Publié le 12 May 2012 - 16:23
ENTRETIEN AVEC SOULEYMANE CAMARA

Bocandé, Montpellier, "Si c’était à refaire…"

 

 

L’attaquant international sénégalais de Montpellier se confie à EnQuête. Au menu : Bocandé, la fin de saison avec Montpellier, son penalty raté contre Evian, et l’équipe nationale.

 

Souleymane, Jules Bocandé est décédé lundi. Vous qui l’avez connu, que représentait-il pour vous ?

Déjà, je présente mes condoléances à tous les Sénégalais, plus particulièrement à sa famille. Bocandé, c'est quelqu'un qui nous a tous fait rêver quand on était gamins. Professionnellement, il fait partie des gens qui m'ont donné envie de jouer au football, qui m'ont donné envie de faire ce métier. Pour moi, c'était quelqu'un de très important, d'autant plus que j'ai eu la chance de le côtoyer, notamment en 2002, et vraiment c'était quelqu'un de très, très sympa, et de très gentil. Il nous donnait des conseils en toutes circonstances.

 

Quels conseils vous a-t-il donné que vous gardez en tête ?

Je me rappelle en 2002, au Mali, un jour on était à l'entraînement, on parlait des positionnements. Il me disait comment protéger le ballon pour empêcher au défenseur dernier de passer devant toi, et aussi comment on fait quand on est devant le but face au gardien. Parfois, c’est comment faire des feintes de frappe ou bien mettre la tête. Franchement, c'est quelqu'un qui a fait que j'ai aimé le jeu de tête, la manière de sauter. Il était comme un père, comme un grand frère, comme un modèle, dans le métier.

 

On va parler de votre actualité en club. Aujourd'hui, Montpellier est le leader de la Ligue 1 à deux journées de la fin. Comment vivez-vous cette attente pour un club qui n'a jamais gagné le championnat ?

Naturellement, la pression, on l'a toujours. C'est vrai que depuis trois ans, les gens sont plus passionnés, ils viennent de plus en plus à l'entraînement, par rapport au début, quand je venais juste d'arriver et qu'on était en Ligue 2. Cette saison, plus particulièrement, nous avons la pression naturellement, mais on est des professionnels, on rêve de jouer ce genre de compétition, chaque joueur rêve de gagner le championnat, c'est de bons moments.

 

Il y a deux journées, lors du match Montpellier-Evian (2-2) vous aviez raté un penalty à la dernière minute. Comment avez-vous vécu ces moments-là ? A quoi avez-vous pensé quand vous avez vu que le gardien avait détourné votre tir ?

Franchement, j'étais très déçu. Après le match, j'étais déçu parce que je me disais peut-être que j'avais raté la balle qui pouvait nous donner le championnat. Mais Dieu merci, j'ai la chance de faire partie d'une famille qui a la foi, à chaque fois qu'il m'arrive quelque chose, même quand c'est dur, je m'en remets à Dieu et avec le soutien de mes partenaires, de ma famille et de mes proches. Franchement quand j'ai raté le penalty les gens m'ont envoyé des messages de soutien, je remercie le Bon Dieu.

 

"J'ai été surpris par ses propos de Belhanda"

 

Vous aviez eu peur qu'on vous reproche ce pénalty raté ?

Non ! Je n'ai pas eu peur car si c’était le, je n'aurais pas pris le penalty. J'ai pris mes responsabilités et je les assume. Ceux qui me connaissent le savent. Je me sentais bien ce jour-là, et j'ai pris mes responsabilités, j'ai pris le penalty. C'est vrai qu'avant de tirer le penalty, il y a eu 05 ou 07 minutes d'attente, je ne vais pas me cacher derrière cela, je ne me trouve pas des excuses, mais si c'était à refaire, je le referais. Peut être que si j'avais marqué ce penalty, aujourd'hui on aurait 05 points de plus que Paris. Mais on rend grâce à Dieu puisqu'on a gagné contre Rennes (2-0), nous avons toujours trois points d'avance.

 

Est-ce que vous avez été surpris après par les propos de Belhanda, qui vous a critiqué…

Oui, c'est clair que j'ai été très surpris, parce que c'est un jeune que j'apprécie franchement beaucoup et même si on n’est pas les meilleurs amis, on s'entend très bien. J'aime bien discuter avec les jeunes, mais aussi leur donner des conseils, et parfois eux aussi ils viennent me demander des conseils que je leur donne. Dès que je suis arrivé au club, c'est des jeunes que j'ai toujours protégés. Donc aujourd'hui, j'ai été surpris par ses propos, mais je le comprends parce que, non seulement il est jeune, en plus je comprends qu'il soit énervé par rapport au penalty parce qu’il voulait gagner. Mais après on s'est expliqué et il s'est excusé, il n'y a pas de soucis.

 

Que vous ont dit votre entraîneur René Girard et votre président, Louis Nicollin ?

Franchement après le penalty, le club et les dirigeants m'ont beaucoup soutenu, notamment mon entraîneur, il m'a beaucoup soutenu, avec mes coéquipiers et les gens autour du club qui m'ont encouragé. Le président, personnellement est venu me voir et m'a dit : « il n'y a que les grands joueurs qui ratent les penaltys, mais aussi qui les marquent ». Avant cela, j'ai toujours tiré les penaltys et je les ai pratiquement tous marqués, c'est le deuxième penalty que je rate depuis que je suis à Montpellier. Ils m'ont fait savoir qu'ils ne m'en voulaient pas et que je sache qu'ils sont derrière moi. Et pour moi, c'était important. Cela fait plaisir de sentir que ton entraîneur, tes coéquipiers et ton président te soutiennent.

 

Vous avez donc été soulagé quand vous avez marqué contre Rennes ?

Oui, j'étais soulagé d'un côté, mais d'un autre côté aussi j'étais content parce que j'avais envie de faire un grand match pour me rattraper. Comme vous le savez, après ce penalty, j'ai reçu beaucoup de critiques, au niveau de la presse. Mais bon, cela fait partie du métier, ce n'est pas la première fois que je me fais critiquer.

 

Vous avez été soutenu par votre président, votre entraîneur, vos coéquipiers. Mais quel a été l'attitude du public de Montpellier envers vous ?

Apparemment, bon il y en a qui sont contents, et il y en a qui ne sont pas contents. Il y en a qui m'ont soutenu, qui m'ont beaucoup encouragé, notamment à l'entraînement. Il y a des gens que je n'avais jamais vu, des supporters qui sont venus pour me dire qu'ils étaient de tout cœur avec moi. Bon après, dans la vie tu ne peux pas être aimé par tout le monde. Il y en a qui t'aiment, et d'autres non.

 

"A Bata, il y a eu beaucoup de choses mais pour le moment je préfère ne pas en parler"

 

Personnellement Montpellier est leader à deux journées de la fin du championnat, est-ce qu'au début de la saison vous pouviez imaginer ce scénario-là ?

Franchement, je vous dis la vérité : si on m'avait dit que Montpellier allait jouer le titre, j’aurais dis non, ce n’est pas possible. Parce qu'on vient de monter, il y a trois ans, donc pour nous l'objectif était de finir dans les cinq premiers car notre première saison on était 5e et la deuxième 14e. Le président Louis Nicollin nous avait dit de rester dans les dix premiers. Aujourd’hui, vu la qualité du groupe et la qualité de jeu qu'on a aussi, on se dit pourquoi pas aller jusqu'au bout. Aujourd'hui on a la chance de pouvoir jouer le titre, il faut le jouer à fond.

 

On va aborder la question de l'équipe nationale. La désillusion à Bata, trois matches trois défaites lors de la CAN, quelle est votre explication ?

J'étais très déçu comme tous les Sénégalais et tous les joueurs de cette élimination. Car dans un premier temps on est partis en favori et on avait l'objectif d'aller chercher cette Coupe qui nous manquait au niveau continental. On était arrivé en confiance, et faire trois matches et trois défaites était une grande déception pour moi personnellement. J'avais du mal à m'en remettre à mon retour en France. Dans l'échec de notre campagne à Bata, il y a eu beaucoup de choses mais franchement pour le moment je préfère ne pas en parler. Il y a des confrères à vous qui m'ont posé cette question mais je leur ai dit qu’au moment opportun vous le saurez tranquillement et sans soucis, malheureusement mes propos ont été déformés par un journaliste, comme si je militais pour revenir en sélection. Je n’ai plus rien à prouver pour être sélectionné car j'ai beaucoup donné à la sélection et la sélection m'a beaucoup donné. Le Sénégal est mon pays et j'aime mon pays, je suis content qu'il y ait un nouvel entraîneur (Ndlr : l’interview a été réalisée mercredi dernier avant le renoncement de Lechantre) mais mon seul souci et ma priorité en ce moment, c'est avec mon club. Je vais essayer de me concentrer sur la fin de championnat et après on verra Incha'Allah.

 

Il vous reste deux matches à jouer. Pour vous, qu'est-ce qui peut vous empêcher de remporter le titre ?

(Il hésite). Bon on peut aller jusqu'au bout et on a les qualités qu'il faut. Mais maintenant, ce qui peut nous empêcher d'aller au bout est de se dire que ça y est. On a battu Rennes mais on va être tranquilles tout en sachant que cela va être difficile jusqu’à la fin. On joue contre une belle équipe de Lille dimanche, elle est championne en titre et revient en force en gagnant pratiquement tous ses matches à cinq et six journées de la fin, c'est pourquoi ce sera difficile. Mais si on reste concentrés comme on l'a fait contre Rennes, je pense qu'on aura notre chance et on verra à la fin ce qui va se passer.

 

Vous pensez que le match contre Lille dimanche est LE match décisif ?

Décisif, je ne sais pas. Il est important si l'on gagne ce match car il nous reste deux matches et si on arrive à avoir quatre points ça sera bien pour nous. Mais maintenant ce sera difficile car Lille voudra défendre son titre et il y a aussi Auxerre contre qui on joue la dernière journée et qui ne s'est pas encore maintenue. Donc ce sera difficile jusqu'au bout. Mais on va s'accrocher jusqu'au bout et si on met toutes les chances de notre côté, on aura les moyens de battre Lille.

 

Allez-vous avoir des regrets si toutefois Montpellier n’est pas champion ?

(Il hésite). Regrets, je ne sais pas si je peux le dire. D'un côté oui et de l'autre non. Je vais vous dire pourquoi non parce qu'en début de saison l'objectif n'était pas d'être champion mais de finir dans les dix premiers. Pourquoi je serai déçu ? Parce qu’on est premiers depuis plusieurs journées et louper ces deux derniers matches là serait une grande déception. Après ça ne sera pas la fin du monde aussi. On sera déçus mais on fera avec et on s'en remettra.

 

NDIASSE SAMBE

 

 

 

Section: 
ISMAÏLA NIANG, AUTEUR DU ROMAN ‘’FEMMES, OSEZ DENONCER !’’ : ‘’Les livres m’ont sauvé’’
ECHOGRAPHIE DU MANNEQUINAT AU SENEGAL : Dans l’univers de la débauche
RETOUR DE ‘’MA FAMILLE’’ A LA TELE : ‘’Ma grande famille’’ sur A+ depuis hier
ONU - SYRIE : Le Conseil de sécurité adopte une résolution humanitaire sur la Syrie
COULISSES: François Fillon, ancien Premier ministre et député, en visite à Dakar
AGRICULTURE: L'ISRA et la SAED changent de patrons
Infrastructures NEPAD : L’autoroute Alger-Lagos achevée fin 2014
Nécrologie : Décès de Hamath Sall, ancien ministre de l’Agriculture
CONDUITE D’EAU DE KEUR MOMAR SARR : Remplacement de la pièce défectueuse le 25 octobre, pendant 3 jours
APRÈS LA PÉNURIE D'EAU : L'heure des comptes à l'hémicycle
LA PÉNURIE D'EAU A L’ASSEMBLÉE NATIONALE : La déclaration divise le bureau
CRISE DE L'EAU : Les cadres libéraux dénoncent l'inefficience du pouvoir
PÉNURIE D'EAU : Le Parti Yaakaar pointe une «incurie» du régime
SOMMÉS DE LIBÉRER LES ÉCOLES DEPUIS LUNDI : 645 sinistrés de l’école Salif Ndongo dans l'expectative
PÉNURIE D’EAU : La parade d'hôtels dakarois
RISQUE DE DIARRHÉES LIÉ À LA PÉNURIE D'EAU : ''On n'a pas atteint le seuil d'épidémie'', estime Awa Marie Coll Seck
PENURIE D’EAU : La Collectivité Léboue décide de prier pour un retour à la normale
PÉNURIE D'EAU A DAKAR : Est-ce vraiment la fin du calvaire ?
GESTION DE L’EAU : L'Etat, vache laitière pour les fermiers
PENURIE D'EAU : La fin du calvaire dans les prochaines heures ?