Onirisme au quotidien
C’est au Musée Boribana de Ngor que se tient, depuis vendredi dernier, l’exposition des artistes-peintres Fodé et Sétou, basés au Village des Arts. Une trentaine de toiles qui illustrent la dualité du Sénégal contemporain, entre rêves et réalités.
Larges ou, au contraire, aux dimensions d’une feuille de papier, les œuvres de l’exposition «Sétou le défo» (NDLR : Fodé, en verlan) tapissent, depuis vendredi dernier, les murs du Musée Boribana de Ngor. Mélangés, indiscernables les unes des autres si ce n’est par le style de leurs auteurs respectifs, ces tableaux constituent une collection hétéroclite d’instants quotidiens, comme une timeline (NDLR : une chronologie, en anglais) ou un kaléidoscope de la vie au Sénégal.
On y retrouve, racontés en pigments riches et vibrants, des scènes et des personnes qui semblent presque familières : nez aquilin d’une belle au teint d’ébène, mouton égorgé gisant sur le sol, vert luxuriant, rouge sanguin… Chaque tableau fait résonner en nous comme une sensation de déjà vu sans, jamais, tomber dans le monotone.
L’exposition, en elle même, est le fruit de cette prise de liberté sur l’ordinaire, sur le quotidien : «Il n’y a pas forcément de concept pour cette exposition. Nous, c’est-à-dire Fodé et moi-même, avons tenu à ne pas nous enfermer dans un carcan, à rester relativement libre dans notre façon de fonctionner et par rapport aux œuvres picturales que nous avons réalisées, côte à côte, au Village des arts», explique Sylvie Maison, artiste plus connue sous le nom de Sétou.
«Sétou le Défo», bien que née de la vision de ses auteurs sur la vie de tous les jours, transcende également cette dernière de par sa dualité entre le réel et l’onirique. Autant les tableaux illustrent-ils le fil des jours, autant suggèrent-ils, à l’image des songes, une certaine poétisation de cette dernière. Cela étant surtout retranscrit par le caractère «volontairement inachevé» des œuvres : «On considère tous les deux que l’aspect «fini» d’une œuvre la rend figée. Le travail que nous avons essayé de faire était de voir comment détruire ces cadres pour redonner vie aux œuvres, car elles sont, pour nous, l’incarnation de l’instant vivant d’une émotion», ajoute Sylvie Maison. L’exposition demeure au Musée Boribana jusqu’au 03 mars.
Sophiane BENGELOUN
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