Publié le 5 Nov 2013 - 09:18
ENTRETIEN AVEC ABDOU DIOUF, LUTTEUR DE L’ÉCURIE WALO

 ''Mon combat contre Yékine est inévitable, ce serait un beau duel''

 

C’est à la sortie d’une séance d’entraînement à la salle ''Condors Fitness club’’ de Guédiawaye que le lutteur Abdou Diouf de l’écurie Walo a reçu EnQuête. Dans cet entretien, le ''Géant'' du Walo,  dans une forme impressionnante, évoque son enfance, sa carrière, le dopage dans l’arène, ses rapports avec Lac de Guiers 2 et son désir féroce d’en découdre avec Yakhya Diop ''Yékini'...

 

Abdou Diouf, pouvez-vous nous parler d'abord de votre enfance ?

Je suis originaire du Walo, mais je suis né et j'ai grandi à Guédiawaye. J’étais un enfant terrible qui ne se laissait pas faire.  J’aimais aussi le travail et je faisais de petits combats de lutte comme tout enfant de notre âge à l’époque, contrairement aux études que je détestais. C’est la raison pour laquelle je ne suis pas allé très loin ; j’ai arrêté au CM1 (Cours moyen première année). J’avoue que c’est à cause du commerce que j'ai arrêté mes études. J’étais avec mon oncle qui était un grand commerçant au marché Tilène de Dakar, de même que ma mère et mes sœurs. Durant les vacances, je me rendais au dit marché pour les épauler ; et à l’ouverture des classes, je revenais reprendre les cours. Mais à force de flirter avec le monde de l’argent, j’ai fini par laisser les études. Ils ont tout fait pour que j’y retourne mais j’ai refusé et je suis devenu commerçant comme ça. J’officiais dans la vente de l’alimentation, dont des poulets et cuisses.

Et comment êtes-vous entré dans la monde de la lutte ?

Je vivais dans un quartier où il y avait beaucoup de lutteurs comme Mouhamed Ali, Feu Alioune Sèye et Balla Gaye 1. À chaque fois qu’ils allaient aux entraînements avec mon propre frère Arona dit Rone qui est d’ailleurs l’actuel entraîneur de l’écurie Walo, je me chargeais à mon retour de l'école de leur chercher de l’eau. Ils essayaient d'aller furtivement aux ''mbàpàtt'' (séance de lutte traditionnelle) pour que je ne les suive pas. Ce fut comme ça jusqu’au premier jour où j'ai réussi à les suivre. Après, j’ai commencé à nouer mon ''ngemb'' pour des combats. Leur surprise fut grande quand ils m’ont vu en train de terrasser des jeunes loups à l’époque. Et c’est ainsi que j'ai commencé à attraper le virus de la lutte.

''Si je demande à affronter un lutteur, c’est que je le mérite''

Vous venez de sortir d’une salle de musculation. Est-ce à dire que vous avez reçu des avances pour cette saison ?

Vous savez, le problème dans le milieu de la lutte, c’est que ce sont les lutteurs qui évitent de s’affronter. Ceux qui doivent en découdre s’évitent. En ce moment, je m’entraîne uniquement pour maintenir ma forme et c’est ainsi depuis mon dernier combat contre Thieck. Présentement, je suis à l’écoute des promoteurs. Je l’ai dit l’autre jour. Moi, si je demande à affronter un lutteur, c’est que je le mérite. J’ai fait mes preuves pour pouvoir affronter Yékini. Il est un champion incontestable, il a fait ses preuves, il a su rester pendant longtemps au trône sans essuyer la moindre défaite. Une chose qui est rarissime et qui a tout le mérite d’être soulignée. Tout ceci fait que nous serons très fier d’en découdre avec lui. Je n'ai pas brûlé les étapes pour le demander, j’ai fait mes preuves. J’ai terrassé Pakala que beaucoup disaient être son probable successeur, j’ai terrassé Thieck qui est un poids lourd, de même que Gris Bordeaux. Mon combat contre Yékini est inévitable. On doit se frotter et ce sera un beau duel. On parle de son combat contre Eumeu Sène qui est sous contrat. Pourquoi attendre un lutteur qui a un contrat ? Donc qu’il vienne se frotter avec moi. C’est cela qui doit être la suite des événements. Je sens comme pas possible mon duel contre lui. Je connais le chemin. J’ai la forme qu’il faut pour lui faire mordre la poussière. Et si jamais ce combat est ficelé, le jour-j, tout le monde saura que j’ai un background qui peut battre un lutteur meilleur que Yékini. J’ai le bagage nécessaire pour l’affronter. Depuis 1998, je suis dans le milieu de la lutte. Je peux faire la différence entre les combats qui me sont bénéfiques ou non. À défaut de l’avoir, je pourrais prendre Tapha Tine pour me consoler. Ce dernier m’avait battu et cette défaite m’est toujours restée en travers de la gorge. Et depuis notre combat, il n’a su battre que Thièck alors qu’il s’est frotté contre Bombardier, Elton (Ces derniers ont été battus par Tapha Tine à la suite d’une décision médicale) et Balla Gaye 2. Contrairement à moi qui ai battu Pakala, Bruce Lee, Thièck. Donc mon palmarès est plus beau que le sien. Il doit venir se confronter à moi car depuis notre duel, il n’a pas cessé d’essuyer des défaites.

Parlez-nous de vos relations avec les autres lutteurs de Guédiawaye ?

J’ai de bons rapports avec tous les lutteurs de Guédiawaye. Je suis le seul qui soit en parfum de sainteté avec tous les autres dudit département.  Je n'ai pas d’ennemis. Je souhaite qu’on cultive la paix entre nous, que chacun souhaite à son prochain le meilleur. Il ne doit pas y avoir une place pour satan entre nous. Il faudra que chacun sache que Guédiawaye que nous partageons est plus important que tout.

Et avec Lac de Guiers 2...

On a de bonnes relations. Je suis son grand frère. On est ensemble dans la même écurie. Je lui souhaite de dégoter le plus vite possible un combat et de gagner. Nous devons nous souder et ne pas donner de l’importance aux personnes de mauvaise langue. Nous ne devons laisser personne nous séparer ni s’immiscer dans nos rapports. On doit être à cœur ouvert pour avoir autant de victoires en autant de combats.

Est-ce dire qu’il y a des personnes qui essayent de vous mettre les bâtons dans les roues ?

De tels comportements vont de paire avec le sport. Il y a toujours des gens qui aiment se donner le plaisir de dire n’importe quoi sur les autres, sur notre relation. Dans une relation entre deux personnes, il ne faut pas se fonder sur de simples rumeurs pour juger qui que ce soi. Mais force est de constater qu’il y a beaucoup d’oiseaux de mauvais augure dans le milieu de la lutte. Et ils se permettent de raconter n’importe quoi, sans en mesurer les conséquences. Entre Lac et moi, il n’y a jamais eu de bisbilles. Même s’il y a toujours des personnes mal intentionnées qui sont allées lui raconter des contrevérités, il reste toujours mon jeune frère.

''Pour l’heure, je n'ai qu’une seule femme, mais si les moyens me le permettront, je vais en chercher d’autres''

Quels sont vos rapports avec les filles ?

Sport rime avec rumeurs. La femme, c’est notre mère, donc nous devons l'aimer. On a des sentiments comme tout le monde. Si on est dans les liens d’un contrat, on le respecte, mais cela ne peut point nous empêcher d’avoir de l'amour envers les femmes. Mais elles ne doivent pas nous empêcher de mener à terme notre mission. Je suis musulman et j’ai droit à quatre femmes. Pour l’heure, je n’en ai qu’une seule, mais si les moyens me le permettent, je vais en chercher d’autres. Je ne cours pas après les jeunes filles ; elles font partie des cadets de mes soucis.

Comment avez-vous vécu personnellement la crise que votre écurie avait traversée, notamment l’accident qui a emporté Mama, Alioune Sèye, et la série de défaites ?

C’était très difficile pour moi. Quelqu’un comme Mama, qui m’a vu naître, faisait partie de moi.  Les Gora Sèye, Alioune Sèye, des gens avec qui vous vivez ensemble, s’ils vous quittent dans ces conditions, c’est toujours difficile. Notre devoir est de prier pour qu’ils soient reçus au Paradis.

Concernant la série de défaites, c’est vrai que la saison passée, tous les ténors de notre écurie, notamment Alioune Sèye, Lac de Guiers 2 ont été battus. Je suis le seul à avoir gagné. J’en rends grâce à Dieu car il y a des écuries qui n’ont pas enregistré la moindre victoire. C’est la loi du sport. Je souhaite que Lac de Guiers et Alioune Sèye trouvent un combat et s’en sortent avec une victoire éclatante.

Dans votre carrière, quels sont les moments qui vous ont le plus marqué ?

J’avais battu Ousmane Diop et on lui avait donné la victoire. Ne pouvant pas admettre un tel fait, j’avais décidé à l’époque de bouder la lutte et me suis adonné à d’autres activités entre-temps. Ensuite, j’ai su que je représentais quelque chose dans l’arène quand des sages de la lutte de la trempe de  Tapha Guèye, Khadim Ndiaye, Ngagne Diagne, Garmi de la RFM et Thierno Ndiaye sont venus me voir pour me faire comprendre que je ne pourrais avoir plus que ce que je gagne dans cette discipline. Ils m’ont faire savoir que le commerce était très lucratif certes, mais que le monde de la lutte comptait sur moi. J’étais content et j’ai su que je pesais dans ce milieu. Ce retour m’a fait du plaisir et je ne le regrette pas. Par contre, mon combat contre Tapha Tine est celui qui m’a fait le plus fait mal dans ma carrière. Il m’a terrassé au moment où j’étais dans une pente ascendante. Après, j’avais boudé la lutte et j’étais parti en Europe pendant 6 mois. Je suis revenu et depuis lors, je ne me plains plus.

Le CNG va introduire un nouveau règlement, notamment la réduction à quatre mois le délai entre la signature et la tenue d'un combat. Que vous inspire cela ?

Je suis en phase avec le Comité national de gestion de la lutte (CNG) qui est notre tuteur. Chaque maison a un père de famille et le CNG est garant de la gestion de la lutte. À mon avis, toutes les décisions qu’il prend vont sans doute dans l’intérêt de la lutte et des lutteurs.

''Les protéines ne sont pas une mauvaise chose. Personnellement, j’en prends''

L’arène est polluée avec le problème du dopage, de blanchissement d’argent, entre autres. Quel regard jetez-vous sur cette situation ?

Beaucoup de personnes se trompent sur le statut de ceux qui prennent des protéines. Ce que beaucoup de gens ne maîtrisent pas, c’est que le sportif, quand il a un certain développement des muscles, il est obligé d’en prendre car c’est ainsi que le corps pourra supporter le poids des entraînements. Les protéines ne sont pas une mauvaise chose. Personnellement, j’en prends, mais je ne prends pas de médicaments, ni des piqûres. C’est un médecin qui me vend les protéines avec une norme à respecter. Pour votre info, même les femmes en prennent. Même en Espagne ; mais il y a une norme à respecter. Si vous la dépassez, elles deviennent nocives et cela risque de créer des soucis à l'individu. Il faudra que les gens sachent que le dopage et les protéines sont deux choses différentes. Je prends des protéines comme tous les lutteurs d’ailleurs. Mais concernant la drogue, je ne sais pas si cela existe dans l’arène. Le cas échéant, je le déplore car nous voulons vraiment que l'arène soit un milieu assaini et nous comptons sur tout le monde pour y arriver.

''Mieux vaut faire une année blanche que d'affronter certains lutteurs''

La prochaine saison est quasiment ouverte. Êtes-vous optimiste ?

Oui, même s’il n’y a pas beaucoup de combats ficelés. Ce qui est dommage, c'est qu'on privilégie les lutteurs qui ont plus de revers au Sénégal, contrairement en Europe où on privilégie les sportifs qui ont plus de victoires. Actuellement, ceux qui ont plus de revers ont plus de combats ; ce qui est un véritable paradoxe.

C’est dû à quoi ?

Je ne saurais le dire. Il faudra demander aux promoteurs qui ficellent les combats. Ils sont dans des clans et je pense que ce genre de comportements ne fera jamais avancer la lutte. Il faudra qu’on fasse en sorte que les lutteurs qui perdent croisent ceux qui gagnent. Je demande aux promoteurs de regarder leurs façons d’agir. Il ne faut pas qu’ils oublient les lutteurs qui ont moins de victoires. Nous souhaitons quand même du bien aux promoteurs afin qu’ils puissent monter d'alléchants combats. J’en ai de bons amis parmi eux.

Vous a-t-on  approché pour un combat ?

Bien sûr que la WWR (NDLR : structure de la 2 Stv) m’avait approché pour un combat, mais je ne veux pas des lutteurs qu’elle m’avait proposés. Il n’est pas question que j’accède au sommet pour revenir en arrière et  affronter certains lutteurs. Ceux qu’on m’a proposés ne sont pas de ma trempe. Je préfère attendre le deuxième tour plutôt que de les affronter. Mieux vaut faire une année blanche que d'affronter certains lutteurs. Je demande à mes supporters de rester patients. Je m’entraîne tranquillement en attendant un combat.

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