L’État pointé du doigt
Selon les populations de l’île de Niomoune, la disparition de leurs fils relève d’une préméditation orchestrée par l’État.
Voici maintenant trois mois que sont portés disparus, dans des ‘’conditions douteuses’’, l’adjudant-chef Didier Badji de la gendarmerie, dont la disparition n’est pas encore élucidée, et le sergent-chef Gilbert Sambou de l’armée, déclaré mort par noyade. Tous deux agents des renseignements généraux. Voilà trois mois que les parents pleurent leurs fils. Lasses d’attendre que la lumière soit faite sur cette affaire, les populations de l’ile de Niomoune où sont originaires Didier Badji et Gilbert Sambou, ont organisé, ce samedi, une rencontre avec la presse pour dénoncer, entre autres, le mutisme de l’État et de la justice.
‘’Après la plainte déposée contre X, les démarches pour connaitre toute la vérité sur cette affaire sont restées vaines et stériles comme des semences jetées sur un sol sec et rocailleux’’, a fait savoir le porte-parole des populations, Alphonse Tabar. Les populations ‘’déplorent l’attitude muette et inadmissible des autorités étatiques’’. Pour elles, Didier Badji et Gilbert Sambou n’étaient pas ‘’des personnes ordinaires. Ils étaient des citoyens qui ont dignement servi la Nation sénégalaise jusqu’au moment de leur disparition’’.
Selon elles, la disparition si prompte de leurs fils, qui n'a pas inquiété le commandement, dont le mutisme laisse perplexe, les amène à penser que ces deux disparitions relèvent d’une préméditation orchestrée par l’État. C’est pourquoi, elles ont exprimé hautement ‘’leur déception pour la brutalité inhumaine’’ dont Didier et Gilbert ont été victimes.
‘’La mort non éclairée de ces deux agents constitue, à nos yeux, une ingratitude de la part de l’armée nationale. Nous élevons nos voix ici à Niomoune, pour demander pourquoi et jusqu’à quand, la justice doit-elle continuer à ignorer les faits évoqués supra’’, a regretté le porte-parole qui estime que seule la justice peut apaiser leur chagrin. Visiblement consternées, les populations exigent que l’État ouvre la voie pour édifier les circonstances et les motivations de leurs disparitions. Elles supplient les organisations nationales et internationales des droits humains, et les mouvements épris de justice de faire pression sur l’autorité, afin que resurgisse le dossier relatif à cette disparition.
Elles attirent, par ailleurs, l’attention de l’autorité religieuse, afin qu’elle sache que ‘’son indifférence la rend coupable devant Dieu’’.
HUBERT SAGNA (ZIGUINCHOR)