Me El Hadj Diouf demande la suppression des CAE…
Le vote du projet de loi portant modification de l’organisation judiciaire a été une fois encore une occasion pour Me El Hadj Diouf de tirer à boulets rouges sur les Chambres africaines extraordinaires (CAE) et le président tchadien Idriss Déby.
Premier député à intervenir lors du vote de la loi portant modification de l’organisation judiciaire, Me El Hadj Diouf n’a pas fait dans la dentelle pour fusiller les Chambres africaines extraordinaires (CAE). L’avocat de Hissein Habré s’est d’abord réjoui de la création des Tribunaux de grande instance (TGI), avant de souligner qu’on aurait dû profiter de l’occasion pour supprimer les CAE. Aux yeux du député-avocat, la création de cette juridiction est « une grosse farce qui n’honore pas le Sénégal ». Il en veut pour preuve la polémique entre l’ex-Pm Aminata Touré et l’ancien ministre des Affaires étrangères, à propos de la signature. « C’est une violation de la Constitution. L’Afrique est en train de rire et on est en train de nous narguer. »
Très en verve, Me Diouf a considéré que le refus du Tchad d’extrader les deux présumés complices de Habré devrait pousser les CAE à renoncer aux poursuites contre son client. « Il faut sauter sur l’occasion pour dire m… à Déby. C’est la riposte qu’on attend du Sénégal. Le pétrole du Tchad ne doit pas nous impressionner, ni Déby qui est le chouchou des Français », a-t-il martelé. Selon lui, les CAE n’ont rien d’africaine, car composées uniquement de magistrats sénégalais.
C’est pourquoi, lâchera l’avocat qui venait d’épuiser son temps de parole : « Avec ses milliards injectés, Déby crée le désordre, or il est le seul responsable du génocide. J’ai mal et j’ai honte... ». Me Alioune Abatalib Guèye a abondé dans le même sens que Me El Hadj Diouf. Toutefois, le député de Saint-Louis n’est pas allé jusqu’à demander la suppression des CAE. Mais, le parlementaire a laissé entendre que « si le Tchad ne joue pas le jeu, on ne doit pas être les dindons de la farce à cause de nos engagements internationaux ».
…Me Kaba tempère et le renvoie à ses cours de droit international
Dans son intervention, le ministre de la Justice a soutenu qu’il n’y a pas de « honte » pour le Sénégal chargé d’organiser le procès de Hissein Habré. Au contraire, selon Me Sidiki Kaba, « c’est un honneur pour l’Afrique de juger Habré, car la question qui se pose est de savoir si l’Afrique est capable de juger ses enfants ». Et de rappeler : « lorsque la question a été posée à Macky Sall, il a répondu que pour l’honneur de l’Afrique, le Sénégal va juger ». Selon le ministre, Hissein Habré a un avantage certain d’être jugé au Sénégal. « Il ne sera jamais condamné à mort, car grâce à vous députés, l’Etat du Sénégal a eu à supprimer la peine de mort, un crime d’Etat, cette injustice suprême qui ne règle aucun problème », a martelé le Garde des Sceaux.
D’autre part, il a ajouté que le procès « prouve également que les juges, les Africains et l’Union africaine veulent signifier au Sénégal qu’il a un système judiciaire permanent ». Par rapport à la suppression des CAE, sous le prétexte qu’elles ne sont composées que de magistrats sénégalais, le ministre a invité Me El Hadj à relire les textes. « Mais, il faut lire en profondeur une convention avant de la critiquer.
Il faut la lire en profondeur et non en diagonal », a lâché Me Kaba. Et de préciser à l’endroit du député : « concernant l’instruction, il a été dit qu’elle se fera par des juges sénégalais et la présidence assurée par des juges africains, car c’est une juridiction mixte ». Poursuivant son « cours » de droit international, le ministre a conclu : « les juridictions mixtes internationalisées combinent le national et l’international. Il faut le connaître, car cela fait partie du droit pénal international ».
FATOU SY