L'étroite marge de manœuvre du gouvernement
Les négociations entre les enseignants et le gouvernement pourront-elles aboutir, au vu de la situation actuelle marquée par une politique d’austérité dans laquelle se trouve le gouvernement?
Au moment où tous les signaux sont au rouge, le gouvernement s’assoit sur la table des négociations avec les syndicats du système éducatif, en vue de satisfaire leurs doléances et obtenir, comme le dit le ministre de l’Éducation nationale Ibrahima Sall, un bail de 5 ans au cours duquel il n’y aura pas de grèves. Mais, avec l’arrivée de Macky Sall au pouvoir, l’heure est à l’austérité. Pour preuve, cette série de mesures prises pour compresser les dépenses publiques et réduire, du coup, le train de vie de l’État et le déficit budgétaire qui avoisine les 8% du Produit intérieur brut (PIB).
Il y a d’abord la rationalisation des services de l’État marquée par la suppression d’une soixantaine d’agences et de directions en vue de faire des économies. Viennent s’ajouter à cela la limitation des missions à l'extérieur et la réduction des délégations, la suppression annoncée de certaines représentations diplomatiques. Tout comme l’annonce de l’arrêt de la subvention sur le prix de l’électricité qui grève de plus de 120 milliards les finances publiques, ou l’arrêt envisagé de la généralisation des bourses et aides aux étudiants, ou la rationalisation des lignes téléphoniques de l’État.
120 milliards pour satisfaire les doléances
Autant de mesures inscrites dans le mémorandum que le Sénégal a présenté au Fonds monétaire international (FMI), dans le cadre de son programme Instrument de soutien à la politique économique (ISPE), qui ne militent pas en faveur de la satisfaction des doléances des organisations syndicales du secteur de l’éducation. Or, continuité de l’État oblige, il faut pas moins de 100 milliards de francs Cfa pour satisfaire les doléances des enseignants.
C’est l’ancien ministre de l’Économie et des Finances qui l’avait annoncé aux sénateurs, le 17 février dernier, lors d’un vote de certaines lois et règlements. ’’Les indemnités dues aux professeurs de l’enseignement secondaire se chiffrent à 48 milliards de francs Cfa, celles des enseignants de l’école élémentaire à 88 milliards’’, avait affirmé Abdoulaye Diop.
À ces montants, s’ajoute une dette de 13 milliards de francs Cfa contractée par les universités publiques, selon le ministre de l’Économie et des Finances. ‘’Ces arriérés ne peuvent pas être pris en charge par le budget (2012). Globalement, c’est plus de 100 milliards qu’on nous demande de dégager. C’est insupportable’’, avait ajouté l’ex-Argentier de l’État.
Autant d’éléments qui placent le gouvernement dans une situation bien inconfortable au moment de s’asseoir autour d’une table avec les enseignants. En effet, lors de sa dernière conférence de presse, le ministre de la Fonction publique, du Travail et des Relations avec les institutions, Mansour Sy avait annoncé que les négociations entre l’État et les syndicats d’enseignements n’ont même pas encore démarré. Elles ne devront l’être qu’à partir du 27 juillet prochain afin de trouver une solution à la crise du système éducatif.
Les syndicats demandent le respect des engagements, pas moins
Mais, même avec la tendance actuelle à l’austérité, bon nombre d’organisations syndicales n’attendent ni plus ni moins qu’une satisfaction de leurs revendications. Le coordonnateur du CUSE, Souleymane Diallo, n’attend ni plus ni moins que le respect des différents accords. “Le respect des engagements entre l’État et les syndicats d’enseignants n’a rien à voir avec les engagements que l’État a déjà pris avec d’autres institutions“ soutient-il.
Pour lui, la question de la généralisation des bourses et de la suppression de la subvention allouée à l’énergie et aux autres secteurs n’empêche pas le gouvernement de respecter ses engagements “puisque l’État reste une continuité“. “Pour nous, il n’est pas question de revenir sur les acquis ou de remettre en cause les accords déjà signés. La position du CUSE est très claire.
Nous allons discuter de questions nouvelles à savoir l’indemnité de logement, des primes scolaires et de l’indemnité de recherches et de documentation. Ils n’ont qu’à faire des propositions concrètes“, avertit M. Diallo. Le porte-parole du CUSEMS, Abdoulaye Ndoye, considère les revendications des enseignants comme une nécessité. “Ce que demandent les enseignants, ce n’est pas une revendication, mais une justice sociale. Nous attendons des actes forts et un traitement équitable pour régler le problème des écarts de salaires graves qui existent au Sénégal“, dit-il.
BACHIR FOFANA & ALIOU NGAMBY NDIAYE