Publié le 21 Oct 2024 - 11:04
Débordements d’eaux douces (fleuve, lacs,…) dans le monde

Quelles mesures préventives ?

 

1. Contexte

L’eau c’est la vie. Ceci fait que pour chaque lieu d’eau douce ou marine de surface, les populations vivent à côté pour y mener des activités du secteur primaire, secondaire, tertiaire voire de loisirs. Des parties de villes ou de pays sur pilotis existent dans le monde avec des maisons de populations et infrastructures surplombant l’eau. Ces localités de villes ou de pays sont des endroits touristiques et n’ont ni route, ni véhicule sur les lieux mais des ponts et moyens de déplacements adaptés sur l’eau douce ou marine. Donc l’être humain cohabite pacifiquement dans la durée avec l’eau de différentes manières. Mais il arrive que des eaux de fleuves quittent momentanément mais très malheureusement leurs lits pour créer des inondations, des catastrophes hydriques suite à des lâchers d’eau de barrages ou autres.

Face à ces crues comme présentement au Sénégal, il est nécessaire de mettre en place des mesures préventives. Par mesures préventives, nous entendons mesures préventives primaires (actions avant événement ou catastrophes ), secondaires (actions après survenue du problème pour éviter précocément le développement de l’évènement ou de la catastrophe en réduisant sa durée ou progression ), tertiaires (actions après survenue du problème, éviter les complications ,réduire la chronicité du problème) voire quaternaires (actions après survenue du problème, en accompagnant  d’une manière acceptable dans la chronicité même irréversible du problème).

Pour des crues de fleuve, il faudra des préventions secondaires, tertiaires et quaternaires car même si le fleuve rejoint son lit normal, il faudra gérer des inondations de localités dans des cuvettes ou étant en dessous du fleuve, il faudra gérer des pertes ou détériorations de biens et autres problèmes sérieux. Heureusement dans tous les pays du monde, les autorités administratives, locales et les populations font ou feront face.

Ainsi nous allons nous appesantir davantage sur des mesures préventives primaires donc des actions avant la survenue des événements, des catastrophes dus à des crues de fleuves. Ceci parce que la prévention primaire permet de s'attaquer aux causes profondes d’un évènement. 

Pour ce faire, nous allons nous appuyer d’abord sur des mesures de lutte contre l’érosion côtière et la submersion marine. Pour s’adapter ou réduire le risque des submersions marines et des érosions côtières, Castelle (2024) donne quatre (04) solutions consistant à mettre en place des :

-ouvrages de défense : lutte active avec des digues de protection et autres ;

-mesures dites "souplesˮ qui accompagnent les processus naturels : gestion des dunes, rechargement de plages, … ;

-solutions fondées sur la nature : restauration des écosystèmes littoraux (marais locaux par exemple) ;

-replis stratégiques : relogements des populations pour qu’elles ne soient pas exposées à la submersion marine et à l’érosion côtière.

Parmi les mesures défensives, nous citons un exemple concret de la ville Rufisque au Sénégal qui bénéficie d’une pause de gros galets (pierres) sur une grande partie de sa côte .Ceci est, aussi, une mesure défensive contre l’érosion côtière et la submersion marine. La vaillante ville de Rufisque a fait même un beau quai de pêche adapté à la submersion marine et à l’érosion côtière car étant sur pilotis.  Mais la commune de Bargny, contiguë à cette ville de Rufisque, qui n’a pas encore fait une mesure collective de défense comme la pause de galets ou autres voit des biens (maisons et autres biens) jouxtant sa côte de ses braves habitants progressivement détruits. A Bargny il est, pour le moment, faute de moyens, seulement, appliqué une mesure stratégique, à saluer, le relogement de populations dans un zone dénommée Bargny ville verte. Ainsi, pour les érosions côtières et submersions marines comme pour les débordements d’eau de fleuve, plusieurs mesures sont à combiner.

2. Mesures préventives notamment primaires et d’autosuffisance alimentaire

2.1. Mesures défensives

- Maintenir l’eau du fleuve dans son lit naturel ou habituel en élevant ou rehaussant des quais ou berges donc des digues, désherbage,… et autres actions tout en facilitant aux populations l’accès au fleuve (escaliers, pontons,…)

-Connaitre la quantité ou le volume d’eau de crue du fleuve par localités touchées en appliquant, par exemple, la formule enseignée par les illustres instituteurs et institutrices : SXH=V soit, pour notre présent problème épineux, Surface inondée (S) X Hauteur (H) d’eau de crue=Volume (V) d’eau de crue pour chaque localité inondée

-A partir de ce volume d’eau de crue, voir s’il faut, suivant les localités touchées, faire des bassins de rétention pour accueillir les eaux de crue ou d’inondations ou des lacs artificiels ou s’il faut faire un tuyau d’évacuation de ces eaux dans un autre milieu non exposé pour valorisation .Un pays a eu à transférer de l’eau douce d’un point à un autre de son territoire.

-Comme avec les parties de  villes ou de pays sur pilotis dans le monde, avoir, dans les zones inondables  des magasins individuels ou collectifs  de stockage de denrées alimentaires, des ponts, des tentes et autres infrastructures protégés des crues du fleuve (construction sur pilotis, de fondations surélevées, murs de protection surélevés,…) de même des moyens de déplacements gratuits comme des pirogues

-Ne plus avoir des greniers proches du sol inondable. A défaut d’un magasin collectif non inondable avoir des greniers protégés des crues (surélevés, sur pilotis, sur les terrasses des maisons,..).

- Par principe de précaution, même avec des digues, les populations exposées devront toujours tenir compte des éventualités de crues d’un fleuve ou d’inondations de pluies : «le risque zéro n’existe pas» dit-on

-Etc.

NB. Pour le cas du Sénégal, les mesures pouvant affecter l’autre rive pourraient être faites en synergie avec le pays concerné et avec l’appui de l’OMVS et autres acteurs.   .

2.2. Mesures stratégiques 

-Reloger rationnellement les populations exposées aux crues de fleuve ou en zone inondable

-Avoir des lieux d’élevage collectifs des animaux non exposés aux crues des fleuves, aux inondations

-Avoir des coopératives dans les zones agricoles inondables ou pas. En France, les coopératives agricoles jouent un rôle déterminant dans la souveraineté alimentaire, dans la résilience par la mise en commun de moyens pour faire faire aux risques tous azimuts et augmenter les revenus des adhérents voire développer la RSE, la RTE.

-Etc.

2.3. Mesures dites "souples qui accompagnent les processus naturels 

 -Recharger les berges de sable et autres matériaux

-Faire contribuer des aménagistes, des paysagistes

-Etc. 

2.4. Solutions fondées sur la nature

-S’il existe, faire de l’agriculture adaptée aux crues

- Planter, en terres fermes inondables et en période de décrue, des arbres grands consommateurs d’eau

-Privilégier les cultures de décrue dans les zones inondables. Par exemple l’arboriculture. Pour El Ali Haïdar (tel que cité dans APS, 2024, 26 août) :« L’arboriculture est un facteur déterminant pour l’atteinte de l’objectif d’autosuffisance alimentaire»

-Etc.

2.5. Benchmarking ou échanges d’expériences

-Visiter les pays et structures ou populations vivant avec des crues de fleuve. Le Fleuve de la Seine en France fait plus de 1700 km et celui du Sénégal plus de 770 km

- Visiter des localités de villes ou pays sur pilotis

-Etc.

2.6. Alertes précoces hydriques des structures compétentes

-Partager davantage, dont avec la presse nationale comme locale et en langues locales, ces alertes sur les crues de fleuve, sur la pluie qui sont des intrants pour mieux décider

-Tenir compte des prévisions météorologiques bien avant le début de l’hivernage  

Pour le Sénégal, cette présente contribution est aussi une proposition dans le cadre de la « Vision « Sénégal 2050 » » qui a besoin d’une appropriation nationale. Vivement pour des élections législatives 2024 apaisées au Sénégal ! Toute élection doit être une fête démocratique car ce sont les électeurs et électrices   souverains qui expriment librement leur intime souveraineté. Ce qui garantit une résilience contre les crus de fleuve.

Assane SECK (Seckane)

Retraité seckassane66@gmail.com 

Technicien supérieur en Génie sanitaire,

Ingénieur Technologue en Génie sanitaire)

Master Professionnel en Environnement

(Option Chimie de l’Environnement)

Master 2 en BioToxicologie

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