Publié le 5 Oct 2013 - 02:00
ENTRETIEN AVEC... BIENVENU SAMBOU (DIRECTEUR ISE)

''Contre les inondations, il faut délocaliser les populations''

 

 

Au détour d'un entretien à Accra, le directeur de l'Institut des sciences de l'environnement de l'Ucad livre des pistes de solution face aux changements climatiques, en particulier sur les inondations qui persistent à Dakar.

Géographiquement, le Sénégal ne peut échapper aux changements climatiques. Quels enjeux pour notre pays ?

Le Sénégal est très affecté parce que nous sommes un pays sahélien et côtier. Donc les changements climatiques impactent sur des secteurs comme l’agriculture, l’élevage, la foresterie. Et la conséquence, c’est la migration vers les côtes. Avec 700 kilomètres de côtes, la pêche est une activité très importante au Sénégal mais ce secteur est très secoué par les changements climatiques, accentué par la forte pression liée à la migration des populations. L’essentiel de la population vit en ce moment le long des côtes. Ce sont des réfugiés climatiques qui viennent y chercher du mieux. Cette forte concentration de populations sur la côte pose d’énormes problèmes.

En matière de priorités pour le Sénégal quelle est l’urgence ?

Il faut s’adapter parce que c’est un phénomène que nous allons avoir du mal à contrôler. On n’a aucune marge de manœuvre sur ces changements climatiques. La seule possibilité qui s’offre à nous, c’est de chercher à nous adapter en agissant à deux niveaux : sur les zones de départs et sur les zones d’accueil de ces mouvements migratoires. Il est important que les autorités initient des programmes ayant pour objectif de recréer les conditions favorables à ce que les populations restent dans les zones rurales. C'était un peu le cas avec la Goana. Les nouveaux arrivants, il faut également les gérer car ce ne sont pas des communautés qui traditionnellement pratiquaient la pêche.

Un changement climatique concret : le pic de l’hivernage au Sénégal a glissé d'août à septembre...

C’est clair et net qu’il y a un décalage de la saison des pluies. Mais les services de la Météorologie nous donnent quand même des informations relativement fiables qui montrent qu’il y a un décalage. Quand on a l’information comme quoi depuis plus d’une décennie voire deux décennies, le mois le plus pluvieux n’est plus août mais septembre, on se prépare en conséquence. C’est cela l’adaptation. (...) Concernant l’agriculture, il s’agit par exemple d’attirer l’attention des cultivateurs pour ne pas semer très tôt afin d'éviter des poches de sécheresse qui ont un impact réel sur la production agricole et donc essayer de créer une synergie entre les différents secteurs et la Météorologie.

Les inondations persistent au Sénégal, à Dakar en particulier, car les voies d’évacuation des eaux de pluies sont «envahies» par les populations…

Pour les inondations, les autorités doivent prendre les décisions qui s’imposent : dégager les voies d’évacuation des eaux pluviales. Toute autre option ne nous semble pas se situer dans la durabilité. Comme on dit, l’eau n’oublie jamais son itinéraire. En réalité les populations se sont installées dans ces zones connues comme non aedificandi, donc non destinées à l’habitation, à la faveur de la sécheresse des années 70. La sécheresse ayant perduré, les zones dépressionnaires se sont asséchées, et avec le flux migratoire les populations ont pris possession de ces espaces dépressionnaires, l’autorité ayant laissé faire. (…) Des actions ponctuelles comme le pompage ne règlent pas le problème. Il faut arriver à ce qu'elles acceptent d'elles-mêmes de se délocaliser pour leur propre bien.

La corrélation est-elle faite entre changements climatiques et menaces sanitaires ?

Si je ne prends que le cas du paludisme, on sait qu’il se développe avec les eaux stagnantes, et naturellement la saison hivernale est la période où les eaux s’accumulent et stagnent, ce qui favorise cette maladie. Depuis les années 70, avec la sécheresse, il y avait moins d’eau stagnantes et moins de cas de paludisme, mais aujourd’hui les zones qui étaient presque asséchées toute l’année sont pratiquement remplies d’eau 12 mois sur 12, ce qui favorise les maladies liées à l’eau et à sa permanence en des endroits.

 

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