Comme un poulailler où rode le renard
Pas un chat. Cette image est la seule apte à décrire l’ambiance au marché Sandaga, depuis l’arrêt préfectoral ordonnant sa fermeture. dans la nuit du vendredi. Entrées barrées, boutiques fermées, ambulants désœuvrés et hommes de tenue omniprésents, tel est le spectacle en ce lieu qui fut, jadis, un centre névralgique du commerce de la capitale.
Vestiges de la fête de Tabaski ou peut-être stupeur générale oblige, ce n’est que très peu de gens, acheteurs et commerçants confondus, que l’on retrouvait, hier dimanche, assis ou déambulant aux abords du marché Sandaga. En effet, depuis l’arrêt préfectoral qui, vendredi dernier à 00h, a signifié la fermeture temporaire du marché pour cause de réfection, très peu de ses locataires se sont manifestés sur les lieux. On ne manque pas, cependant, de se demander si ce calme presque surnaturel aux abords du marché n’est que le proverbial calme, avant la tempête.
Si cette impression d’ébullition vient à l’esprit, c’est naturellement à cause du nombre impressionnant de gendarmes qui rodent céans. C’est littéralement tous les 10 mètres que l’on en voit postés, quadrillant avec une efficacité redoutable toutes les issues du fort. En patrouille ou en station, ces derniers surveillent ainsi, la mine patibulaire, toute activité suspecte aux alentours, pas qu’il y en ait vraiment.
Du côté des marchands, l’air est saturé d’un certain relent de désorientation. En effet, pareils à de la volaille qui sent venir le renard, ils oscillent entre méfiance, frustration et résignation. À la rue Sandiniéry, par exemple, le long d’un étroit passage entre le centre commercial Touba Sandaga et le marché proprement dit, se trouve le «coin des maraîchères». Habituellement bondé, l’endroit est aujourd’hui méconnaissable. En effet, près d’un tiers des occupantes du bâtiment central, chassées de leurs niches, ont trouvé refuge quelques dizaines de mètres plus loin, à la rue du Liban. Mais cette relocalisation n’est pas de tout repos : peu propice à la mise en place du fait de son terrain en pente, leur nouveau foyer leur est, en plus, disputé par de nombreux autres commerçants, installés là depuis longtemps. Et c’est sans compter avec les enfants des rues qui, tout le dimanche, ont joué au football entre salade, aubergines et autres légumes.
S’il est encore trop tôt pour déterminer la réponse des commerçants du marché à la fermeture de leur gagne-pain, circonstances prises en compte, il est néanmoins évident que le statut quo ne pourra pas durer. Avec le retour prochain de ceux partis pour la fête de la Tabaski, à l’intérieur du pays, la situation ne manquera pas, sans doute, de se décanter… Espérons que ce sera pour le mieux.