Le Sénégal aura accès à près de 230 milliards F CFA
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La mission du Fonds monétaire international (FMI) a séjourné au Sénégal, dans le cadre de la deuxième revue du programme économique et financier. Edward R. Gemayel et son équipe ont discuté des orientations budgétaires en 2025, l’utilisation de l'eurobond et les réformes à apporter. Le Sénégal pourra avoir accès à près de 230 milliards F CFA.
À la fin de son séjour au Sénégal, dans le cadre de la deuxième revue du programme économique et financier soutenu par le Mécanisme élargi de crédit (MEC), de la Facilité élargie de crédit (FEC) et de la Facilité de résilience et de durabilité (FRD), la mission du Fonds monétaire international (FMI) a fait face à la presse, hier.
‘’Pour le moment, la mission et les autorités poursuivront les discussions virtuellement, dans les prochains jours, afin de finaliser l’accord au niveau du staff, notamment en ce qui concerne les orientations budgétaires en 2025, l’utilisation de l’eurobond - qui a été émis il y a à peu près deux semaines - et les réformes nécessaires dans le domaine de l’énergie’’, a déclaré Edward R. Gemayel, chef de la mission du FMI qui a séjourné au Sénégal du 6 au 19 juin.
Au sujet de la performance dans le cadre des trois programmes soutenus par le FMI, il renseigne que ‘’tous les critères ont été respectés. Par rapport à la Facilité pour la résilience et la durabilité, il y a deux mesures de réformes pour cette revue. Elles sont en voie d’être réalisées, d’ici fin juin’’.
En effet, une fois que l’accord au niveau du personnel sera conclu, il sera soumis à l’approbation de la direction, puis à l’examen au niveau du Conseil d’administration du FMI.
À l’issue de l’examen du CA, le Sénégal aura accès à peu près à 230 milliards de francs CFA, d’après Edward R. Gemayel.
En ce qui concerne les perspectives économiques, il note que les tensions sociopolitiques en début d’année ainsi que le retard supplémentaire dans la production des hydrocarbures pèsent sur ces perspectives à court terme.
Donc, en 2024, les projections pour la croissance sont maintenues à 7,1 %. Pour ce qui est de la croissance non-hydrocarbure, elle est à 4,8 % cette année. Par rapport à l’inflation, les estimations continueront à baisser, selon le FMI, jusqu'en deçà de 4 %. Les estimations sont au niveau de 3,9 %.
Pour 2025, les projections de croissances sont à 10,1 % (au-delà de 10 %) et l’inflation continuera à baisser à près de 2 % l’année prochaine, d’après M. Gemayel. Il a mis ces chiffres en perspective, en les comparant à la moyenne en Afrique subsaharienne. ‘’Pour 2024, la perspective en Afrique subsaharienne est à près à 3,8, alors que le Sénégal est à 7,1’’, a-t-il indiqué.
‘’Pour 2025, poursuit-il, la croissance subsaharienne est à 4 %, alors que le Sénégal est au-delà de 10 %. De même, en inflation, pour 2024 et 2025, la moyenne subsaharienne est au-delà de 10 %, alors que le Sénégal est à 3,9 % cette année et à 2 % l’année prochaine’’.
En ce qui concerne la politique budgétaire, le FMI soutient que le déficit de cette année sera à 4,6 %. Initialement, l’objectif était de 3,9 % du PIB. ‘’Maintenant, on a relâché jusqu' à 4,25 % du PIB. Ceci est dû à trois facteurs. Premièrement, le paiement plus élevé des intérêts sur le service de la dette. Deuxièmement, une indemnisation accrue pour les subventions énergétiques en raison d'absence de politique énergétique, mais aussi pour régler les impayés des années précédentes. Troisièmement, une cause d’impact de la croissance qui a été révisée légèrement à la baisse’’, explique M. Gemayel.
Pour 2025, le FMI estime qu’il serait plus important que le déficit soit à 3 % du PIB, de sorte à pouvoir faire face éventuellement à d’autres crises. En deuxième lieu, elle invite à la réduction du niveau de la dette, même si elle considère que celle-ci est toujours soutenable. Troisièmement, elle demande à contenir l’inflation.
Toutefois, aux yeux d’Edward R. Gemayel, le Sénégal est en train d’avoir un taux d’inflation bien moins important que les autres pays de la sous-région.
Assainissement des finances publiques
Concernant le budget, selon le FMI, l’assainissement des finances publiques devrait continuer entre 2024 et 2025 à quatre niveaux. D’abord, la mobilisation des recettes fiscales pour atteindre l’objectif du gouvernement de 25 % qui fait partie de la stratégie à moyen terme du gouvernement sénégalais. Ensuite, la rationalisation des exonérations qui pèsent beaucoup sur le budget, ce qui est un manque à gagner assez considérable au niveau des recettes, d’après Edward R. Gemayel. Ces exonérations sont estimées entre 800 et 900 milliards F CFA.
Le troisième point souligné par le FMI porte sur ‘’la réduction progressive des subventions à l’énergie qui sont non ciblées et coûteuses’’. Cette année, les subventions ont valu au-delà de 500 milliards F CFA. ‘’Juste en prenant le cumul des trois dernières années, rien qu’à l’énergie, les subventions ont coûté 1 800 milliards F CFA’’, a souligné M. Gemayel.
Par rapport à la dette avec l’émission de l’eurobond, le FMI estime qu’il y a un surfinancement. Cette année, le gouvernement a donc plus de liquidité dont il n’a pas besoin en plus de l’endettement au niveau du marché régional. ‘’Ce que nous sommes en train de discuter avec le gouvernement, c’est d’utiliser ce surfinancement afin de faire des opérations de gestion du passif. Racheter une dette à court terme plus coûteuse par une dette à long terme et moins coûteuse. Ceci permettra, premièrement, de baisser le niveau de la dette. Deuxièmement, réduire ce surfinancement. Il faut aussi renforcer la soutenabilité de la dette’’, a indiqué M. Gemayel.
BABACAR SY SEYE