L'ordonnance prescrite par le Sames à l’État du Sénégal
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Après 14 rencontres avec le gouvernement sans succès, le Sames a décidé d’observer une grève de 48 heures, à partir d'aujourd'hui. Seules les urgences seront prises en charge dans les établissements sanitaires publics. Pour la baisse des salaires annoncée, ils se disent ne pas être concernés.
Le secteur public de la santé sera paralysé, aujourd’hui et demain. Seules les urgences seront prises en charge. L’annonce a été faite hier lors d’un point de presse par le secrétaire adjoint du Syndicat autonome des médecins du Sénégal (Sames). Le docteur Diabel Dramé, qui faisait face à la presse hier, a indiqué qu’il a été constaté une ‘’inertie’’ du gouvernement, depuis le dépôt en décembre 2023 suivi d’un rappel au mois de décembre 2024 de leur plateforme revendicative. Malgré quatorze rencontres avec l'État du Sénégal, selon lui, aucune proposition concrète n’a été actée.
À cet effet, le Sames a décidé de tenir un point de presse pour éclairer l’opinion publique sur la situation sanitaire ‘’préoccupante’’ que traverse le Sénégal et les conditions difficiles de travail des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes du Sénégal. Cette démarche, a-t-il expliqué, vise à préserver un climat social apaisé, mais aussi à mettre l’état du Sénégal devant ses ‘’responsabilités’’ quant aux désagréments pouvant survenir lors de la mise en œuvre de leur plan d’action.
‘’Le Sames ne réclame que de meilleures conditions de travail pour une offre de santé de qualité pour les populations. Cet état de fait a motivé les revendications qui tournent essentiellement autour du recrutement des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes dans la Fonction publique pour soulager les structures sanitaires de la gestion démocratique des ressources humaines à travers un appel à candidatures lors des nominations à des postes de responsabilités, du régime indemnitaire qui souffre d’une incohérence et d’une injustice notoires au détriment des médecins, pharmaciens et chirurgiens-dentistes, de la revalorisation de la pension de retraite, car un médecin qui part à la retraite devient un ancien fonctionnaire très vulnérable et précaire, car se retrouvant avec une pension de retraite dérisoire. Il y a aussi la construction progressive de nouveaux hôpitaux au niveau des départements pour rapprocher les soins de qualité aux populations, l’accélération de la mise en œuvre de la Couverture sanitaire universelle, en passant tout d’abord par le remboursement de la dette CMU due aux structures sanitaires, le statut des médecins en spécialisation et des internes des hôpitaux qui tarde à être matérialisé, ce qui rend ces derniers très vulnérables sur le plan socioprofessionnel’’, a listé le syndicaliste.
Il a ajouté que devant l’absence d’actions concrètes du gouvernement allant dans le sens d’un dialogue et d’un consensus pour trouver une solution à leurs revendications, le Sames va poser ce jour le premier acte de son plan d’action qui consiste en une grève générale de 48 heures avec respect strict des urgences sur tout le territoire national, les 18 et 19 février 2025. ‘’Au début, on avait 64 points de revendication et on s’est battu pour le ramener à six points. Mais il faut que cela soit clair : on ne peut pas descendre plus bas’’, a-t-il tonné.
Baisse des salaires : Le Sames ne se sent pas concerné
Concernant la baisse des salaires annoncée par le gouvernement pour faire face à la crise économique qui secoue le pays, le Sames est catégorique : leurs corps de métier ne sont pas concernés par cette décision.
Selon les syndicalistes, le corps des médecins, pharmaciens, chirurgiens-dentistes est l'un des rares corps de la Fonction publique à avoir subi une ‘’injustice’’ notoire en termes de salaire. ‘’Je vais même avancer dans cette demande pour dire que nous aurons une augmentation de salaire. Au moment où d'autres corps subiront des baisses de salaire, parce qu'il y a des corps qui ont été longtemps favorisés dans ce pays, relevant d'une hiérarchie inférieure et pourtant qui ont perçu des rémunérations de loin supérieures aux nôtres. Je pense que ça occupe une place très importante dans notre plateforme revendicative, notamment dans le cadre des infrastructures, mais également de l'équipement’’, a-t-il souligné.
’’Je pense que deux appareils de radiothérapie au Sénégal ne suffisent pas’’
Sur la panne de la machine de radiothérapie de l’hôpital Dalal Jamm, il est d’avis que la maintenance hospitalière aujourd'hui est un maillon très faible dans leur système de santé. Un constat qu'ils ont toujours fait et n’ont jamais manqué d’alerter sur ces situations. ‘’Nous sommes au regret, aujourd'hui, de constater cela. C'est malheureux pour les patients bien entendu, mais également malheureux pour le personnel médical. Parce que notre sacerdoce, c'est quoi ? C'est toujours aller dans le sens d'affaiblir ou bien de supprimer la souffrance des populations. Malheureusement, si on n'a pas d'équipement de pointe, de qualité, quel que soit le niveau de connaissances, de compétences, on ne pourra pas y parvenir. Et là, nous mettons l'État du Sénégal devant ses responsabilités afin que nous puissions aller dans le sens de faire des actes de prévention dans ce domaine. Parce que c'est un maillon faible du système de santé. On en souffre en tant qu'acteur de la santé, en tant que praticien et c'est dommage aujourd'hui qu'on assiste encore une fois de plus à ces problèmes de panne de radiothérapie’’, a-t-il déploré.
Car le seul appareil actuellement qui fonctionne, c'est celui de Touba et malheureusement, il n'y a pas moyen, en tout cas, de subvenir aux besoins de certaines populations, de certains patients. Et ils demandent une fois de plus à l'État d'accélérer le processus pour une réparation rapide de cette machine très importante dans le cadre du traitement des patients atteints de cancer. Mais surtout d'asseoir une planification soutenue par rapport à la multiplicité de ces appareils.
‘’Je pense que même deux appareils de radiothérapie au Sénégal ne suffisent pas. Donc, il va falloir qu'on mette les bouchées doubles afin qu'on puisse subvenir aux besoins des populations’’, a souhaité le SG adjoint du Sames.
CHEIKH THIAM