Publié le 11 Feb 2014 - 13:17
EN PRIVÉ AVEC CHARLES FOSTER

 ‘’Il faut savoir négocier avec les voleurs...’’

 

‘’Le ministre de la Culture n’est pas un rassembleur’’

Quelle est l’actualité de Charles Foster ?

Actuellement, je suis en train de travailler avec des jeunes étudiants grâce au Directeur du COUD, qui m’a autorisé à monter avec eux une troupe théâtrale. Nous avons déjà fait pas mal de prestations. Je crois que, maintenant, ils ont pris goût au théâtre et à la culture… On discute et on fait des débats sur des sujets de société et on a même fait une pièce sur la non-violence… C’est important car l’université est un temple du savoir et on ne peut pas mettre la violence et le savoir dans le même espace.

C’est à cause de ça que moi, j’interpelle tous les partis sénégalais, les chefs religieux, la société civile et le gouvernement pour qu’on puisse protéger nos jeunes là, parce que ce sont eux qui vont faire le Sénégal de demain. Nous avons donc pris la décision de faire une campagne de non-violence en 2014, 2015 et 2016 et dont le parrain sera Diouf Sarr (NDLR : Abdoulaye Diouf Sarr, le Directeur du COUD).

Est-ce vraiment si important de faire revivre la culture à l’université?

Diouf Sarr veut faire du COUD un espace culturel. Il faut le féliciter parce que c’est un temple de savoir alors que la culture, on a l’habitude de la négliger.

Moi, jusqu’à preuve du contraire, j’ignore tout de la politique culturelle du président de la République. Je ne le sais pas. Le Ministre de la Culture, encore moins. Et pourtant, ils ont fait un dîner auquel j’étais exclu. Je l’ai vu à la télévision… C’étaient des artistes que l’on a choisis mais au finish, c’est zéro.

J’ai écrit des lettres au président de la République Macky Sall. Je veux le rencontrer! Parler avec lui de la situation des artistes !

Revenons à la politique culturelle du ministre… Vous avez dit ne pas arriver à la comprendre?

Je ne la comprends pas. Sincèrement, je ne le comprends pas. Je crois qu’il rêve. Je suis le premier, avec Iba Ndiaye Diadji, qui a toujours revendiqué le statut de l’artiste. On me l’a même collé à la figure. Quand je marche, les gars me disent ‘’monsieur statut’’! Cela fait combien d’années? Depuis Abdou Diouf je parle du statut !

On peut rester ici 15 ans à parler du statut de l’artiste. Ça doit aller à l’Assemblée nationale ! Nous, on doit voir les textes. J’ai même dit au ministre que je voulais faire partie de la commission mais il m’a feinté, ils ne m’ont jamais rappelé. Parce qu’ils savent que je détiens des dossiers. J’ai des secrets. Sur le statut. Iba Ndiaye Diadji était un grand maître, il m'a donné ce document-là.

C’est le premier qui a parlé du statut, avant lui on ne savait même pas ce que c’est un statut. Attention aussi, le statut de l’artiste au Sénégal est ratifié en Bulgarie. J’ai ce dossier et je ne le donnerai pas gratuitement. Tout cela fait partie des secrets que je détiens et qu’Iba Ndiaye Diadji m’a laissés. Ce ministère est un ministère de division.

Pourquoi ?

Le ministre doit dépasser tout le monde et mettre tout le monde au même pied et oser dire à monsieur le président de la République de recevoir la communauté culturelle. Un débat s’impose. On doit échanger avec le Président sur nos problèmes. Moi, je suis capable de dire au Président ce que veut la communauté culturelle et ce qui ne marche pas.

Mais pourquoi devriez-vous parler au nom de toute une communauté alors que vous n’acceptez pas que d’autres le fassent?

Moi, je suis un suicidaire. Et ça, c’est pour le bien de ma communauté. Je ne demande pas à être invité mais qu’on respecte ce métier. Quand l’on dit que le président de la République doit recevoir tous les artistes, les régions ne doivent pas être en reste. Si le président de la République fait quelque chose d’extraordinaire pour les artistes, j’applaudis. Et le ministre de la Culture n’est pas un rassembleur. On organise des choses sans inviter de grands artistes. Ce n’est pas Charles Foster que l’on assimile à un pestiféré. Mais il faut respecter les artistes et honorer la mémoire de nos disparus.

Et depuis que Macky Sall est là, pour vous il n’a rien fait que vous puissiez applaudir ?

Je n’ai pas vu de changements. Il paraît qu’il a donné un milliard aux cinéastes mais je ne l’ai pas vu. Et le plus important n’est pas de donner des milliards. Il faut poser des bases solides. Il y a des jalons à mettre en amont. Il ne faut pas faire rêver les artistes. Du temps de Senghor, combien de milliards a-t-on donné aux peintres ? On ne peut pas bâtir sur du sable mouvant. Ici, on parle on parle mais on ne fait rien.

Aujourd’hui, il n’y a plus de troupes. On jouait dans les écoles mais plus rien maintenant. C’est pour cela que je me suis engagé à l’université. Il y a l’Ucao et 2im qui font du théâtre à l’école. C’est cela qui peut pousser les jeunes à la lecture. La culture ne s’arrête pas qu’au théâtre et à la musique. Il faut s’ouvrir.

Depuis que ce gouvernement est là, c’est la chasse aux sorcières. On parle de la traque des biens mal acquis alors que tout le monde a mis la main dans la sauce. On doit avoir l’esprit de tolérance, d’entraide et d’écoute. Ces voleurs-là, il faut savoir négocier avec eux. Cela se fait partout. Il faut arrêter les querelles et travailler.

Parlez-nous maintenant de ce projet ‘’baobab Dakar-Goréé’’

On veut monter une association dénommée les ‘’amis du baobab’’. L’idée est de Jean Michel Seck. Il est un homme de culture qui évolue dans le monde du pétrole. On a vu qu’avec l’urbanisation, le baobab a tendance à disparaître. Alors que le baobab est sacré. Chez les Lébous, on y fait des bains rituels. Chez les Sérères on y enterre les griots. Cela peut développer notre économie. On a des valeurs ici. Le jus de fruit du baobab peut être exporté.

Etes-vous soutenu par le Ministère de l’Environnement ?

On cherche à le contacter. On veut impliquer tout le monde. Le baobab est un symbole de notre nation.

Pourquoi juste Dakar et Gorée ?

On ne peut pas prendre tous les baobabs. On a ciblé les 24 baobabs. Par exemple, celui de l’Ucad va être baptisé baobab du savoir. Je suis même parti voir la personne qui était là quand on plantait ce baobab. On veut parrainer des baobabs et amener des touristes. On n’a pas beaucoup de ressources mais on peut réfléchir sur différentes choses.

PAR BIGUE BOB ET SOPHIANE BENGELOUN

 

 

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