«Je préfère parler de valeur pour qualifier la beauté d’une femme»
Quand elle n’est pas en tournage dans les rues de Dakar pour décrocher une belle du jour, Eva Tra retrouve ses sensations de couturière professionnelle. Impliquée à fond dans la bonne marche du salon Bamanan situé à la Gueule tapée, l’animatrice de la 2Stv a quitté son bureau pour se confier au quotidien EnQuête.
Entre l’animation et la couture, quelle est la passion préférée d’Eva Tra ?
Les deux à la fois ! Ce n’est pas pour rien que je suis animatrice de télé et styliste. Eva Tra se reconnaît en ces deux passions. Je fais de la télévision pour respecter le contrat de fidélité qui me lie au public qui m’a adoptée depuis plusieurs années. Et je suis dans l’atelier de couture pour satisfaire la clientèle qui vient vers moi.
Y a-t-il un pont qui relie ces deux activités chez vous ?
Ce sont deux activités compatibles. A la télévision, je suis dans la mode et dans le social. C’est pareil pour la couture. Il arrive souvent dans la couture qu’on aborde des faits de société et d’actualité avec une cliente.
Avez-vous été couturière avant de venir dans l’animation ?
Bien sûr. Je n’ai jamais eu la chance de faire des études universitaires. Après le lycée, j’ai atterri dans une maison de couture où j’ai passé beaucoup d’années. C’est par la suite que j’ai mis sur pied mon propre atelier de couture qui m’apporte énormément, soit dit en passant. Parce que j’ai toujours eu un penchant pour la mode. Et à un moment donné, je me suis dit : pourquoi ne pas associer la mode et la télévision. C’est ce qui a fait de moi ce que je suis devenue aujourd’hui.
Comment vous-êtes vous retrouvée à la 2Stv ?
Quand la 2Stv démarrait, j’avais remarqué qu’il n’y avait pas de programme pour enfants dans la grille des programmes. Alors, j'y suis allée et me suis présentée avec un synopsis. Même si les responsables ne l’ont pas accepté, ils ont compris tout de suite que je pouvais apporter quelque chose à la chaîne. C’est ainsi que je suis entrée le plus naturellement du monde dans la maison.
Quelle est votre conception de la beauté africaine ?
La femme africaine est naturellement belle, gracieuse, généreuse et très bien élevée. Personnellement, je préfère parler de valeur pour qualifier la beauté d’une femme. Il n’y a qu’en Afrique où l’on rencontre une femme qui n’a pas d’enfant et qui est la mère de tout le monde. Tout ce bien-fondé de la générosité dérive de la beauté africaine. Je ne me lasserai jamais de dire que la plus belle femme est celle qui donne sans rien attendre en retour et qui parvient à donner de la joie aux autres. J’épouse la générosité du cœur et de l’esprit. Voici la belle femme africaine.
Cela veut-il dire que les critères physiques importent peu ?
Les critères physiques viennent en dernière position. Parce qu’en vieillissant, on a tendance à perdre ses traits. Les rides s’imposent avec le poids de l’âge. Mais quand on incarne des valeurs, on les emporte dans sa tombe. La vraie beauté, ce sont les valeurs qu’incarne une femme. Pour choisir la belle du jour dans mon émission, rien qu’en abordant une candidate ciblée, je sais tout de suite si elle sera dans le coup ou pas.
Comment ?
Par sa façon de penser et de parler, je sais si l’on peut compter sur elle ou pas.
Avez-vous le sentiment d’avoir apporté une touche personnelle à l’émission ?
Je ne crois pas. Parce que la télévision est une institution. C’est la télévision qui a pour mission d’instruire, d’éduquer et de divertir, et non l’animateur. Ma personne est certes collée à l’émission mais ce n’est pas moi qui éduque, instruis ou divertis.
Que répondez-vous aux téléspectatrices qui pensent que les belles du jour n’ont pas souvent le maquillage adéquat ?
Pour être honnête et sincère, j’aime bien cette question qui revient toujours. Il faut rappeler que dans cette émission, nous faisons la promotion des mèches Darling et des coiffeuses. La manière dont on choisit une femme au hasard, c’est comme ça que l’on entre dans un salon de coiffure. Il nous arrive de conduire notre belle du jour dans un salon dont la gérante est une professionnelle, comme on peut se retrouver dans un autre où ce n’est pas le cas. On essaie de faire avec. Nous essayons d’aider plusieurs salons de coiffure. Il y a des femmes qui sont naturellement belles sans maquillage. Il y en a aussi qui ne se sentent pas belles sans maquillage. La simplicité est un art. Il faut simplifier, c’est plus joli.
Quelle lecture faites-vous sur la dépigmentation ?
C'est encore une question complexe ! Mais n’oubliez pas que même Eva Tra a des fans qui sont xeesalisées ! La vie est un choix. Une fois que le choix est fait, il faut s’investir à le rendre positif. Mais le naturel est beau. Néanmoins, il faut respecter le choix des gens. Je ne suis pas un médecin, mais selon les dermatologues, le xeesal est un phénomène corporel que les gens n’approuvent pas beaucoup. Il est plus acceptable de voir une mamie xeesalisée qu’une petite fille qui s’y met. Pour le reste, je pense que certaines femmes ont compris qu’on peut s’éclaircir la peau d’une manière plus saine sans se blesser et sans laisser des séquelles sur le corps.
Il vous est arrivé de porter votre choix sur une femme xeesalisée ?
Cela arrive souvent. L’essence de l’émission «Elles sont toutes belles», c’est de prendre une femme au hasard. Dans ce contexte, on peut tomber sur une femme qui s’est dépigmentée la peau. On ne peut pas faire de la discrimination.
Envisagez-vous d’être une couturière à l’image de Collé Sow Ardo, Diouma Dieng, Sadia Guèye ?
On devient grande couturière avec l’âge. Tata Collé Sow Ardo, Diouma Dieng, Sadia et les autres ont commencé à mon âge. L’essentiel est d’être professionnel dans le travail que l’on fait. Avec dix ans de formation et sept dans la pratique, je suis une jeune qui suit sa route car tout a un début et un aboutissement. Dans quelques années, la jeune génération dira qu’Eva est une grande couturière !
Des projets en perspective ?
Une personne doit avoir une feuille de route pour progresser. Aujourd'hui plus que jamais, j’ai envie de faire de la télé. A un moment donné, le cœur n’y était pas car j’étais plutôt concentrée sur la couture. Par la suite, j’ai été rattrapée par le pacte qui me lie à ce public qui m’aime tant. Rien que pour lui, je veux faire beaucoup de choses. Pour la couture, je prépare un événement depuis plusieurs années, un projet qui me tient à cœur. Quand tout sera bien ficelé, toute la presse en sera informée.
Elle est stressante, la télévision ?
Dans la vie, même si on a le plus grand boulot au monde, il faut juste le prendre comme un jeu pour se sentir libre. Mais quand on veut travailler avec le stress et la pression, des bocages surviennent. Moi, quand je suis dans la rue en plein tournage, c’est relax total. Par exemple, je salue tout le monde en gardant le sourire. Ensuite, je considère le cameraman comme mon petit frère en train de filmer. On n’a pas besoin de porter le monde sur ses épaules pour faire son travail correctement.
Eva Tra est-elle toujours célibataire ?
Non. Je suis mariée depuis le mois de septembre 2012. Maintenant, je suis Mme Diagne (rires).
Almami CAMARA
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