La Banque Mondiale invite le Sénégal à plus d'équités
Miria A. Pigato, directrice du département gestion économique et réduction de la pauvreté-Afrique de l'Ouest à la Banque mondiale, a exhorté mercredi les autorités sénégalaises à "rendre la dépense publique plus équitables". S'exprimant lors de l'atelier sur la revue des dépenses publiques de la Banque mondiale, Mme Pigato a indiqué qu'il y a une "concentration de la dépense publique dans la région de Dakar". Mais, selon elle, "la concentration de la population dans cette région n'explique pas tout".
Pour elle, la politique du gouvernement en matière de subvention, en particulier dans le secteur de l'énergie, "constitue également une source d'iniquité de la dépense publique". Elle a précisé que "ces subventions ont dépassé les sept pour cent du PIB sur la période 2005/2011", regrettant qu'elles ne soient pas orientées vers les pauvres.
Selon elle, "sur la base d'enquêtes sur les ménages", "près de 15 pour cent seulement de ces subventions vont vers les pauvres au Sénégal qui représentent la moitié de la population". Miria A. Pigato a rappelé que "la grande majorité des pauvres n'ont même pas accès à l'électricité, pendant que près de 60 pour cent des subventions sont captées par les 20 pour cent les plus riches".
Le fait que la politique de subvention du gouvernement reste une source d'inefficience et probablement d'iniquité a aussi été souligné par le ministre de l'Economie et des Finances, Amadou Kane. M. Kane explique que ce sont les chocs notés ces dernières années qui ont amené les pouvoirs publics à "mener une politique de subventions non ciblées contribuant ainsi à une réorientation des dépenses publiques vers des natures peu efficaces".
"Cette expérience a également mis à nu l'incapacité des outils de politiques publiques à aider la population dans son ensemble, et les pauvres en particulier à faire face à ces chocs", a déploré le ministre de l’Economie et des Finances. Selon lui, "les subventions dans le secteur de l'énergie ont nécessité des injections très substantielles et répétées d’argent public ".
(Aps)