Hillary Clinton promet une génération "sans sida"
La secrétaire d'Etat Hillary Clinton s'est engagée lundi à ce que les Etats-Unis fassent émerger une génération "sans sida", devant les représentants de 190 pays regonflés par l'espoir de débarrasser le monde d'une pandémie qui a fait 30 millions de morts en 30 ans. Sous les applaudissements nourris de l'auditoire de la 19e conférence internationale sur le sida à Washington, Mme Clinton a aussi annoncé plus de 150 millions de dollars de financement supplémentaire pour lutter contre la maladie. "Imaginez le jour où nous ne serons plus frappés par cette terrible épidémie et par les coûts et les souffrances qu'elle nous impose depuis bien trop longtemps", a lancé la chef de la diplomatie américaine, assurant de "l'engagement des Etats-Unis pour qu'émerge une génération sans sida".
Cette conférence internationale sur le sida s'est ouverte dimanche et doit s'achever vendredi avec quelque 25.000 participants de 190 pays animés par l'espoir d'une nouvelle mobilisation mondiale contre le sida, dont le virus VIH affecte 35 millions de personnes sur la planète. Cette "génération sans sida" que Mme Clinton appelle de ses voeux --ce qu'elle avait déjà fait en novembre-- signifie qu'"aucun enfant, où qu'il soit, ne devra naître porteur du virus", que "plus les gens vieilliront, moins ils risqueront d'être contaminés" et que "ceux qui le seront devront être soignés pour ne pas contaminer les autres". "Oui, le sida demeure incurable. Mais il ne doit plus être une condamnation à mort", a encore proclamé la secrétaire d'Etat.
Concrètement, elle a annoncé une assistance financière des Etats-Unis.
Dans le détail, le département d'Etat a précisé que 80 millions de dollars viendraient contribuer aux travaux sur la protection des femmes enceintes, de leurs bébés et de leurs partenaires. Quelque 40 millions de plus seront destinés aux programmes de l'Afrique du sud sur la circoncision volontaire pour quelque 500.000 personnes l'an prochain. Enfin, des recherches sur les populations à risque seront financées par Washington à hauteur de 35 millions de dollars.
97% des personnes contaminées dans des pays pauvres
Dans un communiqué, l'organisation Médecins sans frontières (MSF) a salué "l'engagement des Etats-Unis" contre la pandémie tout en réclamant que "tous les donneurs reprennent leurs financements afin de toucher la moitié des patients qui n'ont pas accès aux traitements dont ils ont besoin de manière urgente". Le président français François Hollande a de son côté affirmé lundi que la France poursuivrait sa participation au Fonds mondial contre le sida, en la diversifiant grâce à des "financements innovants", dans un message adressé par vidéo. Les chercheurs estiment que l'arsenal thérapeutique actuel permet d'envisager d'en finir avec l'épidémie, qui fait encore 1,5 million de morts chaque année. Cet espoir a été renforcé par de récents résultats d'essais cliniques montrant que les antirétroviraux réduisent fortement le risque d'infection des personnes séronégatives ayant des relations sexuelles à risque.
Des progrès importants ont été accomplis selon les derniers chiffres de l'Onusida: plus de huit millions de personnes contaminées prenaient des antirétroviraux fin 2011 dans les pays pauvres, notamment en Afrique subsaharienne, région la plus touchée. Mais ce nombre record ne représente encore que 54% des 15 millions de personnes infectées qui en ont besoin. Environ 35 millions de personnes --dont 97% vivant dans les pays pauvres-- sont contaminées par le virus du sida. C'est la première fois depuis 22 ans que cette grande conférence biennale mondiale sur le sida a lieu aux Etats-Unis. Ils avaient interdit en 1990 l'entrée de séropositifs sur leur territoire, une mesure levée en 2009 par le président Barack Obama.
Nouvel Obs