Diomaye agacé par le propos de Sarré

Elle a eu un effet trash du côté de la présidence de la République, la dernière incartade en date du ministre porte-parole du gouvernement Amadou Moustapha Njekk Sarré, à propos du décès de l’ancien et dernier argentier du régime de Macky Sall.
Prenant part, le 17 mars, à une rencontre politique avec la Jeunesse patriotique du Sénégal (JPS), mouvement affilié au Pastef, Sarré s’est laissé aller à des commentaires critiques sur la gestion des finances publiques par l’ancien régime. ‘’Ils ont menti sur les chiffres. Ils ont menti également aux partenaires. L'ancien ministre Moustapha Ba était le premier à être reçu par le président de la République et par son Premier ministre pour leur dire que les chiffres n'étaient pas exacts’’, a martelé le ministre ‘’pastéfien’’ qui prolonge ainsi le débat controversé autour du rapport de la Cour des comptes sur la gestion 2019-mars 2024 de l’équipe de Macky Sall.
Et dans un exercice de rapprochement douteux de deux circonstances, Moustapha Sarré est revenu sur le décès de Moustapha Ba, en suggérant de réactiver le dossier. ‘’Il a été tué dans des conditions troubles’’, avance Sarré, ajoutant qu’’’il faut que l'on cherche à comprendre ce qui s'est passé avec le décès de Moustapha Ba’’.
Face à l’indignation ainsi provoquée, Sarré a tenté de rectifier le tir. ‘’Soyons clairs : comme tout citoyen, j’ai le droit de m’interroger sur des faits marquants de notre actualité, sans pour autant faire d’affirmations. Ceux qui veulent faire diversion pour éviter les débats de fond sur la gouvernance et l’avenir du pays se fatiguent en vain’’, écrit-il sur son mur Facebook. Las !
Ces déclarations filmées et devenues virales sur les réseaux sociaux ont suscité le tollé dans l’opinion. L’Alliance pour la République (APR), moteur de l’ancien régime, a vigoureusement réagi à travers son Secrétariat exécutif national (Sen). Lequel a publié, le 20 mars, un communiqué à charge : ‘’C’est avec une vive émotion que les membres du Sen ont pris connaissance des propos graves tenus par Amadou Moustapha Njekk Sarré, ministre porte-parole du gouvernement.
En affirmant publiquement que Mouhamadou Moustapha Ba aurait avoué un maquillage des chiffres avant d’être tué, M. Sarré ajoute à l’arc de l’irresponsabilité une corde de l’indignité (…) Compte tenu de la gravité des accusations portées, le Sen demande au procureur de la République de convoquer immédiatement M. Sarré pour une audition, afin qu’il apporte les preuves de ses déclarations.’’ L’APR note qu’en décembre dernier, des propos similaires avaient valu au journaliste Adama Gaye une convocation, un placement en garde à vue, une inculpation et un procès avant d’être relaxé par le tribunal.
Pour leur part, Maitres El Hadj Moustapha Diouf et Amadou Aly Kane, avocats de la famille de feu Moustapha Ba, ont dénoncé une déclaration ‘’irresponsable’’ et exigé que son auteur soit ‘’immédiatement entendu dans le cadre de l’enquête ouverte sur les circonstances de cette disparition’’.
Du côté du palais de la République, il nous revient que son locataire, le président Bassirou Diomaye Faye, a peu goûté à la sortie de son ministre. Le chef de l’État aurait vivement exprimé sa réprobation sur des propos concernant une affaire aussi sensible que tragique aussi bien pour l’illustre disparu que pour sa veuve, sa famille, ses amis et proches.
AMADOU FALL