En débarquant au Sénégal avec la dépouille de son fils, le Franco-Sénégalais était loin d’imaginer qu’il portait le virus du Covid-19. Après les funérailles, il a été testé positif, hier, par l’Institut Pasteur de Dakar, quelque temps après s’être rendu à l’hôpital Roi Baudoin de Guédiawaye pour une consultation.

Le Sénégal enregistre son deuxième cas du Covid-19.  C’est à 16 h 10, hier, renseigne un communiqué du ministère de la Santé et de l’Action sociale, que l’Institut Pasteur de Dakar leur a notifié un second cas positif au Covid-19. Il s’agit d’un résident français âgé de 80 ans, qui vit à Sarcelles, dans la banlieue parisienne en France. Il est arrivé au Sénégal le 29 février 2020. ‘’Il a été consulté le 2 mars 2020 à l’hôpital Roi Baudoin, où il a été pris en charge, puis transféré au Service des maladies infectieuses de l’hôpital de Fann’’, informe la note du ministre Abdoulaye Diouf Sarr. Le communiqué rassure que son état clinique est stable et toutes les dispositions sont prises pour identifier les personnes contacts et assurer leur prise en charge.

Selon des sources, ce Franco-Sénégalais a voyagé à bord de la Swiss Air, la compagnie aérienne de la Suisse, en même temps que la dépouille de son fils, le samedi 29 février, pour l’enterrer au Sénégal. Le lendemain, sa famille, c’est-à-dire sa femme et ses 2 enfants, est arrivée avec Air Sénégal pour les obsèques. Après les funérailles de son fils, le dimanche, le lundi 2 mars, il a commencé à avoir de la fièvre. Une de ses nièces, qui est aide-soignante à l’hôpital Roi Baudoin de Guédiawaye, lui a conseillé de venir se faire consulter. Ce qu’il fit. ‘’Quand il est arrivé, il a trouvé le médecin de garde qui lui a posé des questions sur sa provenance. Le patient lui a dit qu’il vient de la France, mais qu’il habite aux Parcelles-Assainies. Sur le champ, le médecin de garde a pris toutes ses mesures de précaution, avant de le mettre automatiquement en isolement dans une salle’’, informe notre source.

‘’On ne sait pas de quoi est mort son fils’’

C’est entre 1 h et 2 h du matin que l’Institut Pasteur de Dakar est venu faire les prélèvements. Mais, précise notre interlocuteur, le patient ne présentait pas de symptômes de rhume, ni de toux. Il avait juste une fièvre un peu élevée.  ’’C’est vers 15 h qu’il a été transféré hier au Service des maladies infectieuses et tropicales de l’hôpital Fann. A 16 h, les tests de l’Institut Pasteur se sont révélés positifs.  On ne sait pas de quoi est mort son fils’’, précise-t-il.

De l’avis de notre source, l’hôpital Roi Baudoin a été totalement désinfecté. En plus, tout le personnel médical qu’il a approché va subir le test, demain à l’institut Pasteur, pour voir s’il n’est pas infecté. Les personnes contacts sont en train d’être identifiées.

Le directeur de cabinet du ministre de la Santé et de l’Action sociale, Docteur Aloyse Waly Diouf, joint par ‘’EnQuête’’, explique que, même si la personne a voyagé avec la dépouille de son fils, quand il a atterri, le cercueil a été récupéré au niveau du fret. ‘’Non seulement le cercueil est scellé, mais le fret est complètement distinct de la sortie des passagers. C’est à 3 km’’.

A la question de savoir si le ministère s’est renseigné pour savoir si le fils du patient est mort du coronavirus en France, Dr Diouf précise qu’ils ont reçu la notification du cas à 16 h, mais que toutes ces investigations vont suivre. ‘’Toutes les informations utiles à la circonscription des cas seront reçues par nos équipes.  Mais dans la gestion d’une épidémie, on ne va pas sur des spéculations. Il y a un cas diagnostiqué, la personne est allée à Roi Baudoin. Par la suite, le test est positif. Maintenant, il ne faut pas partir sur des supputations. Nous allons, de manière posée, retracer l’ensemble des contacts et réagir. Sinon, nous allons entrer dans une psychose et les gens n’oseront plus venir avec des corps’’, dit-il.

‘’Il faut simplement retracer l’itinéraire de ce patient au sein de la structure de santé’’

A son avis, le plus important, c’est la capacité du dispositif de surveillance du Sénégal à pouvoir identifier de manière précoce les cas. ‘’On détecte le cas de manière précoce. Cela veut dire que notre système de surveillance est bon. Quand on les identifie très tôt, cela réduit les chances de transmission de cette maladie’’, fait-il savoir.

S’agissant de l’identification, il rassure qu’après celle du cas et après avoir obtenu les résultats positifs, ils ont tout de suite travaillé à identifier les personnes contacts. Cela passe par les investigations vis-à-vis du patient, de son entourage, entre autres. ‘’Parce qu’il est venu assister aux obsèques de son fils qui a emprunté un vol et est passé à l’aéroport. Tout cela, ce sont des informations issues de nos investigations qui nous permettent de rechercher les contacts. Il faut simplement retracer l’itinéraire de ce patient au sein de la structure de santé. Les dispositions sont prises en rapport avec la Direction générale des établissements de santé pour que cette recherche ne puisse pas occulter son séjour à l’hôpital. La directrice de l’hôpital contribue fortement à l’identification des personnes contacts’’, informe Dr Diouf.

En outre, le directeur de cabinet du ministre de la Santé renseigne, à propos des personnes qui ont voyagé avec Air Sénégal, concernant le premier cas, que leurs équipes vont jusqu’à leurs domiciles respectifs. ‘’Nous sommes dans la phase active. Nous n’attendons plus que les personnes contacts viennent vers nous ; nous allons vers elles, pour faire cette détection. Nos équipes sont parties aux Parcelles pour rencontrer sa famille. Nous ne pouvons pas, en seul jour, identifier et rencontrer les cas contacts. Mais nous allons agir le plus rapidement possible, pour rassurer ces personnes contacts. Parce que savoir qu’on était en contact avec une personne infectée fait plus peur’’, souligne-t-il. Avant d’ajouter que quand les signes ne sont pas présents, ils demandent aux cas contacts de rester confinés dans leur domicile, pendant la période de 14 jours. Mais dès qu’il y a un signe, qu’ils appellent directement les cellules d’alerte.

Toujours à propos du premier patient de nationalité française confirmé positif, le ministre Abdoulaye Diouf Sarr informe que son état de santé continue de s’améliorer. Actuellement, il est hospitalisé au Service des maladies infectieuses de Fann. Le deuxième cas suspect, de nationalité gambienne, venant d’Espagne et mis en quarantaine au Service des maladies infectieuses et tropicales de Fann, a été libéré, ce lundi 2 mars, après les résultats des tests qui se sont révélés négatifs. Le ministère de la Santé félicite l’ensemble des acteurs impliqués dans la surveillance épidémiologique et la prise en charge des cas.

Sur ce, le ministère s’est engagé à fournir quotidiennement aux populations des informations mises à jour sur l’épidémie. Il invite les populations à la sérénité et au respect strict des mesures recommandées.

VIVIANE DIATTA