Les deux ministres vus par leurs concitoyens
Les deux ministres n’ont jamais caché leurs ambitions de siéger en Conseil des ministres. Leur nomination suscite espoir et recommandations chez les Diourbellois.
Bercée dans la politique (son père était un militant libéral et sa mère une socialiste), la nouvelle ministre de la Femme, de la Famille et de la Protection de l’enfant hérite d’un département où les attentes sont nombreuses. Fatou Diané est la présidente nationale de l’association Émergence au féminin. Elle est titulaire d’un Doctorat en économie. C’est la sœur de Dame Diané, un ami et proche du couple présidentiel.
La nouvelle ministre est une ancienne militante du Parti démocratique sénégalais. Très active, Fatou Diané a eu, dans le passé, à initier beaucoup de projets dont ‘’Une femme, un masque’’ pour venir à bout de la Covid-19. C’est elle, aussi, la promotrice de l’initiative ‘’Une femme, un arbre’’. Tous ces programmes ont fait long feu.
Pour Ousmane Diop, plus connu sous le nom de Mara, attaché de cabinet du ministre Dame Diop, cette nomination est une bonne chose, parce que c’est une fille de Diourbel qui a été promue. ‘’Nous l’avons vue sur le terrain et nous sommes persuadés que si elle est épaulée, elle peut réussir la mission qui lui est assignée’’, dit-il.
Pour la plupart des militants de l’APR interrogés, ‘’l’espoir est permis avec Fatou Diané, mais elle arrive dans un département très compliqué. Elle doit savoir qu’elle n’est pas ministre des femmes de l’APR et de la coalition Benno Bokk Yaakaar, mais ministre des femmes sénégalaises. A ce titre, elle devra travailler avec toutes les couches de la population. Elle ne doit pas occulter la protection des enfants. Il faudrait qu’elle travaille en parfaite intelligence avec les ONG et le service de l’AEMO (Action éducative en milieu ouvert)’’.
Ndèye Diop, militante des droits humains, déclare : ‘’Nous voulons que le Code de l’enfant soit enfin adopté au Sénégal. Il y a aussi beaucoup de secteurs où l’État devra apporter son expertise. Il s’agit de revoir les taux d’intérêt des prêts accordés aux femmes. Il y a aussi le programme d’autonomisation des femmes. Bref, il y a beaucoup de choses à faire.’’ Entre autres, il y a la mise en place d’une politique de la famille. D’ailleurs, ce projet faisait partie des chantiers confiés à l’ancienne ministre Ndèye Saly Diop Dieng, une grande préoccupation des associations de femmes.
Premier ministre de Mbacké
Quant à Gallo Ba, c’est la première fois, depuis son accession à la magistrature suprême, que Macky Sall nomme un habitant de Mbacké à la tête d’un département ministériel. Ayant vaincu le signe indien, en permettant à la coalition Benno Bokk Yaakaar de remporter, pour la première fois, des élections dans la commune de Mbacké, le nouveau ministre de la Fonction publique retrouve dans le gouvernement son camarade de promotion Antoine Diome. D’ailleurs, ils ont servi ensemble à Diourbel : Gallo Ba comme inspecteur régional du travail et Antoine Diome comme substitut du procureur de la République. Fils de politicien, la nomination de Gallo Ba est très bien accueillie, dans la mesure où, confie Aliou Ndiaye, ‘’elle vient couronner beaucoup d’efforts de cet homme qui a été toujours aux côtés des populations. Il a permis à beaucoup de jeunes de Mbacké de trouver un emploi’’.
L’analyste Mama Ndiaye, lui, déclare : ‘’C’est une nomination qui obéit plus à des considérations politiques qu’à autre chose. Le président veut seulement récupérer Touba, ce qui est impossible, surtout avec cette nomination.’’
Par contre, l’éviction de Dame Diop du gouvernement ne constitue pas, en soi, une surprise. Et pour cause ! Depuis qu’il a été défait, pour la deuxième fois, lors des élections municipales, il avait perdu toute légitimité politique dans la région, en tant que coordonnateur régional de l’APR et de la coalition Benno Bokk Yaakaar.
S’exprimant sur le nouvel attelage gouvernemental, Mamadou Dioum, mandataire national de la coalition Aar Sénégal, note : ‘’Nous avons un sentiment de regret, mais aussi de satisfaction. Le sentiment de regret, c’est parce que nous avons perdu monsieur Dame Diop, Ministre de la Formation professionnelle qui, il faut le reconnaître, le temps qu’il a dirigé ce département ministériel, a aidé beaucoup de Diourbellois. Je dois dire qu’il constituait une fierté et, franchement, on aurait aimé qu’il reste dans le gouvernement et continuer à aider les Diourbellois. Le sentiment de satisfaction est : Dame Diop est parti, mais Fatou Diané Guèye est arrivée. C’est une dame responsable qui a toujours œuvré pour le département de Diourbel. Nous lui souhaitons une bonne réussite et lui conseillons de suivre les pas de Dame Diop.’’
Du côté des partisans du ministre limogé, on garde son calme, parce que le ministre avait pris la précaution de les appeler et de leur faire part de la nouvelle, tout en leur demandant de ne piper mot, parce qu’il a eu à bénéficier de deux nominations en tant que ministre et directeur général, et une nomination en tant que président du Conseil de surveillance de l’Ofor (Office des forages ruraux).
BOUCAR ALIOU DIALLO (DIOURBEL)