Veillée d’armes chez les états-majors des coalitions et partis politiques
Le Sénégal se prépare à vivre un scrutin électoral décisif lors des élections législatives anticipées du 17 novembre 2024. Au cœur de cette bataille se trouvent 41 listes validées par la Direction générale des Élections (DGE), qui a dévoilé hier lundi 7 octobre les formations en lice. Parmi les partis et coalitions en compétition, on compte notamment les coalitions Takku Wallu Sénégal (TWS), Jamm ak Njarin, Samm sa Kaddu et le parti au pouvoir, Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef). Ces formations, bien que représentatives de diverses sensibilités politiques, convergent toutes vers un objectif commun : gagner une majorité à l’Assemblée nationale pour influencer la politique sénégalaise des prochaines années.
Dans un contexte où près d’une cinquantaine de partis, coalitions et entités regroupant des indépendants avaient soumis leurs dossiers de candidature, six d’entre eux ont vu leurs dossiers rejetés. Les raisons évoquées incluent des listes incomplètes ou des dossiers ne respectant pas les critères de validité exigés par la commission de vérification de la DGE.
Parmi les formations impactées, on retrouve la coalition Takku Wallu Sénégal (TWS) dirigée par l'ancien président Macky Sall, qui a été disqualifiée pour le scrutin majoritaire dans les départements de Bakel et de la diaspora d’Afrique de l’Ouest, pour listes incomplètes. Cela représente une perte stratégique de cinq sièges pour la coalition, fragilisant ainsi leur campagne pour une victoire législative.
Pastef : Une offensive pour consolider le pouvoir Législatif
Le Pastef au pouvoir aborde ces élections législatives avec l’ambition de renforcer sa majorité à l’Assemblée nationale. À la tête de sa liste nationale, on retrouve Ousmane Sonko, une figure incontournable de la scène politique sénégalaise. L’actuel Premier ministre, qui a conduit une campagne présidentielle ambitieuse, est déterminé à poursuivre les réformes amorcées par son gouvernement. L’un des atouts majeurs de cette liste est la diversité des candidats qu’elle propose, intégrant des personnalités aux parcours variés et reflétant ainsi une volonté de représenter toutes les couches sociales du pays.
Parmi les figures clés de cette liste, Cheikh Bara Ndiaye, acteur politique de premier plan, Maïmouna Bousso, militante féministe engagée, et Amy Dia, connue des Sénégalais suite à sa longue détention par l’ancien régime, se distinguent par leur engagement et leur vision pour l’avenir du Sénégal. Le Pastef mise sur ces candidats pour dynamiser sa campagne et assurer une présence forte au sein de l’hémicycle.
Takku Wallu Sénégal (TWS) : Une coalition stratégique et expérimentée
La coalition Takku Wallu Sénégal (TWS) dirigée par Macky Sall, ancien président du Sénégal, et alliée au Parti démocratique sénégalais (PDS) d'Abdoulaye Wade, constitue l’un des acteurs majeurs de cette compétition électorale. Malgré la disqualification de certaines de ses listes, cette coalition se présente avec une équipe de candidats d’envergure, prêts à affronter les enjeux électoraux.
Macky Sall, tête de liste de la coalition, est secondé par Mme Mbacké, devenue Mme Sylla selon certaines sources, et Lamine Thiam, représentant du PDS. Ce positionnement stratégique vise à créer une alliance solide entre les anciennes figures du pouvoir et les nouveaux visages de la scène politique sénégalaise. À la quatrième place, on retrouve Me Aïssata Tall Sall, ancienne ministre des Affaires étrangères, qui apporte à la coalition son expertise juridique et son expérience gouvernementale.
La présence du président de l’Assemblée nationale, Amadou Mame Diop, à la cinquième position, renforce également l’idée d’une coalition prête à s’imposer. Diop, fort de son expérience à la tête de l’institution législative, apporte un poids institutionnel non négligeable à cette liste. Thérèse Faye, ancienne directrice de l’Agence nationale de la petite enfance, occupe quant à elle la sixième place, incarnant un engagement en faveur des jeunes et des femmes. Enfin, la septième place est occupée par Farba Ngom, fidèle lieutenant de Macky Sall et député sortant, qui compte sur sa popularité dans le Nord pour mobiliser l’électorat.
Jamm ak Njarin : Une coalition diversifiée et prometteuse
La coalition Jamm ak Njarin, menée par l’ancien Premier ministre Amadou Ba, se positionne comme un concurrent sérieux dans ces élections législatives. Forte d’une équipe composée de personnalités influentes issues de divers horizons, la coalition mise sur la diversité et l’expertise de ses candidats pour séduire l’électorat sénégalais. Sur la liste nationale, on retrouve des figures comme Cheikh Oumar Anne, ancien ministre de l’Enseignement supérieur, Mbaye Dione, ancien maire de Ngoundiane, et Zahra Iyane Thiam, ancienne ministre de la Microfinance.
Cette coalition accorde une grande importance à l’inclusion des femmes, comme en témoigne la présence d’Amy Ndiaye Gniby, Yéya Diallo et Victorine Ndèye, toutes investies sur cette liste. Leur engagement pour les questions de genre et leur expérience professionnelle en font des atouts clés pour la coalition.
À l’échelle départementale, des figures comme Moussa Sy et Babacar Ndoye dirigent respectivement les listes pour Dakar et Rufisque. Dans la banlieue de Guédiawaye, c’est Aliou Sall, frère de Macky Sall, qui tentera de conserver son influence politique face à des challengers comme Ramatoulaye Bodian du Pastef. Cette bataille électorale dans la banlieue pourrait être décisive pour les résultats finaux de la coalition.
Parmi les personnalités investies, on trouve en bonne place Abdoulaye Dièye, ancien directeur général du Port autonome de Dakar, qui a été désigné pour diriger la liste départementale de Thiès. Fort d’une expérience administrative notable et d’un engagement politique constant, Abdoulaye Dièye est l’un des espoirs de la coalition dans cette région stratégique, véritable bastion de l’opposition, qu’il espère reconquérir au nom de Jamm ak Njarin. Thiessois d’origine, il s’est imposé comme l'un des acteurs majeurs de la scène politique locale et nationale ces dernières années. Il sera accompagné de plusieurs figures influentes telles que Yeya Ly, Moustapha Sarr et Mbeurou Dieng, tous titulaires sur la liste de Thiès, un département connu pour sa vitalité politique.
Samm sa Kaddu : La voix de l'intégrité
Enfin, la coalition Samm sa Kaddu, dirigée par le maire de Dakar Barthélemy Dias, se distingue par son message de respect des engagements et d’intégrité politique. Dias, connu pour son franc-parler et son engagement en faveur de la justice sociale, espère capitaliser sur sa popularité à Dakar pour étendre son influence à l’échelle nationale. La coalition propose une équipe de candidats intègres et déterminés, prêts à défendre les intérêts des citoyens sénégalais. Dias, qui s’est illustré par son opposition aux décisions controversées de l’ancien régime, compte sur une base électorale solide et sur un programme centré sur la transparence et la bonne gouvernance.
Pour rappel, le maire de Dakar avait gagné la capitale sous la bannière de Yewwi Askan Wi avec presque plus de 100 000 voix contre Diouf Sarr. Reste à savoir s’il continuera d'avoir la mainmise sur cette ville stratégique.
Une élection à fort enjeu pour le Sénégal
Les élections législatives anticipées de novembre 2024 s’annoncent donc comme un véritable test pour l’avenir politique du Sénégal. Avec plus de quarante listes en compétition et des candidats de premier plan, chaque coalition espère convaincre les électeurs de la nécessité de leur programme pour relever les défis économiques, sociaux et environnementaux du pays.
Le Pastef du Premier ministre Ousmane Sonko tentera d'obtenir une majorité au Parlement pour poursuivre ses réformes, tandis que les coalitions TWS, Jamm ak Njarin et Samm sa Kaddu chercheront à bouleverser l’ordre établi en obtenant une majorité ou une position clé dans la future Assemblée nationale.
Dans cette course électorale, les Sénégalais seront appelés à faire des choix déterminants pour l’avenir du pays et la qualité de sa gouvernance démocratique. Seule l’issue des urnes du 17 novembre 2024 pourra révéler qui, parmi ces compétiteurs, parviendra à s’imposer comme la force législative majeure du Sénégal pour les années à venir.
Recours contre Ousmane Sonko La coalition Taku Wàllu Sénégal (TWS), dirigée par l’ancien président Abdoulaye Wade et en alliance avec l'ex-président Macky Sall, a déposé un recours auprès du Conseil constitutionnel, hier lundi, demandant l’exclusion du leader de Pastef, Ousmane Sonko, des élections législatives anticipées du 17 novembre 2024. Ce recours marque une nouvelle étape dans les tensions politiques entourant ces élections cruciales où les coalitions rivalisent pour obtenir une majorité parlementaire décisive. Représentée par Maître Antoine Mbengue, avocat à la cour, la coalition TWS a officiellement soumis sa réclamation au chef du greffe du Conseil constitutionnel, Maître Ousmane Ba, qui a délivré un récépissé de la demande. Cette démarche vise à remettre en question la légitimité de la candidature de Sonko en s’appuyant sur l’arrêté n°024785 du 7 octobre 2024, qui officialise les candidatures validées pour les Législatives. TWS demande donc spécifiquement l’exclusion d’Ousmane Sonko de la liste nationale de la coalition Pastef, invoquant probablement des raisons légales ou constitutionnelles pour justifier cette exclusion. Un contexte tendu autour de la candidature de Sonko Cette requête intervient dans un contexte politique tendu au Sénégal, où la figure d'Ousmane Sonko cristallise de nombreuses controverses. Leader charismatique de l'opposition, Sonko est à la tête du Pastef qui a bouleversé le paysage politique sénégalais avec une montée en puissance ces dernières années, en particulier lors de l’élection présidentielle de 2024 où son candidat Diomaye Faye a remporté le scrutin, malgré une campagne marquée par des tensions. Son statut et ses ambitions politiques font de Sonko une cible privilégiée pour ses adversaires qui cherchent à freiner sa dynamique. La coalition Takku Wàllu Sénégal, composée des partisans de Wade et de Macky, compte limiter l'influence de l’ancien maire de Ziguinchor en contestant sa présence aux Législatives, un scrutin essentiel pour déterminer l'équilibre des forces politiques au Sénégal. Les motifs du recours et les enjeux Bien que les détails exacts de la réclamation déposée par TWS n’aient pas encore été entièrement dévoilés, plusieurs hypothèses peuvent être envisagées. La coalition pourrait invoquer des arguments liés aux procédures légales ou à des contentieux antérieurs impliquant Ousmane Sonko, qui a fait face à plusieurs procès et condamnations ces dernières années. Toutefois, la validation de sa candidature par l'arrêté du 7 octobre 2024 semblait indiquer que les obstacles légaux avaient été surmontés, du moins pour la participation aux Législatives. |
AMADOU CAMARA GUEYE