et organisationnel plus conforme aux grands défis qui se dressent devant nous pour l’atteinte des Objectifs de développement durable ainsi que des objectifs du nouvel agenda national. Nous avons réussi à bâtir un nouveau référentiel en termes de planification des ressources en eau. Il faudra maintenant le rendre opérationnel, mais surtout le mettre en harmonie et en soutien à la démarche territoriale adoptée dans le cadre de la nouvelle vision de développement articulée autour des pôles’’, indique le ministre.

À ses yeux, son secteur aura certes besoin d’investir beaucoup dans des infrastructures résilientes, mais aussi d’innover dans les technologies, le financement, la recherche et la formation ainsi que dans la régulation où une avancée significative a été enregistrée avec l’aménagement du cadre institutionnel pour la mise en place d’une haute autorité de régulation du secteur de l’eau (HARSE). D’autant que ‘’l’objectif global des concertations nationales sur l’eau et l’assainissement est de dresser un diagnostic participatif du secteur de l’eau, de l’assainissement et de la gestion des ressources en eau, afin de proposer des stratégies optimales pour la prise en charge durable des objectifs sectoriels de développement’’.

CHEIKH THIAM

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