100 tables, 11 cantines, 4 épaves taxis enlevés de la place publique
Hier, c'était au tour des quartiers Fass et Gueule Tapée de recevoir les équipes de la Mairie de Dakar, chargées de désencombrer la capitale.
Après Médina, le Centre ville et les Parcelles Assainies, c’était au tour de Fass et Gueule Tapée, hier, d’entrer dans la danse des déguerpissements. Vers 11 heures, les deux quartiers ont été pris d'assaut par les agents de la commune Fass-Colobane-Gueule-Tapée et les volontaires de la mairie de Dakar, escortés par les forces de sécurité. Rapidement des groupes de gens se sont formés autour des agents imperturbables.
Non loin, la dame Soda Barry, face à la menace des agents, s’attelle à ranger ses affaires. Outre les sachets de cacahuètes qu'elle s'empresse de mettre hors de portée, la dame doit également débarrasser les lieux de ses ustensiles et autres bols qui lui servent à préparer ses repas. Elle est désemparée : ''Ils ont pris tous mes habits et une valeur de trente kilos d’arachide que je vendais, ainsi que des bols’’, se lamente-t-elle. Aucune sommation, regrette-t-elle, ne leur a été remise. Soda compte aller voir les agents de la mairie pour récupérer ses affaires. Partout autour d'elle c'est le même branle-bas.
Autant dire que les occupants de la place publique, les propriétaires de cantines et tables ont vécu hier une journée très mouvementée. Naturellement, ils se sont insurgés contre cette opération de déguerpissement et de désencombrement. Pris au dépourvu, chacun a essayé de sauver ses biens. Ici la tristesse et le désarroi se lisaient sur les visages. En effet, au rond-point de Fass Rue 22 prolongée, tous les étals et cantines (vendeurs d’arachide, de petit-déjeuner et de chaussures, réparateurs de chaussures) installés devant le score Sahm et l‘hôpital Abass Ndao, jusque dans le quartier de Gueule Tapée, ont été déguerpis. Khadim Dieng fait partie des infortunés. Le vendeur de chaussures dénonce l’attitude de la mairie. ''Nous sommes des responsables de familles. Nous nous sommes installés ici parce que nous n’avons pas le choix'', dit-il. Contrairement à ses camarades, il a toutefois reconnu avoir reçu des sommations, ''mais nous n’avions pas où aller'', a-t-il ajouté.
Cependant, tout le monde n'était pas mécontent de la situation. Des passants ont apprécié et trouvé très normale l’initiative du maire de la ville de Dakar, Khalifa Sall. Madou Ciss est un habitant de la Médina. ''Chaque citoyen, dit-il, doit participer au développement de son pays, en adoptant de bonnes pratiques. Nous devons être conscients. C’est nous-mêmes qui devons aider l’État à faire son travail’’. Madou salue l’initiative du maire et pointe du doigt les occupants de la place publique. ''Si on laisse l’État travailler, d’ici cinq ans, le pays va changer’’, affirme-t-il. Interrogé, le responsable de l’opération désencombrement, déguerpissement de la commune de Gueule Tapée Fass Colobane, Ousseynou Sarr, a soutenu que des sommations ont été délivrées bien avant l’opération.
Aida DIÈNE
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