Greenpeace
Lors d'une série d'événements organisés à l'occasion de la Journée mondiale des océans à Joal, des communautés de pêcheurs et des membres de la société civile ont démontré que seules des actions concrètes sur le terrain pouvaient contribuer à restaurer les stocks de poissons. Selon une note parvenue à notre rédaction, différents acteurs du secteur de la pêche ont pris leur destin en main en reboisant des mangroves, écosystème indispensable pour la régénération des ressources halieutiques.
La ville de pêche traditionnelle de Joal est située à proximité de forêts de mangroves qui constituent des lieux de reproduction et de nurserie essentiels pour de nombreuses espèces de poisson et qui sont donc vitaux pour les écosystèmes marins et la survie des communautés de pêcheurs d'Afrique de l'Ouest. Les mangroves stockent également plus de carbone que les forêts tropicales. Elles sont donc essentielles pour prévenir le changement climatique et l'augmentation des phénomènes météorologiques extrêmes qui touchent principalement l'Afrique.
"Les activités de reboisement de mangroves comme celle-ci ont connu un grand succès dans le delta du Sine-Saloum, la Casamance et dans toute la région côtière. Aujourd'hui, en plantant ces mangroves, nous montrons que les communautés locales ont le pouvoir de protéger elles-mêmes leurs moyens de subsistance. Même si l'État a failli dans ses responsabilités de gestion de nos ressources, il est de notre devoir de les protéger pour assurer un avenir à nos enfants", a confié dans la note Madeleine Ndiaye de l'association environnementale locale Agire. Le président de la Plateforme des acteurs de la pêche artisanale au Sénégal (Papas), Abdou Karim Sall, a confié, selon la même source, que depuis des années, ils demandent aux autorités de réglementer la pêche industrielle et de fermer les usines de farine de poisson.
‘’Et c'est parce que nous nous sommes organisés pour exiger des changements que, peu à peu, les autorités commencent à nous écouter. Mais en attendant des mesures encore plus fortes de nos autorités, nous menons nous-mêmes des initiatives concrètes comme ce reboisement. Nos autorités ne doivent pas donner l'accès aux ressources à des navires pendant que nous peinons à remplir nos filets. Nous devons nous mobiliser pour trouver des solutions. Pour plus de transparence dans la gestion des pêcheries, les autorités devraient publier la liste des navires autorisés à pêcher dans nos eaux’’, lit-on dans le document.
...En outre, le chargé de campagne pour Greenpeace Afrique, Abdoulaye Ndiaye, a indiqué que les pêcheurs, les transformatrices et les organisations environnementales apportent des solutions concrètes au problème de la surpêche, parce que les autorités n’assument pas leurs responsabilités. ‘’Une cellule de veille, composée de groupes de pêcheurs, s'est récemment mise en place pour dénoncer la pêche irresponsable, suite à une révélation de Greenpeace Afrique concernant l'incursion dans nos eaux d’un chalutier de 120 m, le ‘Vasiliy Filippov’, sans licence de pêche.
La présence d’un tel navire dans une région où les stocks de poisson sont limités ne fait qu’aggraver la situation des populations qui en dépendent pour leur survie. Le Conseil présidentiel de la pêche, tant attendu, serait une occasion pour revisiter les défis du secteur de la pêche sénégalaise et proposer des solutions pour les relever", a précisé M. Ndiaye dans la note.