Dakar abrite une conférence internationale de deux jours sur le rôle des mouvements sociaux  en Afrique de l'Ouest. Une occasion de passer au peigne fin les mille et une facettes de la société civile. 

Quel avenir pour les mouvements sociaux en Afrique de l’Ouest ? C’est pour apporter des éléments de réponse à cette question d’actualité que la Fondation Rosa Luxembourg tient une conférence internationale de deux jours à Dakar. Cela fait suite à une étude réalisée dans cette dynamique en 2013 par un groupe de chercheurs qui tirent également le rideau sur les mille et une facettes de la société civile. 

En effet, dans la note parvenue à EnQuête, les initiateurs font comprendre que ‘’contrairement à l’image idyllique d’une ''société civile'' qui sert de contre-pouvoir à un État autoritaire et oppressif, plusieurs contributions ont montré que les organisations dites de la ''société civile'' n’œuvrent pas toujours dans le sens du renforcement de la démocratie et de l’unité nationale'.

Bien souvent, poursuit le texte, ''la société civile est une arène où les luttes partisanes sont déplacées. Quand ses acteurs ne sont pas cooptés par le pouvoir, ils peuvent parfois servir de porte-voix à des revendications régionalistes, ethniques ou religieuses''.

Par ailleurs, le projet de recherche, présenté aujourd’hui, plonge aussi dans la réalité des mouvements sociaux.  Qui ''ne sont pas nécessairement des mouvements populaires et n’ont pas le même potentiel en termes de transformation sociale''.

Pour les auteurs ‘’les luttes pour garantir les droits des ''minorités'' (femmes, handicapés, etc.) et les luttes pour améliorer la ''gouvernance'' (respect de la Constitution, lutte contre la corruption, etc.), si elles sont importantes, ne permettent pas fondamentalement de changer le système en vigueur, système dont ils approfondissent la logique''. 

De même, les luttes corporatistes, qu’il s’agisse des syndicats, des étudiants, des enseignants, des agents de santé, etc., ne peuvent fournir un contre-projet tant qu’elles restent étriquées et confinées dans une perspective sectorielle, à en croire les auteurs de l’étude sur les mouvements sociaux en Afrique de l'Ouest.

 Enfin, conclut le document, ''les luttes prolétariennes (contre la cherté de la vie, l’accaparement des terres, etc.), même si elles ont un plus grand potentiel en termes de transformation sociale et ont souvent débouché sur des gains appréciables à court-terme, demeurent limitées dans leurs effets tant qu’elles ne sont pas articulées à un projet de transformation sociale de long terme''. 

Il est prévu, à l’issue de cette conférence de deux jours, la mise en place d’un réseau de recherche sur les mouvements sociaux en Afrique de l’Ouest ainsi que l’identification de perspectives de recherche future.

Matel BOCOUM