Publié le 4 Aug 2014 - 23:03
EN PRIVE AVEC MOISE AMBROISE GOMIS

 ‘’Ce que Youssou Ndour m’a fait . . .’’

 

L’ancien animateur de ‘’midi première’’ Moïse Ambroise Gomis a fait les beaux jours de la RTS. Aujourd’hui on ne le voit presque plus à l’écran mais son nom continue à occuper l’espace médiatique grâce aux différentes manifestations qu’il organise dont le concours des ‘’ciseaux d’or’’, le ‘’trophée prestige’’ de la coiffure mais encore et surtout grâce aux concours de beauté miss Sénégal et miss Jongoma. Dans cet entretien avec EnQuête, il règle ses comptes avec Youssou Ndour et la RTS.
 
 
On ne vous voit plus fréquemment à la télé comme avant. Etes-vous toujours dans l’audiovisuel ?
 
Je suis toujours dans ce que j’aime le plus, l’audiovisuel. Maintenant je suis parti à la retraite de la RTS. J’ai monté mon studio audiovisuel et je suis toujours dans l’évènementiel. Avant, toutes les tournées que je faisais étaient médiatisées parce que j’étais à la RTS. Aujourd’hui, la RTS est plus une boite commerciale. Il faut payer avant de passer. Nous avons deux télévisions privées : la TFM et Sen Tv. La 2Stv est une télévision à part. 
 
Pourquoi dites-vous cela ?
 
A l’exemple de ce que fait la fratrie Ndour avec TFM, El Hadji Ndiaye décide de tout à la 2Stv. Moi, en tout cas, il m’a donné l’occasion d’apprécier le travail qui se fait là-bas. C’est très rigoureux, c’est très sérieux. Mais je pense qu’il se mêle un peu de tout, même si c’est sa télévision. C’est ce qu’on lui a dit. En réalité, cette télévision n’appartient pas au promoteur. Les fréquences appartiennent à l’Etat. C’est parti comme ça et c’est dommage.
 
Pourquoi ne diffusez-vous pas sur les chaînes privées ?
 
Ces chaînes essaient de saboter le travail des privés. Moi je ne les comprends pas. Il y a des producteurs privés qui travaillent sur comment créer des sujets qui vont intéresser le public. Moi, j’ai créé des concepts et jusqu’à présent, il y a des gens qui vivent de ces concepts-là dans d’autres télévisions et sans qu’il y ait de bruit. Je pense qu’au lieu de nous faire la guerre ou de nous demander des sommes astronomiques pour faire passer nos concepts dans leurs chaînes, les responsables devaient plutôt collaborer avec nous.
 
Tout le monde y gagnerait. Elles pourraient avoir au moins des émissions à concept. Parce que nous avons beaucoup de choses intéressantes à proposer  aux  télévisions privées. Pour faire face, j’ai décidé de créer mon propre site internet où je vais diffuser en attendant que les choses s’éclaircissent. Je suis allé au CNRA, j’en ai parlé à la direction, mais elle dort toujours. Je m’excuse, mais mon ami Babacar  Touré était quelqu’un de très dynamique, mais, aujourd’hui, on dirait qu’il prend des pincettes avant de faire quoi que ce soit. Avant, il était un type qui réagissait immédiatement et avec force et vigueur. Je me souviens de ses tribunes dans Sud, mais je me dis que ce n’est plus le même homme. Quand il voit tout ce déchainement de bêtises à la télévision et qu’il ne réagisse pas et ne fasse rien en disant qu’il n’a pas la légalité pour ça, moi je dis qu’il peut. Il y a toujours un moyen pour agir. 
 
Et comment ?
 
Evidemment, on me dira que dans ce pays, quand vous dites à une chaîne de télé vous n’allez plus diffuser, ça crée un tollé et tout le monde est contre vous. Si vous n’avez pas de soutien, vous êtes éjecté au bout d’un moment. A la 22ème heure, c’est fini, on parle de votre remplaçant. Mais moi je pense que le jeu en vaut la chandelle. Il y a des intellectuels dans ce pays, des gens qui réfléchissent et qui savent où est la vérité. Ils savent que nos programmes télés, quand on en extrait le mbalax, il n’en reste pas grand-chose, encore que le mbalax, les gens le mettent en avant parce que cela les arrange. Vous savez, je ne veux pas encore parler de ça, mais c’est ça le problème.
 
On ne fait que de la musique et de la très mauvaise musique. Le mbalax-là, ça intéresse qui ? Essayer de l’exporter, mais cela ne passe nulle part. Ils nous bassinent les oreilles avec Youssou Ndour international. Ça, c’est juste Bercy, qui est la plus grande arnaque. Il y a des gens qui partaient sans payer, sans passer par la douane. Bercy, c’est aussi une vente de visas éhontée. C’est ça Bercy. Moi, ce ne sont pas des exemples que je donne au public sénégalais. Moi, je dis aux jeunes qui sont dans les Universités qu’ils fassent de la création, qu’ils montent des concepts et travaillent avec des gens sérieux. Mais quand je regarde ce qui se passe à la télévision, je suis sidéré.
 
Mais tout le monde se moque de nous. En Gambie, où j’ai  été de passage, quand il y a une émission sans concept, le directeur de GRTS  l’arrête. Et surtout là-bas quand vous avez un bon concept, c’est la télévision nationale qui vous accompagne. Moi j’ai été recalé à la RTS avec mon projet ‘’Bonjour l’Afrique’’. ‘’Recalé’’ parce qu’on l’a accepté avec enthousiasme et après, on envoie des réalisateurs en leur disant de traîner le pas. Vous êtes dans les starting-blocks, vous attendez, jusqu’à ce qu’une méchante crampe vous oblige à vous lever et à partir. Voilà le système RTS.
 
Même si on ne vous voit plus à la télé, vous restez très présent dans l’actualité. On parle de miss Sénégal, miss Jongoma, des évènements que vous organisez. Comment accueillez-vous toutes les critiques faites autour de ces deux évènements-là ?
 
Avec beaucoup de respect. Je suis d’accord que c’est grâce aux critiques que nous allons nous améliorer. Je prends tout ce qu’on dit avec beaucoup de philosophie. Les insultes, je les ignore. Mais les critiques qui te font avancer, oui, je les prends avec beaucoup d’enthousiasme et je préfère même discuter avec les auteurs de celles-ci pour voir comment améliorer. Jongoma, je n’en parle plus parce que je ne pense même plus avoir le temps de le faire.
 
Mais là, nous avons découvert, dans les papiers faits dans la presse par un journaliste qui ne mérite même pas que je l’appelle comme ça, que les informations étaient fausses. Il passait son temps à dire, dès qu’il y avait Jongoma quelque part, que les imams et oulémas avaient élevé la voix. C’était complètement faux. Cela sortait de son imagination. Des gens tapis dans l’ombre ont voulu saboter  la finale de Jongoma. Ils ont  fait peur aux gens de la Sen Tv en leur disant qu’ils allaient casser leurs locaux. Ce n’était que de l’arnaque. Quand des gens vont jusqu’à payer quelqu’un pour qu’il aille porter plainte contre la Jongoma, c’est grave. Dans quel pays sommes-nous ? Il n’y  a plus de liberté. 
 
Vous aviez pourtant annoncé récemment une nouvelle édition de Jongoma. Y avez-vous renoncé ?
 
Non mais quelle est la télévision qui va accepter de nous supporter et de passer l’élément ? Avec mon site internet, je serais beaucoup plus libre. Mais je trouve dommage que les gens n’aient pas accepté cela parce que tout le monde sait que Jongoma, ce n’est rien d’autre que la femme sénégalaise. Culturellement, on ne peut pas dire le contraire. Moi, j’acceptais plus Jongoma que miss Sénégal. Ce n’est pas nous. On ne l’a pas créé. Nous n’avons fait que singer ce que font nos colons de patrons. Jongoma, c’est la femme sénégalaise dans ses plus beaux moments. Il faut admettre que ces femmes-là, à cet âge-là, ont le droit de s’amuser. Je n’ai pas compris les critiques. Sur le plan africain, cela se fait partout. 
 
Les critiques trouvaient vulgaires les femmes qui participaient à ce concours
 
Vous savez, quelquefois, il y a tellement d’ambiance dans les salles. On les provoque un peu. Les batteurs de tam-tam leur font des signes. Les gens dans la salle ne les laissent pas tranquilles. Et les Jongomas ne sont pas des filles de chœur. C’est certain que ce sont des femmes qui connaissent la vie, mais on les poussait à se déhancher. Elles pensaient que c’était cela qui allait les départager au bout. Je pensais que si on avait eu le temps de rectifier, tout cela aurait été mieux accepté. Je ne regrette absolument rien. C’était une opération à faire et je l’ai réussie. Cela a eu un retentissement extraordinaire, jusqu’en France, aux Usa, tout le monde en parlait. Je sais qu’un jour ou l’autre, des jeunes reprendront ce concept et l’amélioreront.
 
Pour miss Sénégal le niveau du casting est jugé trop faible. Qu’en est-il exactement ?
 
C’est ce qu’on me dit. Mais avant, c’étaient les mêmes personnes qui faisaient les castings. Nous l’avons fait pendant 17 ans. Il y a eu 2 ou 3 élections qui n’étaient pas cela. Je le reconnais moi-même. Mais cela, c’est au niveau national. Vous avez vu le niveau du Bac cette année ? L’enseignement au Sénégal a régressé. Ce sont des filles qui ont le niveau du Bac ou qui sont à l’université que nous prenons. J’ai vu des filles qui sont à l’université mais le français qu’elle nous sorte n’est pas terrible. Il y a un tassement du niveau des candidates. Ne jetons pas l’eau du bain avec le savon non plus. Pendant 17 ans, nous avons tenu la dragée haute et nous avons ramené des trophées africains.
 
Aujourd’hui, ce qu’ils disent j’en suis moi-même conscient, mais il faut aussi qu’ils sachent qu’on ne peut pas prendre n’importe qui. C’est vraiment difficile de trouver des jeunes filles. On dit il y en a et il faut les chercher. Il faut les chercher où ? Il y a des jeunes filles que leurs parents protègent, qui ont un excellent niveau mais qui ne feront pas miss Sénégal à cause de leur famille ou à cause des pesanteurs de la société sénégalaise. Il faut aussi  que les candidates comprennent que Miss Sénégal est plus un titre que des cadeaux. C’est regrettable de les voir réclamer 200.000 FCFA dans la presse. C’est moi qui mets  mon argent dans l’organisation de Miss Sénégal.
 
Beaucoup de choses ont été dites sur la dernière édition et des accusations graves faites contre le comité d’organisation. Quel commentaire en faites-vous?
 
Il faut que les directeurs de publication surveillent les personnes qu’ils envoient. Moi, j’ai mis en place un système. Je leur ai envoyé un bus. Je leur ai loué des cabanons. On s’est occupé de ces journalistes-là. Je ne dirai pas journaliste pour ne pas insulter toute la profession, parce que certains n’ont pas ce niveau. Mais ils sont venus représenter des organes de presse. Rien que pour cela, nous leur devions du respect.
 
J’ai été très surpris le surlendemain, dans un journal qui se dit leader, au lieu de parler de la miss ou des autorités présentes, on a préféré mettre à la une les supposés dires d’une jeune fille de la Casamance. Comme quoi, des membres du comité d’organisation leur proposaient des choses pas décentes. C’est scandaleux de voir cela à la une d’un journal à fort tirage. C’est du sabotage. Je suis quand même du métier. J’ai senti immédiatement qu’il y a anguille sous roche. J’ai saisi mon avocat à Dakar qui s’est déporté immédiatement sur Sally avec le journal. Mon avocat a voulu les assigner afin qu’ils apportent les preuves de ce qu’ils avancent. Je me demande comment on peut entourer une gamine qui a à peine de 17 ans comme ça et lui poser des questions à gauche et à droite pour lui faire avouer des choses qu’elle ne connait pas. Voilà le problème. Ces gens-là étaient venus dans le but de saboter le spectacle. Rien d’autre. La preuve, dès le lendemain, on a eu le démenti en première page.
 
Ce n’est pas professionnel, même s’il y a eu le démenti. C’est malheureux. C’est peut-être moi Moïse Gomes, je ne suis pas tout blanc. Mais j’ai quand même travaillé dans ce pays pendant 35 ans. Je n’ai pas fait que de mauvaises choses. Que les gens ne m’aiment pas, moi non plus. Mais disons ce qui est vrai. Ce qui s’est passé à miss Sénégal, c’est de la fiction. Après, on me reproche de ne pas avoir beaucoup de sponsors. Mais comment les sponsors vont répondre si une certaine presse sabote les choses. Malgré tout, tous les ans, nous avons un record de participations.
 
Qui vous en voudrait tant au point de vous mettre des bâtons dans les roues ?
 
Youssou Ndour en tête. Il y a eu une entreprise de démolition de ma structure dans laquelle il y avait 8 personnes. Moi je suis opérateur privé. Je me suis battu pour monter mon affaire. J’ai signé des contrats et Dieu sait que nous avons de bonnes choses dans le domaine de la coiffure et de la mode. Moi je pensais que M. Ndour ne s’occupait que de la musique ou de ses autres affaires, il en a tellement. Mais quelle a été ma surprise de voir que ce sont mes employés qui l’intéressait et j’ai une liste de 5 ou 6 personnes qu’on a fait partir.
 
Je me souviens même, à l’époque, Camou Seck qui était mon mannequin, que j’ai formé et que j’ai amené à la mode et tout, ils n’ont pas craché dessus, ils l’ont emmené. Cela ne me gêne pas tant que les gars y trouvent leur compte. Mais qu’ils ne sabotent pas mes spectacles. Qu’ils me laissent vivre. Je ne suis roi de rien du tout, je veux juste faire ma part de travail dans ce pays. Je suis dans la culture, la mode et je reste là-dedans.
 
Je tape sur Youssou Ndour parce que c’est lui le patron. Il ne peut pas dire qu’il n’est pas au courant qu’on m’a pris tant d’employés. Il a vu tout ce qu’on a raconté sur moi dans son journal. Il a vu qu’on a monté une émission spéciale pour dénigrer Ambroise Gomis. Je n’ai pas répondu. Je ne suis pas de ce niveau ni du niveau de ces animateurs. Moi je réponds par des émissions avec concept.
 
Pourquoi continuez-vous encore malgré toutes les critiques et les sabotages dont vous parlez ?
 
Je continue parce que j’aime ça. Je ne peux pas m’arrêter parce que je leur donnerai raison. On ne m’attaque même plus sur les concepts, mais on dit que je suis vieux. Oui j’assume. J’ai le droit de vivre, de travailler et je le revendique. 
 
BIGUE BOB

 

Section: 
PARCOURS D’UNE FÉMINISTE EN MUSIQUE : Sister LB, entre hip-hop et justice sociale
LE RAP AU SÉNÉGAL : L’évolution d’une musique qui s’adoucit
Première Dame en chine
MEURTRE D’AZIZ DABALA ET DE SON NEVEU : Ce que révèle l’enquête
AZIZ DABALA TUÉ CHEZ LUI : Horreur à Pikine
JOSIANE COLY AKA JOZIE : Au nom du père et de la musique
TELLE QUELLE - OUMY DIOP, NAGEUSE La reine du 100 m papillon en Afrique
DÉCÈS DE TOUMANI DIABATÉ : Sidiki perd sa boussole
RECHERCHÉ DEPUIS UN AN POUR TRAFIC INTERNATIONAL DE DROGUE Le rappeur AKBess interpellé et envoyé en prison
ITW - SATOU BAMBY (ARTISTE-MUSICIENNE) : "Je veux être dans les annales comme Youssou Ndour et Coumba Gawlo"
DIARRA SOW, DIRECTREUR GENERAL DE L’OFFICE DES LACS ET COURS D’EAU : Une spécialiste de la gestion intégrée des ressources en eau aux commandes de l'Olac
Le Festival de jazz de Saint-Louis accueille des artistes de renom
PORTRAIT DE PAPE ALÉ NIANG : Itinéraire d’un journaliste insoumis  
PORTRAIT MAIMOUNA NDOUR FAYE (PATRONNE DE PRESSE) Amazone et self-made woman
AICHA BA DIALLO, ACTRICE : Une étoile à l’écran
SORTIE DE L’ALMBUM ´´SSP’´ : Omzo Dollar entend corriger les jeunes rappeurs
NOUVEL ALBUM DE CARLOU D : Le ‘’Baye Fall’’ surfe sur les sommets
DEUXIÈME ALBUM DU PIONNIER DE L'URBAN GOSPEL : Scott s’ouvre à de nouvelles sonorités
COMPILATION ‘’DEFATI DARA’’ : Gaston regroupe vingt-neuf artistes
APRÈS UNE LONGUE ABSENCE : Dip revient avec ‘’LFLF’’