Publié le 17 Jan 2014 - 21:25
EN PROFONDEUR

La Guinée Bissau, «narco-Etat» en quête de renaissance

 

Petit pays, grands problèmes. Telle est la Guinée Bissau, le voisin le plus turbulent du Sénégal. Empêtrée dans des crises multidimensionnelles depuis plusieurs années, entre une classe politique majoritairement ultra-corrompue, et une armée super-mexicaine où le nombre de gradés est supérieur à celui des hommes de troupes, selon le Rapport spécial du centre d'études stratégies de l'Afrique (CESA) du Département de la Défense des Etats-Unis, la Guinée Bissau est mondialement et tristement célèbre pour être accroc au trafic de drogues dures. Aujourd'hui, elle apparaît comme l'un des pivots de la déstabilisation potentielle de l'ouest africain même si, avec des forces de résistance internes, elle refuse de mourir...

 

La Guinée-Bissau, voisine immédiate du Sénégal, est-il un État au sens politique et institutionnel du terme ? Sans doute «oui», répondent les experts en la matière.

Sans doute «non», affirment d’autres au regard du mode de fonctionnement de ce pays soumis à la terreur silencieuse de la drogue laquelle structure globalement et fondamentalement la marche des organes qui font office d'institutions, le comportement des responsables censés gouverner et, par conséquent, l'avenir de cet État où l'armée elle-même est déjà un...Etat.

Dans tous les cas, il est communément admis que ce pays particulier, après avoir arraché son indépendance dans le sang et la douleur en 1975, a du mal à se muer en État normal depuis quarante ans. Le «Rapport spécial n°2» du Centre d’Études Stratégiques de l’Afrique (CESA), un levier du Pentagone, le ministère américain de la Défense, tente de le démontrer.

Intitulé «Progrès en matière de stabilité et de réconciliation en Guinée-Bissau : enseignements tirés du premier narco-Etat d’Afrique», ce document met le doigt sur les véritables maux qui assaillent notre turbulent voisin. Ils vont de l'excessive politisation et du poids de l'armée aux enjeux financiers et de pouvoir portés par le trafic de drogue en passant par les lignes de concurrence ethnique qui pèsent sur chaque événement.

Les chiffres des institutions internationales concernant la Guinée Bissau donnent le tournis, indique le Rapport spécial du Pentagone Us. Par exemple, entre 1980 et 2012, la moyenne du taux de croissance annuel n'a jamais dépassé... 0,4 %. Durant cette période de trente ans, le revenu réel par habitant n'a augmenté que de 5 %, passant de 158 à 166 dollars Us par an.

Quant à la mortalité infantile, elle reste 40 % plus élevée que la moyenne en vigueur en Afrique subsaharienne. La déliquescence des institutions et services de base publics est telle, constate le Cesa, que «un grand nombre d'autres données sur les taux de fréquentation scolaire, les dépenses publiques et d'autres mesures de performance du développement n'a pas été recueilli régulièrement depuis le début des années 2000.»

Pour Davin O’Regan et Peter Thompson, les co-auteurs du rapport, la situation de chaos dans le pays ne date pas d'aujourd'hui. Mais le coup d'Etat d'avril 2012 a créé l'effondrement général d'une économie qui «a reculé de 2,5 % en 2012», tandis que les exportations ont «chuter de moitié» dans le secteur vital de la noix de cajou qui emploie 80 % de la main d’œuvre nationale.

Aliment de base des Bissau-Guinéens et dont les 2/3 tiers sont importés, le prix du riz est passé du simple au double, appauvrissant du coup davantage des populations déjà fragilisées par la précarité. Face à la gravité de la situation, le Programme alimentaire mondial (PAM) lance en mars 2013 un appel d'urgence en faveur de 300 000 personnes menacés de famine.

L'armée, cœur et cerveau du pays

Selon la plupart des experts en géostratégie, deux éléments caractérisent aujourd'hui la Guinée Bissau : son armée et le trafic de drogue. Deux éléments que même la plupart d'entre eux jugent confondants  et ombilicalement liés.

Plus qu'une institution, l'armée est à la fois l'Etat, la République, le Pays et les Institutions. Un titre de gloire tiré de la lutte d'indépendance contre les Portugais. Ainsi, l'article 5 de la constitution «exprime (la) reconnaissance éternelle (de la Guinée-Bissau) aux combattants qui, par leur sacrifice volontaire, ont garanti la libération de la patrie du joug étranger, en reconquérant la dignité nationale et le droit de notre peuple à la liberté, au progrès et à la paix.»

* Les hauts gradés plus nombreux que les hommes de troupes

Structurée autour de cette donne intangible faite d'avantages, de passe-droits et de quasi impunité, l'armée en a accumulé les tares du point de vue de sa représentation. Aujourd'hui, note le rapport, «le ratio de soldats par rapport au reste de la population (est) deux fois plus élevé que la moyenne en Afrique de l'Ouest.»

D'après une étude publiée en 2008 par le Bureau intégré des Nations-Unies pour la consolidation de la paix en Guinée-Bissau, la structure d'âge des forces armées s'établit comme suit : les plus de 60 ans font 5 % des effectifs, 51 % pour les 40 à 60 ans, 44 % pour les 20 à 40 ans, alors que les soldats âgés d'au moins de 20 ans représentent 0,1 % du total. En gros, «plus de la moitié de l'armée a plus de 40 ans, et 45 % de l'ensemble des militaires en service actif ont plus de 20 ans de service.»

En plus de l'extrême concentration du personnel militaire dans la capitale Bissau (70 %), «il y a deux fois plus de haut-gradés dans les forces armées qu'il n'y a d'hommes de troupes.» Conséquence de cette disproportion : l'armée de Guinée Bissau est «une institution moins dynamique et moins axée sur les missions au service de l'Etat qu'un club exclusif d'individus vieillissants, opérant souvent en fonction de leurs intérêts personnels.»

Considérées comme une survivance du long règne de Joao Bernardo Vieira «Nino», les rivalités violentes entretenues autour du poste de Président de la République constituent une «fonction structurelle du système politique du pays, dans le cadre duquel une concentration disproportionnée du pouvoir réside entre les mains du président», analyse le rapport du Cesa.

Deux scénarios s'en dégagent : «les proches (du chef de l'Etat) ont accès à des opportunités financières et des avancements de carrière dont ne dispose pas le reste de la population», d'une part. «Quant aux individus exclus de ce cercle, ils sont sujets à des mesures d'intimidation et à l'application arbitraire de la loi.»

La cocaïne, nerf de la vie politique

Depuis plusieurs années, l'image de la Guinée Bissau est étroitement associée au business de la cocaïne, «avec l'explosion des flux de stupéfiants à forte valeur ajoutée», relève le document. «A titre d'exemple, l'on estime que la valeur du commerce de la cocaïne en Afrique de l'Ouest est au moins huit fois plus importante que celle du trafic d'armes (…) et plus importante que le trafic de toutes les autres marchandises illégales dans la région.»

Du reste, les histoires recueillies ces dernières autour de ce trafic ultra lucratif renseignent sur l'ampleur de ce que peuvent être les enjeux liés à la maîtrise du pouvoir politique dans ce pays.

En février 2013, rapporte le document d'enquête, «des informateurs avisent la police judiciaire de Guinée Bissau de l'atterrissage illégal d'un avion sur une piste (…) de fortune sur l'île d'Ilha de Melo près de la frontière sud. Malheureusement, (la police judiciaire) ne dispose pas des moyens de transport nécessaires pour atteindre l'aéronef avant qu'il ne décharge sa cargaison et disparaisse.» Tonnage de la drogue : 300 kg. Valeur estimative locale : 2,4 milliards de francs Cfa.

En octobre 2012, «un petit avion à hélices atterrit à l’aéroport de Bissau. Des preuves font surface indiquant que l’avion pourrait être enregistré au nom du même homme d’affaires sénégalais recherché en relation avec l’atterrissage d’un 727 transportant de la cocaïne au Mali en 2009.» Tonnage inconnu.

En décembre 2011, «signalements de deux avions livrant des cargaisons séparées de 750 kilogrammes de cocaïne sur des pistes d’atterrissage de fortune gérées par des soldats. Des rapports ultérieurs laissent entendre que des différends concernant ces cargaisons pourraient avoir déclenché les actes de violence qui se sont produits entre les soldats à Bissau le 26 décembre.» Tonnage : 1500 kg de cocaïne estimés à 12 milliards de francs Cfa sur le marché local (contre 39 milliards Cfa en Europe).

En mars 2010, «le général Indjai reconnaît son rôle dans l’atterrissage d’un avion bourré de drogue à Cufar, en Guinée-Bissau.»

En juillet 2008, «un avion en provenance du Venezuela fait un atterrissage illicite à l’aéroport de Bissau et se gare dans un hangar militaire. On empêche les douaniers de fouiller l’avion, qui est déchargé.

Jamais on n’y trouve de drogue, mais les chiens renifleurs et l’examen ultérieur de l’avion semblent indiquer qu’il en transportait 500 à 600 kg. Les pilotes déclarent qu’ils transportaient des médicaments pour les forces armées.» La quantité trouvée équivaut à 4,450 milliards de francs Cfa sur le marché local.

«Concurrence ethnique»

La récurrence des coups d'Etat civilo-militaires a fait de la Guinée Bissau une entité fragile, instable et finalement dangereuse pour elle-même. A ce facteur pesant, est venue s'ajouter une féroce «concurrence le long des lignes ethniques» dans un pays qui ne compte pas moins de onze ethnies d'inégale représentation au niveau de la population.

La diversité ethnique est jugée forte, même si c'est le grand écart entre Balantes (27%) et Diolas (1,5%), entre Fulas (23%) et Nalus (1%), entre Mandingues (13%) et Banhuns (1%), entre Mandjacks (11%) et Bijagos (2,5%), entre Papels (7%) et Beafadas (3%)...

«Une dimension ethnique est en train de s’ajouter au cycle de crises, surtout au sein de l’armée, compliquant encore davantage la situation. Il s’agit d’un aspect relativement inédit de l’instabilité du pays», lit-on dans le document du Cesa, mais cela découle d'une histoire. En effet, «au cours de la guerre de libération contre le Portugal, de 1963 à 1974, et de la période qui a immédiatement suivi l’indépendance, la diversité ethnique du pays n’était pas politisée.

Dans les années 80, les tentatives du président Vieira d’entasser ses loyalistes dans les institutions publiques a conduit à une sur-représentation de son groupe ethnique, les Papel...» Pour le Papel Nino Vieira, l'acte était bien réfléchi : il y avait une volonté de réduire l'écart de représentation avec les Balantes qui, rappelle l'enquête, constituent 80% des forces armées bissau-guinéennes.

C'est pourquoi, arrivé au pouvoir, le Balante Kumba Iala n'a eu de cesse d'appuyer sur le levier ethnique en tant que «stratégie de mobilisation», une façon comme une autre de contrebalancer «son piètre bilan à la tête de l'Etat».

Entre Cedeao et Cplp

Même sur les genoux ou à moitié paralysée, la Guinée Bissau n'abdique pas dans sa volonté de renaître pour rejoindre le cercle large des pays normaux. Dans cette perspective, elle s'est ouverte à nombre de partenaires au plan régional, africain et international. Mais pour ce pays «guerrier» à qui l'indépendance n'a pas été offerte, la «méfiance» à l'endroit d'une certaine communauté internationale reste de mise.

Ses relations avec le Sénégal restent «compliquées» au regard de facteurs d'ordre historique, politique et économique. Ce voisinage souffre du cancer casamançais quand Dakar soupçonne très fortement Bissau (et Banjul, à côté) d'exercer un chantage permanent contre sa stabilité en laissant les indépendantistes du Mouvement des forces démocratiques de la Casamance (MFDC) d'entretenir des bases de repli rebelle sur (leurs) territoires.

Par rapport à la situation politique interne, la Communauté des pays de langue portugaise (CPLP) et la Communauté des Etats de l'Afrique de l'ouest (Cedeao) «semblent soutenir différents réseaux d’alliés en Guinée-Bissau, ce qui renforce la polarisation politique et l’obstination des élites dans le pays.» «L'approche de la Cplp (…) contraste fortement avec celle de la Cedeao. Depuis le coup d'Etat (avril 2012, Ndlr), les dirigeants bissau-guinéens déposés représentent leur pays aux sommets de la Cplp», indique le document du Pentagone.

«L'organisation refuse de reconnaître les autorités de transition et plaide pour un retour immédiat au régime constitutionnel.» De fait, «(Carlos) Gomes Junior et d'autres membres de l'élite politique et militaire vivent en exil au Portugal, siège de la Cplp.»

En face, la Cedeao a suspendu la Guinée Bissau avant d'imposer des sanctions aux militaires responsables du putsch. «Cependant, elle a rapidement négocié un cadre de transition en mai 2012 avec le commandement militaire d'Antonio Indjai et plusieurs partis d'opposition», lequel cadre ne devant durer que douze mois avant sa prolongation jusqu'en fin 2013. A la tête de la présidence de transition, la Cedeao a «placé» Manuel Serifo Nhamadjo, ex-parlementaire communautaire.

Du business malgré tout

Malgré tout, ce pays existe sur d'autres plans. Commercial, entre autres. Et les affaires s'y passent plus ou moins bien pour certains groupes ou pays. Par exemple, le Portugal, ancienne puissance coloniale et parrain de la Cplp. Ce pays de l'Union européenne «est perçu comme étant le perdant du coup d'Etat» d'avril 2012.

«En effet, rapportent les enquêteurs du Cesa, de grande sociétés portugaises, dont des franchises publiques, entretiennent des relations avec des entreprises liées à Carlos Gomes Junior, notamment le vendeur d'essence au détail Petromar, détenu majoritairement par Galp Energia, et la plus grande banque de détail du pays, Banco da Africa ocidental (BAO), auparavant détenue par la grande banque d'investissement portugaise Montepio Geral.»

Mystérieux, le Chinois de Macao, Stanley Ho, un magnat du jeu et propriétaire de l'entreprise Geocapital qui «a acquis une participation de contrôle dans BAO en 2007, en même temps que Carlos Gomes Junior (réfugié au Portugal) vendait ses actions dans dans la banque.»

Selon nos informations, Geocapital de monsieur Ho participe directement à la gestion des lignes de crédit de l'Angola en Guinée Bissau à travers sa filiale Global Pactum elle-même actionnaire de la Banco Privado Atlantico.

Pour les Américains, «l'association des liens limités de la Guinée Bissau avec le système financier international et de la taille de la BAO et de ses relations avec les banques portugaises, cap-verdiennes, macanaises et angolaises font du pays un intermédiaire parfait pour le blanchiment des recettes du trafic de drogue.»

C'est pourquoi Stanley Ho «a fait l'objet d'enquêtes par les organismes américains de réglementation et d'application de la loi en raison de ses liens avec blanchiment d'argent et le crime organisé.»

* Infrastructures chinoises

Comme presque partout où elle intervient, la République populaire de Chine a fait bénéficier à Bissau de nombreuses infrastructures d'utilité publique et institutionnel. «Sans conditionnalités», selon le principe de base de la coopération bilatérale défendue par les autorités chinoises.

En 2006, Beijing a ainsi financé la construction du siège de l'Assemblée nationale, avant celle du Palais de justice en 2008. En 2010, un hôpital moderne et des baraquements militaires ont été remis aux autorités locales. Et un an plus tard, un immeuble de plusieurs étages pour l'administration publique a été inauguré, accompagnant la restauration du Palais présidentiel, révèle le document du Centre d'études stratégiques de l'Afrique.

«La Chine a également accordé des plans d'assistance budgétaire à l'Etat, notamment une enveloppe de 4 millions de dollars (environ 2 milliards Cfa) en 2005 pour payer les retards de salaires des fonctionnaires et financer une réunion de la Cplp à Bissau.»

* Angola, puissance montante

Le contingent de la Mission de sécurité angolaise en Guinée Bissau (MISSANG) a dû quitter le pays sous la pression conjuguée de factions militaires locales, de la Cedeao et de l'Union africaine. Mais les intérêts économiques du pays José Eduardo Dos Santos demeurent, notamment en raison de sa puissance militaire et des capacités financières que lui offre l'exploitation des hydrocarbures dont le pétrole.

«La société minière Bauxite Angola a annoncé en 2007 un investissement de 321 millions de dollars en Guinée-Bissau et a payé une commission initiale à l’État d’un montant de 13 millions de dollars pour exploiter les gisements de bauxite (ingrédient principal de l’aluminium) dans le sud-est du pays et pour la mise en place d’un port dans la ville de Buba de manière à faciliter les exportations», lit-on dans le rapport du Cesa.

Pour les autorités angolaises, l'enjeu est de taille et vaut tous les sacrifices car cette région «a à peu près les mêmes caractéristiques géologiques que la Guinée voisine, plus grand producteur de bauxite d'Afrique.»

En outre, le capital de cette entreprise (Bauxite Angola) est disséminé entre trois actionnaires : «70% au géant angolais Sonangol et à Banco Angolano de Investimentos ; 20% à l'Etat angolais et 10% à l'Etat bissau-guinéen.»  

Par ailleurs, rn 2010, Luanda a aussi annulé pour Bissau une dette de 38 millions de dollars (environ 19 milliards Cfa), et offert un crédit de 25 millions de dollars (12 milliards Cfa).

Finalement, «un Etat fragile»

Les conclusions du Rapport spécial du Centre d'études stratégiques de l'Afrique sont sans appel. La Guinée Bissau polarise sur elle tous les ingrédients d'un «Etat fragile», à savoir : «centralisation de l'autorité, faiblesse des institutions, médiocrité de la gouvernance du secteur de la sécurité, développement à un niveau minimal, conflits et divisions sociales.» Autant de conditions qui font le terreau des trafiquants de stupéfiants, ajoute le document.

Cependant, même s'il est un cas emblématique, la Guinée Bissau n'est pas un cas particulier car «plusieurs combinaisons de ces différentes circonstances existent dans 25 Etats» en Afrique, «tous répertoriés comme étant dans un état «critique» ou «en danger» de faillite, et soumis tout autant au «défi de la stabilisation.»

Le trafic de drogue «à forte valeur ajoutée» a pris de l'ampleur dans les Etats voisins comme le Sénégal, utilisé comme «base» et «où des quantités importantes de cocaïne ont été saisies», et la Gambie où «une banque a été sanctionnée par le gouvernement américain en raison de ses liens avec un réseau ouest-africain de trafic de drogue et de blanchiment d'argent opéré par le Hezbollah».

Le trafic de cocaïne et d'héroïne, ainsi que la fabrication d'amphétamines ont gagné de l'espace en Sierra Leone, au Liberia, en Côte d'Ivoire, au Ghana, au Niger, et au Nigeria où «depuis juillet 2011, cinq laboratoires sophistiqués de fabrication d'amphétamines ont été découverts», rappelle le rapport du Pentagone.

Entre «sur-concentration de pouvoir entre les mains du président» et «inversement, la faiblesse des contre-pouvoirs du système politique qui ont engendré (…) cette complexe situation actuelle d'instabilité dans le pays», c'est l'Afrique qui est ainsi mise au défi.

Pour s'en sortir

A cet effet, recommande le Rapport spécial du Cesa, un nouveau «système de contre-pouvoirs» issu d'une révision de la constitution bissau-guinéenne pourrait octroyer au Premier ministre «davantage de pouvoirs exécutifs» par la réduction des prérogatives du Président «en matière de nominations aux niveau national, régional et local.»

Si le Parlement pourrait être renforcé pour ce qui est de «l'approbation des budgets et de contrôle des dépenses», il serait essentiel de laisser plus de «pouvoir et d'autonomie» à d'autres entités fondamentales dans la lutte contre le trafic de drogue, la corruption et les assassinats politiques. Ces entités sont le Bureau du procureur, les tribunaux, la commission de lutte contre la corruption, la commission de défense des droits de l'Homme, etc.

Société civile et presse, les forces de «résistance»

Ce sont les deux pôles principaux de «résistance et d'influence» dans ce pays qui ont «besoin de soutien». Mais «ils font face à des intimidations et des violences de plus en plus importantes de la part des responsables militaires et politiques qui n'apprécient pas l'attention que génèrent ces différents acteurs indépendants», indique le Rapport.

D'où la recommandation en faveur de «lois visant la criminalisation de la prise pour cible» de journalistes et de médias indépendants, mais aussi des défenseurs des droits de l'Homme et de membres de la société civile. «L’État doit également cesser d’utiliser le matériel récemment acquis visant à identifier

 les radios communautaires et à en limiter les émissions», ajoute le document.

Le renforcement de capacités techniques et éditoriales pour les journalistes de la presse orale et écrite est vu comme un besoin pressant afin de «développer leur influence et leur engagement vis-à-vis de la population», de «mettre en réseau» l'ensemble des acteurs afin qu'ils puissent «résister ensemble aux fauteurs de troubles et aux mesures d'intimidation.»

La Guinée Bissau en chiffres...

Superficie : 36 120 km2

Population : 1,7 million d'habitants

Croissance démographique : 2,39%

Population urbaine : 44,6%

Espérance de vie : 48,6 ans

Alphabétisation : 54,18%

PIB par habitant : 581 dollars

Indice de développement humain : Rang 176/187

Taux de croissance en 2012 (-1,5%) et en 2013 (3,5%)

(Source Jeune Afrique HS N°35)

MOMAR DIENG

 

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