Comment sauver une “génération à risque”
Défi majeur au Sénégal et en Afrique, l'employabilité des jeunes préoccupe des organisations syndicales comme l'Union nationale des travailleurs du Sénégal (UDTS). Laquelle initie, du 28 au 1er novembre à Dakar, en collaboration avec la CNV Internationale et le Bureau conseillé des projets d'Afrique, une réflexion sur des nouvelles approches partenariales.
“La question de l’emploi est au cœur des préoccupations des Sénégalais et surtout des jeunes sénégalais'', a déclaré lundi le Premier ministre Aminata Touré lors de sa déclaration de politique générale. Elle a fait savoir qu'à cet effet, l'Etat vient de dégager deux lignes de crédits de 10 et 18 milliards de F Cfa provenant respectivement de la Banque islamique de développement (Bid) et de la Banque africaine de développement (Bad).
Mais le gouvernement peut s'inspirer des recommandations du séminaire régional sur ''les stratégies de lobby et de plaidoyer pour l'employabilité des jeunes au Sénégal et en Afrique'' qui se tient depuis lundi à Dakar et qui prend fin le 1er novembre. Car quand Mimi Touré souligne que ''l'emploi est le garant de notre dignité, de notre sécurité et de celles de nos familles'', les panélistes vont plus loin et préviennent. Le fait que 75 millions de jeunes de 15 à 24 ans, dans le monde, soient actuellement au chômage, risque de créer une ''génération perdue, menaçant ainsi la cohésion sociale'', selon le mot de Dramane Haïdara, spécialiste technique principal en stratégies et politiques de l'emploi, directeur adjoint de l'Organisation internationale du travail (Oit). Il relève que ce n'est pas fortuit si ''certains chefs d'État africains ont assimilé la question de l'emploi des jeunes à une question de sécurité nationale. Les jeunes développent des comportements à risque. Il s'y ajoute aussi que le chômage des jeunes est une menace à la prospérité de tous''.
''Selon les projections du Bit, 73.8 millions de jeunes soit 12.6% sont en chômage en 2012. D'autres sources indiquent que 20 à 30% des jeunes dans les pays africains tels que le Sénégal, la Guinée, le Niger, le Togo et le Bénin, entre autres, sont dans la même situation. Pour le cas spécifique du Sénégal, 40% de la population active sont sans emploi car il n'y aurait que 200 000 emplois recensés dans le secteur formel dans à peine presque 1000 entreprises'', a fait noter M. Haïdara.
Dès lors, des organisations de la société civile ont décidé d'associer les confédérations syndicales dans leur synergie d'actions en vue d'assurer la protection sociale et l'employabilité des jeunes. A cet effet, Mody Guiro, le secrétaire général de la Confédération nationale des travailleurs du Sénégal (CNTS), a exprimé toute sa volonté, à l'instar de ses camarades syndicalistes, d'y apporter une contribution de taille. ''Nous sommes convaincus que c'est par l'emploi que nous pouvons lutter contre la pauvreté'', a soutenu M. Guiro, déplorant le fait que la Banque mondiale ait préféré mettre beaucoup plus l'accent sur la réduction de la pauvreté que sur la problématique de l'emploi.
MATEL BOCOUM