Publié le 23 Oct 2024 - 13:28
ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR

Les enseignants vacataires dénoncent leur situation de "misère et de galère"

 

Les enseignants vacataires alertent sur les difficultés qu’ils rencontrent : rémunérations qui traînent, précarité, problèmes de recrutement. Ils acceptent de prendre part aux Assises sur l'enseignement supérieur, la recherche et l'innovation (Anesri), mais exigent la prise en compte des conclusions de Saly dans ces assises.

 

Le Rassemblement des enseignants vacataires des universités du Sénégal (Revus), un cadre de concertation et d'échanges regroupant tous les enseignants vacataires des huit universités publiques du pays, alerte sur la "précarité" de ses membres et sur la nécessité d’un recrutement massif. Sur le premier point, le docteur Papa Momar Fall indique que les enseignants vacataires ont du mal à joindre les deux bouts, malgré l’importance du travail qu’ils abattent.

"Les enseignants vacataires sont mal rémunérés et restent souvent plusieurs mois sans recevoir leur salaire. Nous respectons le travail des plombiers et des menuisiers, mais il faut dire que même eux reçoivent leur salaire à temps. Alors que nous, on nous fait attendre alors que nous sommes confrontés à plusieurs difficultés", a-t-il indiqué hier. Une situation de misère et de galère, selon le chargé de revendications, Matar Diop.

"Les enseignants vacataires représentent plus de la moitié du corps enseignant et même plus de 70 % dans certaines universités", renseigne Mamadou Diatta, coordonnateur national adjoint. Malgré le travail abattu dans les règles pour une université performante, "les enseignants vacataires du supérieur ne sont pas rétribués à la mesure des efforts consentis. Ils sont régulièrement confrontés à des problèmes insupportables dans leurs rétributions. Ils n'ont pas de statut dans le système universitaire et ne disposent d'aucun accompagnement pour mener à bien leurs recherches. Les vacataires espèrent tous un recrutement dans les différentes universités publiques sénégalaises pour combler le gap criant d'enseignants-chercheurs. Une attente qui peut durer plusieurs années sans plan de carrière", a-t-il regretté.

Assises sur l'enseignement supérieur

Après l'installation du nouveau régime, ils ont rencontré le ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, Dr Abdourahmane Diouf, lors d'une audience, pour le sensibiliser sur les conditions dans lesquelles les enseignants vacataires vivent dans le système universitaire. "Le ministre a été très attentif à notre cause et nous le remercions pour sa volonté de mettre un terme à cette injustice sociale. Il nous a conviés au séminaire de Saly en mai-juin 2024", a relaté Mamadou Diatta.

Ce séminaire a recommandé un recrutement massif de 1 500 enseignants-chercheurs pour l'année académique 2024-2025 ainsi que la mise en place d'un statut pour l'enseignant vacataire. En plus, le ministre vient de sortir une circulaire pour supprimer la fixation de la limite d'âge de 45 ans dans les appels à candidatures concernant le recrutement des personnels d'enseignement et de recherche (PER) dans les universités publiques.

Cependant, la mise en œuvre de ces recommandations ne semble pas être à l'ordre du jour, selon le Revus, qui déplore cela. En perspective des assises sur l'enseignement supérieur, la recherche et l'innovation (Anesri) qui sont sur le point d'être organisées pour discuter à nouveau de l'enseignement supérieur, "nous acceptons et nous prendrons part. Néanmoins, nous exigeons la prise en compte des conclusions de Saly dans ces assises", a affirmé le coordonnateur national.

Pour rappel, les enseignants vacataires participent avec abnégation, pertinence et professionnalisme aux activités pédagogiques et de recherche : cours magistraux, travaux dirigés, travaux pratiques, corrections de copies, surveillances d'examens, encadrements des étudiants en masters et en thèses. Ils contribuent également aux publications scientifiques comptabilisées par l'institution et participent à la notoriété de l'université sénégalaise.

Mamadou Diatta souligne que les universités du Sénégal, conformément au décret n°81-1212 du 9 décembre 1981 fixant les conditions de nomination, d'emploi, de rémunération et d'avancement des personnels enseignants non titulaires des universités, ont pris pour tradition d'employer des enseignants non titulaires. Ces enseignants, qui sont des vacataires, sont chargés d'assurer les séances de travaux dirigés ou pratiques à côté des enseignants titulaires.

"Les enseignants vacataires sont les vraies chevilles ouvrières des universités sénégalaises. Ils sont sans statut, car régis par un décret inadapté à la situation".

BABACAR SY SEYE

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