‘’Pourquoi je ne suis pas allé au Grand-théâtre . . .’’
Sorano le reçoit ce soir avec son orchestre le ‘’Mbouba dialy’’. Assane Mboup promet un grand spectacle. Il était de passage hier dans les locaux de EnQuête. Une occasion pour revenir avec lui sur les préparatifs de sa soirée, son passage au sein de l’orchestre Baobab, etc.
Votre actualité, c’est votre soirée anniversaire ; où en êtes-vous ?
J’organise chaque année l’anniversaire de mon orchestre le ‘’Mbouba dialy’’. Cela nous permet de rassembler tous nos fans et de leur faire plaisir. Ce n’est pas mon jour de naissance que je fête mais plutôt l’anniversaire de mon orchestre. Je fais cela chaque année. Je vais donc jouer avec mon groupe. J’espère que les gens viendront massivement répondre à notre invitation. Je profite de l’occasion qui m’est donnée pour une fois encore lancer un appel à l’endroit de tous les artistes. Je les invite tous à venir prendre part à cette soirée pour que la fête soit belle.
Organiser une soirée d’anniversaire en l’honneur de votre orchestre dans le contexte actuel est-il pertinent, sachant que vous n’avez pas un nouveau produit sur le marché musical ?
Ce n’est pas parce qu’on n’a pas un nouvel album qu’on ne doit pas organiser une soirée d’anniversaire. Assane Mboup n’est plus un artiste à présenter au Sénégal. Je ne suis pas de ces artistes qui attendent d’avoir un nouveau produit sur le marché pour fêter leur orchestre. Mon répertoire me permet d’animer plus qu’une soirée. La production d’un album n’a rien à voir avec ce qu’on veut faire. C’est ma conviction.
Est-ce que ce n’est pas un moyen de se remplir les poches ?
Non, ce n’est pas ça. Je ne le conçois pas comme un moyen de chercher de l’argent. Même si je reconnais qu’en partie, c’est pour récolter des fonds. Le plus important pour moi, c’est de retrouver mes fans. Cela fait longtemps que je ne reste pas au Sénégal de façon permanente. Je tournais beaucoup avec l’orchestre Baobab. Maintenant, on a défini une stratégie de travail. C’est dans ce cadre qu’on a crée ce genre d’évènement où on invite tout le monde. On en profitera pour annoncer la sortie de notre album. Et à l’heure arrêtée, l’album sortira.
Je suis titulaire de onze albums. Donc, je n’ai pas besoin de nouvelles créations pour inviter mes fans à communier avec moi. C’est vrai que les Sénégalais pensent souvent qu’il faut impérativement avoir du nouveau à proposer pour être au devant de la scène. Mais, prenez l’exemple des musiciens du Baobab, ils peuvent rester quatre ans ou plus sans sortir d’album et pourtant à chaque fois qu’ils se produisent quelque part, c’est plein à craquer. Quand on acquiert une certaine notoriété, on peut facilement se passer de certaines choses même s’il faut quand même s’assurer une certaine promotion. Sauf que cela n’a rien à voir avec la sortie d’un album. Cette soirée va d’ailleurs me permettre de tester ma popularité et de m’assurer une certaine visibilité.
L’album qui va être annoncé va sortir quand ?
Je ne veux rien promettre dans ce sens. Ce dont je suis sûr est qu’il sortira et qu’on y travaille. Quand ? Cela reste à déterminer. Je sais aussi que je manque à mon public. J’ai passé un moment assez long au Baobab. Dix ans, c’est conséquent quand même. Encore que ma dernière production date de 2010. Je peux rester cinq ans sans sortir d’opus. Parce qu’aussi il faut savoir que pour avoir un produit de qualité il faut se donner du temps. Un album se prépare.
Je dois réfléchir et prendre en compte différents paramètres. Les sujets à traiter, le concept à adopter, sont des choses importantes. Je suis dessus. Dieu merci je n’ai rien perdu de mon talent, ma voix se porte à merveille. Il ne reste plus qu’à définir le plan de travail. Après avoir beaucoup tourné dans le monde, il me faut tester à nouveau mon public et définir la voie à prendre pour s’en sortir. Aussi ne perdez pas de vue que je suis un artiste autonome. Personne ne me soutient. Je ne compte que sur le Bon Dieu.
Vous étiez à Jololi, pourquoi ne pas signer avec Prince Arts ?
C’est vrai que j’étais à Jololi. J’ai fait deux albums que sont ‘’trésor’’ et ‘’ay beuganté la’’ avec cette maison de production. Jololi avait entièrement produit le premier. Le deuxième, c’est moi qui l’ai financé en amont et après, on a noué un partenariat. C’est suite à cela qu’on a arrêté de travailler ensemble. Si aujourd’hui ils ont de besoin de moi, je vais travailler avec eux et vice-versa. Il n’y a aucun problème entre nous.
Vous êtes absent du marché du disque depuis quatre ans. Vous jugez ce temps court mais beaucoup de choses se sont passées entre-temps. Wally Seck et Pape Diouf ont gagné beaucoup de galons. Que comptez-vous faire pour retrouver votre place au sein des leaders ?
Je n’ai jamais perdu ma place au sein des leaders. Quand vous dites Assane Mboup, tout le monde s’accorde sur le fait qu’il chante bien. J’ai encore ma place parmi les leaders. Je ne me trouve en concurrence avec personne. Je crois en certaines choses. Je me suis tracé une voie et je la suis. J’ai des objectifs bien définis que je compte poursuivre. Je ne suis en concurrence, une fois encore, avec quiconque. Je souhaite le meilleur à tous les artistes du Sénégal. Je ne me plains pas.
Pourquoi alors vous restez encore à Sorano au moment où la tendance est le Grand-théâtre ?
Je pouvais aller au Grand-théâtre. Pour moi, y aller ou rester à Sorano, c’est du pareil au même. Je n’ai pas le complexe de rester à Sorano. Je peux remplir le Grand-théâtre comme les autres. C’est juste une question de choix et j’ai choisi Sorano. J’y gagne beaucoup plus. Sorano est moins cher et les frais y sont moins lourds. Je n’ai aucun mécène. Je ne compte que sur le Bon Dieu. Le jour où j’aurai les moyens de me produire au Grand-théâtre, je le ferai. J’ai des parrains et des marraines pour la présente soirée mais pas de mécènes. Je connais des gens qui me soutiennent et m’aident mais je n’ai pas de mécène ni de producteur.
Seriez-vous à la recherche d’un producteur ?
Non je ne cherche pas de producteur.
Vous êtes encore membre de l’orchestre Baobab ?
Non j’ai quitté. Je voulais reprendre ma carrière solo. A un moment, je n’arrivais plus à allier les deux. J’ai sacrifié dix ans avec ce groupe. Il était temps pour moi de revenir m’occuper de ma carrière solo. Je ne suis pas revenu pour concurrencer quelqu’un .
Pouvez-vous revenir sur votre passage au sein de cette formation musicale ?
Je n’ai que de bons souvenirs de ce passage. Je reprenais les chansons de feu Ablaye Mboup. Pendant dix ans j’ai fait cela. Je gagnais la même chose que les autres musiciens. Il n’y avait pas de considérations particulières. On était tous au même pied. On a fait de grandes scènes du monde et on les a partagées avec de très grands noms de la musique à travers le monde. L’orchestre Baobab m’a amené sur des scènes où une carrière solo ne peut me mener. J’ai également beaucoup apporté au groupe.
Je ne dirais pas qu’aucun autre jeune ne pourra faire autant que moi, mais ce ne sera pas facile. J’étais avec des musiciens qui pouvaient être mon père. J’avais deux ans quand on formait le Baobab c’était en 1970. Je suis jeune vous savez. J’ai chanté très tôt et acquis une certaine notoriété. Mais j’ai acquis une certaine expérience avec cet orchestre. Je ne regrette rien de mon passage dans ce groupe. J’ai fait de la variété avec ce groupe. Aujourd’hui je peux chanter sur des rythmes salsa par exemple. L’orchestre Baobab est une école. Il y a de grands musiciens là-bas et ce sont des professeurs. Quand on les côtoie, on apprend beaucoup de choses.
Quel regard portez-vous sur l’évolution de la musique mbalax ?
C’est une musique qui est appréciée et bien consommée par les Sénégalais. C’est une musique moderne et aimée. Rien ne peut la détrôner.
BIGUE BOB