Travailleurs et consommateurs risquent d'être sacrifiés
Dans le secteur des entreprises industrielles du secteur minier, des licenciements massifs et des hausses de prix de certains produits pourraient souffrir de la détermination de l'Etat à récupérer une taxe de 5% votée par l'Assemblée nationale sortante au profit du Plan Takkal.
C’est la peur au ventre que les travailleurs des entreprises industrielles du secteur minier vont suivre la suite du bras de fer qui oppose leurs unités à l'Etat par le truchement de la Direction générale des impôts et domaines (voir EnQuête du 2 juillet 2012). En effet, leurs salaires du mois échu ainsi que les charges sociales y afférentes pourraient subir le contrecoup de la mesure «extrême» prise par les autorités de saisir leurs comptes bancaires, ainsi qu'annoncé par nos confrères de Libération dans leur édition d'hier.
Au niveau de plusieurs sociétés industrielles frappées par ce blocage de leurs liquidités, on compare cet acte à de la «délinquance financière et économique» susceptible d'avoir des répercussions sociales néfastes dont les travailleurs seraient les premières victimes. «Il n'est pas question de céder à ce diktat», promet-on en divers lieux de «résistance». D'autant plus que «nous sommes couverts par des conventions minières en bonne et due forme dans lesquelles l'Etat a engagé sa signature», rappelle un cadre contacté par EnQuête.
Et dans ces conventions, le principe des exonérations fiscales accordées à plusieurs entreprises et courant sur plusieurs années est une réalité à laquelle les autorités ne pourront se départir, ajoutent nos interlocuteurs. Aujourd'hui, les menaces des entreprises minières portent autant sur une hausse des prix dont ceux du ciment et du fer, que sur la perspective de «licenciements massifs», seule arme dont elles disent pouvoir user pour ne pas disparaître où sombrer dans la précarité.
«Trouver une solution qui ne lèse personne»
C'est pourquoi elles affirment en appeler au sens des responsabilités de l'Etat, notamment du ministre de l'Economie et des Finances et surtout du président de la République «qui connaît bien ce dossier». L'idée des industriels est de «trouver une solution globale qui ne lèse personne», étant bien entendu que les difficultés financières présumées de l'Etat, pour compréhensibles qu'elles soient, ne sauraient être «un droit à tout faire».
Pour rappel, c'est l'Assemblée nationale sortante qui, en décembre 2011, avait voté une loi donnant le droit à l'Etat de créer une taxe appelée «contribution spéciale des produits des mines et carrières» en soutien financier au Plan Takkal. Elle avait été fixée à 5% du montant de chiffre d'affaires de chaque entreprise concernée. Selon les calculs officiels, elle devrait rapporter 10 milliards de francs Cfa. Reste à savoir jusqu'où ira cette guerre de gros sous entre l'Etat et des partenaires importants en matière de contributions fiscales. La Sococim, doyenne des industries cimentières, les Ciments du Sahel, les Industries chimiques du Sénégal, etc. sont les principales entreprises concernées par cette affaire.
AMADOU NDIAYE