Les étudiants dans le désarroi
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Une semaine après leur exclusion de leurs établissements privés d’enseignement supérieur, les étudiants orientés par l’État du Sénégal disent être dans un extrême embarras. Regroupés autour d’un collectif, ils exigent le paiement de la dette de 16 milliards de F CFA que l’État doit aux universités privées, afin de regagner les amphithéâtres.
C’est un nouveau coup dur pour les étudiants orientés par l’État du Sénégal dans les établissements privés d’enseignement supérieur. Renvoyés depuis la semaine dernière, ceux-ci, qui sont au nombre de 10 000, ne savent plus à quel saint se vouer. Leur exclusion fait suite au non-paiement par l’État de la dette qu’il doit aux universités privées. Soit la somme de 16 milliards couvrant les frais des années académiques 2016, 2017 et 2018. Une situation qui bloque de facto leur formation et instaure en eux l’ire et la consternation.
Depuis son exclusion à l’Institut supérieur de commerce et de management (Iscom), Formose Hubert Correa vit des moments de galère. Trouvé chez lui à Grand-Médine, l’étudiant en marketing et en communication perd une fois de plus une journée sans classe. Assis sous l’ombre d’une bâche, le jeune homme au teint noir, au t-shirt gris et au menton barbu exprime d’une voix rauque son amertume suite à son renvoi. “Personnellement, ça m’a fait mal. On ne nous considère pas. Même le ministre de l’Enseignement supérieur ne s’occupe pas de nous, car on a maintes fois tenté de le rencontrer, mais en vain”, s’exclame Formose Hubert Correa avec mélancolie.
Selon lui, la nouvelle de son exclusion a suscité une vive déception au sein de sa famille. Ses parents, dit-il, craignent pour son avenir. “Toute la famille est déçue. Nous voilà bloqués par l’État qui n’a rien à faire que de nous orienter dans les universités privées’’, peste l’étudiant. Mais pour ne pas rester cloué à la maison, Formose se livre à des petits boulots pour occuper son temps. À l’en croire, cela lui permet de se faire un peu d’argent, en attendant la reprise à la normale des cours dans son établissement. “Je fais souvent de petits boulots avec mes amis. Il est hors de question de rester ici sans rien faire”, tonne-t-il.
Tout comme Formose Hubert Correa, des milliers d’étudiants orientés par l’État dans les établissements privés traversent des périodes de détresse. Ainsi, pour se faire entendre, ils se sont regroupés dans un collectif dénommé le Cercle des étudiants orientés dans les universités privées (CEOP).
Joint par ‘’EnQuête’’, Babacar Sall, Coordonnateur national et porte-parole dudit mouvement, revient à la charge. Il dénonce avec vigueur la posture de l’État face à leur situation. “Ça fait maintenant une semaine que tous les étudiants orientés par l’État dans les universités privées ont été renvoyés. Parce que tout simplement, l’État du Sénégal refuse catégoriquement de payer la dette qu’il doit aux établissements privés et qui se situe aux alentours de 16 milliards. Nous lançons ainsi un appel solennel au président de la République et à tous les Sénégalais. Qu’il sache qu’il est là pour gouverner pour tous les Sénégalais. Nous lançons aussi un appel au ministre de l’Enseignement supérieur, Cheikh Oumar Hanne. Qu’il règle définitivement et sans délai la situation, afin que l’intégralité de la dette soit payée”, fulmine Babacar Sall d’une voix posée.
Il ajoute : “Nous comptons mener et poser des actes forts jusqu’à obtenir gain de cause. On va descendre sur la route pour manifester ce qui nous revient de droit. Nous n’excluons pas d’organiser une grève de la faim, parce que les étudiants orientés dans le privé traversent une situation très difficile’’.
Moustapha Diakhité (stagiaire)