La Banque mondiale ‘‘exige’’ l’équité
La Banque mondiale demande une harmonisation tarifaire des prix de l’électricité entre les zones urbaines, et les zones rurales qui paient le courant jusqu’à trois fois plus cher.
Les efforts dans l’électrification rurale sont louables mais insuffisants. Malgré une couverture nationale de 54% dans la plupart des zones urbaines, 75% des populations en milieu rural attendent toujours le jus. Paradoxe saisissant, ces ‘‘populations rurales paient leur électricité plus cher que celles urbaines’’, fait remarquer la Directrice des opérations de la Banque mondiale au Sénégal, Louise Cord.
Au siège de l’Institut pour parapher une convention de financement d’environ 5 milliards avec l’Agence sénégalaise de l’électrification rurale (Aser), elle a tenu à ce que ces inégalités soient gommées. Des différences tarifaires par kilowatt/heure qui peut ‘‘même tripler en fonction des zones de concession’’. Aussi l’institution de Bretton Woods exige-t-elle que cette pénibilité contre le monde rural soit levée. Pour cela, elle compte injecter ce financement, via des subventions à 10 concessionnaires, pour faire baisser le prix de l’électricité.
‘‘Nous espérons qu’en guise de cadeau pour la nouvelle année aux populations rurales, le Gouvernement prendra rapidement une décision pour l’application de l’harmonisation des tarifs’’, poursuit la représentante de la BM. Avec le programme Carbone initiative-développement, l’institution va soutenir 250 000 ménages pour couvrir une partie des coûts de raccordements. Le modus operandi, explique Louise Cord, consiste en l’octroi de subventions sous forme de coupons/bons aux ménages ruraux, dans les zones de concession, qui seront remis aux concessionnaires privés par les ménages, pour couvrir une partie du coût de raccordement. ‘‘Une fois que le ménage remet le coupon au concessionnaire, ce dernier récupère la valeur auprès de l’Aser’’.
Le Sénégal qui compte atteindre l’objectif global d’accès universel à l’énergie en 2025, et 60% à moyen terme, s’efforce de réussir ce pari, selon le Directeur général de l’Agence sénégalaise d’électrification rurale (Aser). ‘‘Le Carbone initiative-Développement (CI-Dev) qui reçoit ce financement de la BM constitue une opportunité pour notre pays’’, déclare Baba Diallo. L’objectif intermédiaire de 30% d’électrification dans chaque département est aussi prévu dans le cadre de la politique énergétique du PSE. Mais après trois années de fonctionnement des premières concessions, les résultats ne sont pas satisfaisants car seuls 5% des raccordements prévus ont été réalisés en décembre 2015.
OUSMANE LAYE DIOP