Publié le 24 Jun 2024 - 19:39
DES HÔPITAUX SANS SERVICE DE PSYCHIATRIE, L’EXODE DES DIPLÔMÉS EN PSYCHIATRIE…

Les défis à relever au Sénégal

 

Des hôpitaux de niveau 2 ou 3 sont construits sans service de psychiatrie, notamment dans les régions de Matam, Kolda, Kédougou, Diourbel, Kaffrine, Sédhiou, a révélé le psychiatre Souleymane Loucar. Invitant à encourager les initiatives citoyennes telles que Delossi de Keur Serigne Babacar de Rufisque, il regrette une fuite des cerveaux, car le Sénégal ne parvient pas à retenir ses jeunes psychiatres.

 

Spécialité médicale transversale dont les autres spécialités médico-chirurgicales font appel, la psychiatrie devrait être intégrée dans toute prise en charge interdisciplinaire pour une approche holistique, selon le docteur Souleymane Loucar. ‘’C’est n’est pas vraiment systématique au Sénégal ; elle est même oubliée’’, regrette ce psychiatre au centre hospitalier régional Amadou Sakhir Mbaye de Louga.

En effet, alors que cette discipline médicale permet la prise en charge des troubles psychologiques, des hôpitaux de niveau 2 ou 3 sont construits sans service de psychiatrie, regrette-t-il, ‘’des zones entières du Sénégal ont un accès très difficile aux services de psychiatrie. Les régions de Matam, Kolda, Kédougou, Diourbel, Kaffrine et Sédhiou’’, a-t-il renseigné.

Résultat des courses, ‘’des collègues font appel aux psychiatres à des centaines de kilomètres de leurs structures. Les administrateurs territoriaux ont des difficultés avec les malades mentaux errants’’, renseigne Souleymane Loucar, non sans souligner que le centre hospitalier national de psychiatrie de Thiaroye a des capacités très limitées pour les internements d’office.

Ainsi, parlant des initiatives citoyennes à encourager, ‘’à féliciter et à soutenir’’, il a cité And Taxawu ñi weredi te Yallah tax de Louga et Delossi de Keur Serigne Babacar de Rufisque.

Aux yeux de Souleymane Loucar, le Sénégal a du mal à retenir ses jeunes psychiatres pourtant très bien formés par l’école de Dakar de l’hôpital Fann. ‘’En 2022, nous étions 43 psychiatres pour 17 millions d’habitants et il y a eu des départs. Aujourd’hui, nous sommes moins pour 18 millions d’habitants. Des jeunes en fin de formation pensent à partir’’, a-t-il fait savoir.

Partant de ces constats, M. Loucar a souligné les défis. En premier lieu, il note qu'il faut donner à la psychiatrie sa place de spécialité porteuse de toutes les autres spécialités. ‘’Nous pouvons choisir d’intégrer systématiquement un service de psychiatrie dans chaque hôpital de niveau 2 et 3 ou de mettre en place des structures psychiatriques par secteur du pays en interconnexion avec les hôpitaux environnants’’, a-t-il soutenu.

Il souligne qu’il est possible aussi de construire des structures d’internement dans les quatre coins du pays pour éradiquer l’errance des malades en rupture familiale.

En outre, le docteur invite à faire retenir les psychiatres formés et à proposer le retour de ceux déjà partis en investissant sur leurs épanouissements socioprofessionnels au pays. Troisièmement, il estime qu’il faut donner systématiquement une bourse de formation pour les diplômes d’études spécialisées de psychiatrie et de pédopsychiatrie. En somme, il considère qu’il faut mettre les moyens nécessaires pour le développement de la psychiatrie au Sénégal. ‘’La santé mentale de nos concitoyens en vaut la peine. Oui, le projet sanitaire peut le faire !’’, a soutenu Souleymane Loucar.

BABACAR SY SEYE

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