«On a joué comme en amical»
Accusé par certaines rumeurs d’avoir insulté le sélectionneur des Lions, Alain Giresse, après l’échec (1-1) contre l’Angola en Guinée (3e journée éliminatoires Mondial 2014), Papiss Demba Cissé n’a pas tardé à réagir.
Accroché dimanche nuit à l’aéroport de Conakry sur le chemin de l’Angleterre, l’attaquant des Lions a expliqué à EnQuête ce qui s’est réellement passé. Sans langue de bois, le buteur de Newcastle a fait savoir sa frustration face à ces multiples échecs du Sénégal. «Il faut que ça s’arrête», a pesté l’ex-joueur de l’As Douanes.
Papiss, certaines rumeurs disent que vous avez insulté le sélectionneur Alain Giresse après le match nul (1-1) face à l’Angola, samedi. Qu’en a-t-il été exactement ?
Non, tout sauf ça (il insiste) ! Je n’ai pas insulté le coach, c’est une chose impensable. C’est un truc que j’ai entendu après le repas du soir, comme quoi au Sénégal, on est en train de dire que j’ai insulté le coach. Je ne l’ai pas insulté, j’avais juste le sentiment que je me retrouve toujours dans les mêmes situations avec l’équipe. C’est-à-dire qu’on mène au score, qu’on a la possibilité de tuer le match et qu'on ne le fait pas. C’est souvent arrivé, notamment en Ouganda (1-1, 2e journée éliminatoires mondial 2014), contre la Guinée (1-1, amical), et là, ça arrive encore contre l’Angola. C’est tout ce que je disais aux joueurs et à l’entraîneur pour lui rappeler que ça nous est arrivé en Ouganda, c’est juste ça. Donc, je ne l’ai pas insulté, le match était à notre portée.
Vous avez donc râlé ?
Moi, j’ai fait savoir que voilà… Je savais que je n’avais pas le droit de le faire parce qu’il y avait le capitaine. Mais je me dis que c’est un truc qui se répète toujours. C’est le moment de taper sur la table parce qu’il ne nous reste que trois matches. A chaque fois, on se dit : «non, c’est un tournoi, il nous reste encore des matches». Moi, je me suis dit que c’est le moment de prendre des points, c’est des matches pour lesquels on a la possibilité de prendre les trois points, alors pourquoi on ne les prend pas ? Hier (avant-hier, samedi), c’est deux points perdus. Seul le Bon Dieu décide, mais je pense que l'équipe avait les moyens de prendre les trois points.
Comment le coach a-t-il réagi après votre coup de gueule ?
Il m’a fait savoir que j’avais raison. Ce que j’ai dit, c’est le même discours qu’il tenu à la mi-temps. On joue comme si on était en match amical. Le coach et moi, on est sur la même longueur d’onde. J’ai répété ce qu’il a dit, mais à haute voix. J’étais un peu énervé (il insiste). Pas contre quelqu'un en particulier, mais contre l’ensemble du groupe, et contre moi-même en premier. Ce qui a fait que j’ai crié pour faire savoir qu’il faut qu’on prenne les choses en main si on veut se qualifier pour la Coupe du monde.
Comment vos partenaires ont-ils réagi ?
Non, ils ne l'ont pas mal pris. Ils savent que j’ai raison, même s’ils le prenaient mal. Le problème, c’est que j’ai dit ce que je pense, je ne l’ai pas gardé en moi. Donc, on devrait tous le prendre dans le bon sens pour aller plus loin.
Comment avez-vous accueilli le fait d’être sur le banc, alors que vous n'y étiez plus habitué depuis deux ans ?
C’est le football ! Aujourd’hui, c’est moi ; demain ce sera un autre. C’est à moi de me battre pour redevenir titulaire. Comme vous l’avez dit, je ne suis plus devenu remplaçant depuis le match contre l’Île Maurice (victoire du Sénégal 2-0, en octobre 2011, en éliminatoires de la CAN 2012. Sauf que Papiss a démarré sur le banc lors de la défaite 1-2 contre la Zambie à la même CAN). Voilà, c’est le choix du coach, il a mis des joueurs qui sont capables de marquer des buts comme moi aussi. Ils n’ont pas eu la chance d’en marquer hier (samedi passé). Il se peut que je n’aie pas la même réussite à leur place. Ce n’est pas parce qu’ils n’ont pas marqué qu’on va leur tomber dessus. Donc, Papiss va retourner dans son club pour essayer de marquer et avoir la confiance du coach.
‘’Il faut qu’on se remette vraiment en question, qu’on mouille le maillot’’
Après cet échec, le président de la Fédération sénégalaise de football (FSF), Me Augustin Senghor, a parlé de remise en cause. Comment appréciez-vous ces propos ?
Voyez-vous, c’est tout ce dont j’ai parlé ! Il faut qu'on se remette vraiment en question. Parce qu’à chaque fois, on a les matches en main, et à l’arrivée, on voit les points nous échapper. Ce sont des déceptions, des regrets, des trucs qui se répètent toujours depuis que je suis en sélection. Voilà, je veux que ça s’arrête ! Il faut qu’on ait les cœurs unis, qu’on regarde dans la même direction. L’équipe ne nous appartient pas, elle appartient au peuple sénégalais. C’est nous qui avons la chance d’être là parmi des milliers de Sénégalais. Donc, si on a la chance d’être là, il faut qu’on mouille le maillot pour montrer aux autres qui n'ont pas été sélectionnés dans le groupe, que pour être là, il faut se battre. Il faut aimer le maillot national !
C’est donc un cri du cœur de Papiss Demba Cissé ?
Comme vous le dites, c’est pour montrer aux gens qu’on peut faire mieux.
Cela veut-il dire que rien n’est perdu ?
Non, rien n’est perdu (il insiste), parce que jusqu’à présent on est premier (grâce à une meilleure différence de buts que le Liberia, 5 points chacun). C’est rester dans les secrets de Dieu de dire à chaque fois qu’on va se rattraper au prochain, chercher la qualification à la dernière minute. Je pense qu’il faut prendre les points quand on en a l’occasion. Voilà, on ira en Angola. Ce ne sera pas un match facile et ce match de Conakry nous servira de leçon.
Qu’est-ce qui n’a pas marché lors ce match aller ?
Ça manquait de chance, d’agressivité. On faisait tourner le ballon. Techniquement on était bien. C’est juste qu’on n'a pas appuyé au moment où il le fallait pour tuer le match.
ADAMA COLY
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