La liste noire des transhumants
Ils auront marqué l’histoire politique du Sénégal de par leur versatilité. Pour eux, la politique reste avant tout un jeu d’échecs. Chaque chute appelle a un relèvement systématique et à adopter un nouveau positionnement politique.
C’est le règne de la transhumance et ce ne sont pas ceux qui ruent vers les brancards pour rejoindre le régime en place qui le démentiront. Adama Sall ne saurait nullement ne pas être choisi pour diriger cette liste, lui, qui est venu vers Macky Sall à la dernière minute, traversant le temps et l’espace, inébranlable. Du PS, il a transhumé au PDS, puis du PDS à l'APR, nouveau parti présidentiel avec ses prairies toutes fraîches. Le maire de Richard-Toll, par ailleurs DG de la Sicap, Khalifa Ndao, fait également partie de la nouvelle race de transhumants. De même que Khouraïchi Thiam, ex-ministre de la pêche, hier wadiste impénitent, aujourd'hui aux portes de l’APR.
Si le régime actuel en est à ses premiers décomptes, il faut reconnaître que la transhumance a écrit ses lettres de déchéance sous le régime de l’alternance. Anciens alliés du président Abdoulaye Wade, Jean-Paul Dias, Serigne Diop et Me Ousmane Ngom ont transhumé en 2000 en faveur du président Abdou Diouf à travers un appareil politique dénommé ‘’Convergence patriotique’’. Malheur pour eux, ils auront misé sur le mauvais cheval car c’est Abdoulaye Wade qui allait devenir président de la République. Un peu plus tard, Serigne Diop et surtout Ousmane Ngom reviennent au bercail des Wade et y occuperont de hautes fonctions dans l’appareil d’Etat.
Entre les deux tours de la présidentielle de 2000, les Sénégalais se sont réveillés surpris de constater que le maire socialiste de la ville de Rufisque, Me Mbaye Jacques Diop, appelait à voter pour le candidat de l'opposition Abdoulaye Wade, donné quasi gagnant contre Abdou Diouf au second tour. Après avoir créé son parti (PPC), il rejoindra librement les prairies bleues avant de le fondre dans le PDS. Un parti qu'il vient de ressusciter après la descente aux enfers de son ex-allié un soir de 25 mars 2012... Ancien cacique du Parti socialiste, Sada Ndiaye rejoint l'inévitable Wade après que ce dernier a mis en branle les audits aux fins de punir les barons du régime de Diouf. Aïda Mbodj, elle, ne réfléchit pas longtemps. Après avoir comparé Wade à «Fantomas», elle rejoint sans vergogne le PDS au pouvoir et s'ouvre des fonctions parlementaires et ministérielles durables.
Directeur général de la Société nationale des chemins de fer du Sénégal (SNCS), Mbaye Diouf (PS) transhume au lendemain de l’alternance, tout comme Assane Diagne qui deviendra bien après Directeur général de la SICAP. Comme un train fou, Dame transhumance emporte tout ou presque son sur son passage. C’est ainsi que Serigne Mbacké Ndiaye du Parti de la réforme atterrit au PDS après avoir milité activement pour un pronunciamiento au travers d'un machin nommé IDEWA (Initiative pour le départ de Wade). Récompense comme seul le Pape du Sopi sait en attribuer : il passe porte-parole du président de la République avec rang de ministre.
Ancien ministre d'Abdou Diouf, Alassane Dialy Ndiaye gèle d'abord ses activités au PS dont il était un haut responsable, disparaît de la circulation politique, réapparaît un moment comme candidat potentiel à la présidentielle de 2007, re-disparaît et, un beau matin, dépose ses baluchons auprès de...Wade. Un maroquin en poche : chargé de la Connectivité. Jusqu'à la chute du 25 mars.
AMADOU NDIAYE