La Suisse partage son expertise avec les francophones de la Cedeao
Une des plaques tournantes du blanchiment d'argent, la Suisse veut prévenir ce phénomène transfrontalier en partageant, sous l'égide du GIABA, son expérience des techniques d'investigations financière et aux procédures d'entraide judiciaire en matière de recouvrement des avoirs illicites avec les pays francophones de la Cedeao.
La criminalité financière et le blanchiment d'argent sont deux menaces réelles qui ont fini de prendre forme en Afrique de l'Ouest. Une zone en proie à la nouvelle menace du terrorisme, où «prédomine» également une économie informelle, constituant ainsi un ''terreau fertile'' pour la criminalité financière reconnue comme un grave fléau. D'où l'importance du séminaire de formation aux techniques d’investigation financière et aux procédures de l’entraide judiciaire internationale. Il s'est ouvert hier sous la coordination du juge Suisse Daniel Dumartheray, reconnu comme «un grand spécialiste en la matière», avec une brochette également suisse de magistrats, analystes financiers, procureurs et experts de l'entraide judiciaire.
Y prennent part trois experts par pays francophones de la Cedeao à savoir, un procureur, un juge d’Instruction et le magistrat affecté à la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF), sous l'égide du Groupement intergouvernemental d'action contre le blanchiment d'argent (GIABA) avec le concours de la Suisse.
Considérée comme un véritable paradis fiscal, la Suisse s'est engagée dans la lutte contre la criminalité financière tant au plan national qu'international. Elle «a un intérêt fondamental à ce que des valeurs patrimoniales d'origine criminelle ne soient pas investies dans sa place financière si elle veut en préserver la crédibilité et les performances, compte tenu de l'importance du secteur financier pour l'économie nationale», a soutenu l'ambassadeur de Suisse au Sénégal, Muriel Berset- Kohen.
Législation stricte
Selon la diplomate, son pays s'est doté d'un arsenal de lois et de procédures pour réprimer le blanchiment d'argent et la corruption à travers une des législations les plus strictes du monde. «Si malgré ces multiples mesures de précaution, des avoirs présumés illégitimes sont identifiés en Suisse, a-t-elle souligné, ils sont restitués à leur pays d'origine après qu'une procédure judiciaire a établi leur origine criminelle.» Ce dispositif de restitution, devenu un pilier important de la politique suisse de lutte contre les fonds d'origine criminelle, a ainsi permis de restituer 1,7 milliard de francs suisses ces 15 dernières années (environ 9 mille milliards de francs Cfa).
Pour le directeur adjoint du Giaba, le Dr Élisabeth Ndèye Diaw, la compréhension de ces mécanismes et techniques permettra d'assurer la mise en œuvre effective et efficace d'une vraie politique dans ce sens. Le but recherché est de «couper les criminels de toute possibilité, d'une part, de ravitaillement en biens, fonds et avoirs, équipements et tout autre produit leur permettant ou facilitant la perpétration de leurs actes terroristes», a expliqué Mme Diaw. D'autre part, il est, contre les blanchisseurs, «(...) de les couper de toute possibilité de profiter en toute impunité de leurs fonds illicites une foi blanchis, et surtout de pouvoir les appréhender et sanctionner», a-t-elle ajouté.
ANTOINE DE PADOU