Les ‘’sociétés ouvertes’’ face à la ‘’ banalité du mal’’ terroriste
Les attentats du vendredi 13 Novembre 2015 à Paris comme ceux du 11 septembre 2001 à New York ne sont pas des faillites des services de sécurité et de renseignements. Les services de sécurité et de renseignements sont dans le registre des anticipations rationnelles alors que le cerveau maléfique des terroristes commence là où s’arrête l’imagination en termes de mal. Les services de renseignements américains sont efficaces mais qui pouvaient imaginer que des terroristes allaient utiliser des avions de ligne comme des bombes pour attaquer les deux tours jumelles. Qui pouvait imaginer que des terroristes allaient entrainer dans un concert anodin de rock pour perpétrer un massacre. Comment lutter contre un illuminé qui débarque dans un café pour mitrailler des consommateurs tranquillement attablés à la terrasse.
Les services de renseignements seront toujours en retard d’une bataille face aux terroristes. Les terroristes peuvent gagner des batailles mais ils perdront à terme la guerre. Malgré l’horreur des attentats de Paris DAESH est entrain de perdre la guerre. Sur le terrain sa défaite est assurée face à la coalition internationale. D’ailleurs DAESH a commencé à perdre du terrain face à l’armée irakienne et aux kurdes. C’est pourquoi il exporte la violence et la guerre en Europe. Cela montre que DAESH va continuer de perdre du terrain, dépérir et se transformer en un autre groupuscule à l’image d’AL QEADA. DAESH se rêvait en Etat Mondial il va dépérir en groupuscule comme AL QAEDA qui n’a jamais voulu être un Etat mais une sorte d’avant-garde révolutionnaire. L’avenir de DAESH c’est le présent de AL QAEDA. DAESH va être fatalement réduit en un groupuscule sous les coups de boutoir de la coalition mondiale anti DAESH. Quand DAESH sera comme AL QAEDA, ce qui a abattu Al QAEDA l’abattra. Les bombes à Paris ou New York ne changeront pas la marche ou le cours de l’histoire. Al QAEDA a détruit les tours jumelles mais il n’a pas pu détruire l’esprit, l’idée et les valeurs qui ont été à l’origine de ces tours.
La croisade contre les terroristes rappelle le classique de Karl Popper ‘’la société ouverte et ses ennemis’’. Aujourd’hui les « sociétés ouvertes » du monde sont devenus les ennemis des terroristes. On peut détruire des tours, poser des bombes dans les rues mais on ne peut détruire l’esprit et les valeurs des « sociétés ouvertes » comme la société américaine française ou sénégalaise. Ces valeurs ont triomphé d’intégrismes séculiers comme le nazisme et le communisme qui avait au moins un projet de société contrairement à l’intégrisme religieux qui, à part semer l’horreur et la mort ne propose aucune alternative. L’Esprit et les valeurs sont plus forts que les bombes. C’est pourquoi les valeurs de la « société ouverte » triompheront. Et sur le plan des valeurs notre pays est une chance et un exemple pour le monde.
Consensus national contre le terrorisme
Il y a un consensus national de la classe politique sur la Casamance. Il doit y avoir le même consensus dans la lutte contre le terrorisme. La question de la lutte contre le terrorisme doit être au-dessus des clivages partisans. Notre modèle démocratique et social est tout ce que détestent les terroristes. L’exemple du Sénégal montre toute la fausseté des thèses des islamistes. Le Sénégal montre que la démocratie est bien soluble dans l’Islam. Le Sénégal est aussi un exemple de tolérance. Ce qui fait que notre pays est devenu l’exemple préféré que donnent les américains dans leur soft offensive contre les islamistes. Les islamistes n’ont aucune chance au Sénégal comme ils n’ont aucune chance de succès dans les « sociétés ouvertes ». Les « sociétés ouvertes » comme le Sénégal sont considérées par les intégristes comme leurs pires ennemis. Le discours intégriste a peu de chances de prospérer au Sénégal à cause du rempart rédhibitoire de l’islam confrérique mais aussi et surtout des ressorts de la « société ouverte ».
Le discours islamiste et les groupuscules intégristes sont présents au Sénégal depuis la révolution khomeyniste mais le fait qu’on soit dans une société démocratique et ouverte rend le discours intégriste banal. Ce qui est le contraire des pays arabes qui sont des sociétés fermées. Ce qui fait que l’islamisme sort toujours inévitablement des urnes parce que dans ces sociétés fermées l’islamisme est la seule alternative face aux Etats dynastiques et corrompus.
Au Sénégal les islamistes ne sont pas sortis des urnes et ne se sont pas prêts d’en sortir parce qu’avec la liberté d’expression et les libertés publiques, les islamistes n’ont jamais pu transformer les mosquées en des citadelles politiques. La mosquée est toujours restée un lieu de prière mais un lieu de mobilisation politique. C’est cette politique qui nous a permis de séparer la mosquée de l’Etat. Et l’Iman de la Grande mosquée de Dakar l’a appris à ses dépens pour avoir oublié cette règle non écrite. La réaction indignée des sénégalais à la grande mosquée quand l’Imam Samb a transformé son sermon en discours politique pour plaire à Macky Sall aurait été la même dans la plus petite des mosquées où les fidèles ne se gênent pas pour rappeler à l’Imam qu’ils sont venus prier, mais pas pour écouter un discours politique qui doit être délivré en dehors de la mosquée.
Ce sont ces fondamentaux qui sont nos meilleurs remparts contre l’intégrisme. Ce qui fait du débat sur le voile intégral un débat dérisoire. L’islam étant universel, il y a donc toujours des spécificités locales. La burqua est une tradition afghane et nous ne sommes pas des pachtounes encore moins talibans. Notre spécificité à nous c’est l’esprit de Fadiout. Cette symbiose parfaite entre musulmans et chrétiens sur une si petite île. Notre spécificité à nous est d’être le seul pays musulman à avoir un Président catholique pendant 20 ans. Ces fondamentaux qui résultent d’une longue socialisation culturelle sont tellement solides que le débat sur le voile intégral est aussi dérisoire que celui sur la minijupe. Une « société ouverte » et démocratique est celle-là où le voile intégrale côtoie la minijupe sans qu’aucune des parties n’ait le droit ou le pouvoir d’imposer son modèle.
Yoro Dia (Politologue)