Publié le 25 Jun 2024 - 15:48
SUSPENSION DE LA PRODUCTION ET DES VENTES DE FARINE

Le gouvernement déclare la guerre aux meuniers

 

Le gouvernement a mis en garde et a fermement condamné la déclaration de l'Association des meuniers industriels du Sénégal qui a annoncé, hier matin, l'arrêt de la production et des ventes de farine boulangère. Il a relevé des pratiques commerciales douteuses et entend mener des missions de vérification au niveau des minoteries.

 

Pour soulager les populations, le gouvernement du Sénégal s’est engagé avec toutes les parties prenantes dans une dynamique inclusive de réduction des prix des produits et services de grande consommation, notamment le riz, le sucre, l’huile de palme, la farine de blé, le pain, le ciment, les engrais et les télécommunications.

À la grande surprise de tous, hier matin, au cours d’une conférence de presse sur les Assises de l'entreprise organisée par le Conseil national du patronat, l'Association des meuniers industriels du Sénégal (Amis) a déclaré qu'elle allait suspendre la production et les ventes de farine boulangère.

En réponse, le gouvernement a publié une déclaration dans l'après-midi pour condamner fermement cet acte inattendu.

En effet, les autorités rappellent à l'association que la détermination des nouveaux prix de la farine de blé résulte d’analyses techniques rigoureusement fondées sur une structuration des prix adossée à l’évolution des coûts du marché international ainsi qu’à l’actualisation des autres charges.

Selon elles, "il ressort des analyses effectuées par les services compétents qu’il existe des écarts très importants sur les coûts d’approvisionnement des meuniers, avec des prix coût, assurance et fret (Caf) pouvant varier entre 241 euros (158 000 F CFA) et plus de 300 euros (196 000 F CFA) la tonne, ce qui pourrait s’interpréter comme des surévaluations de charges au profit de leurs sièges sociaux ou une minoration des résultats d’exploitation".

Cette situation, selon le gouvernement, "reflète des pratiques commerciales douteuses assimilables à des actes anormaux de gestion. À titre d’illustration, l’entreprise Les Grands Moulins de Dakar (GMD), dans le cadre d’une importation, a chargé dans un même bateau une cargaison de blé, en même temps qu’une autre minoterie, avec des coûts d’achat auprès du même fournisseur largement supérieurs".

Ainsi, il est indiqué que, sur la période de mars à juin 2024, "il apparait qu’un éventuel manque à gagner sur les stocks de farine ne dépasserait pas 225 F CFA par sac de 50 kg sur la base d’un cours d’achat jugé conforme. Sur la base des cours à terme du blé pour une livraison à fin septembre 2024, les calculs font ressortir un coût du sac de farine aux alentours de 15 200 F CFA, soit un manque à gagner de 982,52 F CFA par sac de 50 kg au maximum, largement inférieur à la subvention budgétisée par l’État, soit 1 645 F CFA par sac".

Sous ces considérations, le gouvernement met fermement en demeure les meuniers de poursuivre les activités de production de farine, dans le respect des prix nouvellement arrêtés. À défaut, le gouvernement prendra toutes ses responsabilités, sans exclure aucune option, afin d’assurer l’approvisionnement correct et régulier du marché. Des évaluations sont en cours pour prendre en charge les préoccupations liées aux stocks.

Enfin, les autorités insistent sur le fait qu’au regard des pratiques commerciales douteuses susmentionnées, l’État entreprendra des missions de vérification au niveau des minoteries.

Dans la même veine, le gouvernement a rappelé que les meuniers ont été reçus d’abord par le Premier ministre le 17 mai 2024. La délégation comprenait des représentants de GMD, FKS, NMA, Olam, Sedima et MDS. Ils ont ensuite été reçus par le ministre de l’Industrie et du Commerce le 19 juin 2024.

Concernant les boulangers, le gouvernement a souligné que des rencontres se sont tenues avec les services de la primature ainsi qu’avec ceux du ministère chargé du Commerce.

À l’issue des travaux, des mesures de baisse des prix ont été annoncées et validées lors de la réunion du Conseil national de la consommation tenue le vendredi 21 juin 2024, en présence de deux cents participants.

FATIMA ZAHRA DIALLO

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