Déclaration du RND à propos de la disparition du Président Mandela
Réuni en session ordinaire, ce jour, à la Permanence Nationale Daaray Seex Anta Joob, sous la présidence du Secrétaire général Dialo Diop, le Secrétariat Exécutif (SE) du RND a tenu, au lendemain de l’annonce du décès du regretté Président Nelson R. Mandela, à observer une minute de recueillement et de prière en son honneur.
Le SE a, ensuite, exprimé, au nom de l’ensemble des sympathisants, militants et dirigeants du Parti, ses vives, sincères et fraternelles condoléances à la famille Mandela, aux membres de l’African National Congress (ANC), au gouvernement et au peuple sud-africains. Leur deuil est partagé par tous les peuples d’Afrique et de la Diaspora ainsi que par ceux du monde entier.
Premier Président démocratiquement élu de l’histoire de l’Afrique du Sud, la vie quasi-centenaire de Madiba aura été à la fois l’incarnation et le couronnement de la lutte pluriséculaire des peuples africains contre l’esclavage et le colonialisme, le racisme et l’apartheid.
Sa sortie de prison en cet inoubliable 11 Février 1990 sanctionnait en effet la défaite politique du régime ségrégationniste minoritaire blanc avec la légalisation de l’ANC, tandis que son élection triomphale à la tête de la nouvelle Afrique du Sud démocratique, non raciale et non sexiste marquait d’une certaine façon l’achèvement du long et douloureux processus de décolonisation de notre continent.
De même, la “Commission Vérité et Réconciliation”, conçue pour tenter de panser les profondes blessures laissées par les atrocités du système d’apartheid, va servir de modèle de référence pour la gestion du “passif humanitaire” dans divers pays d’Afrique et du reste du monde.
Double symbole du refus de la soumission à la raison du plus fort et de la résistance victorieuse à l’oppression d’une part, et de l’humanisme africain fondé sur les valeurs de paix, d’unité et de solidarité d’autre part, le combat exemplaire de Madiba restera une source éternelle d’inspiration pour tous les révolutionnaires du monde.
Telles sont quelques-unes des raisons qui expliquent cet hommage unanime et planétaire aujourd’hui rendu à la mémoire d’un Mandela transformé en icône !
Cependant, ce moment unique et privilégié, fruit d’une destinée exceptionnelle et sans précédent dans l’histoire de l’humanité, ne saurait faire oublier, en particulier à nous autres Africains, ni le caractère collectif et collégial de la lutte anti-apartheid, notamment les sacrifices des A. Luthuli, R. Sobukwe, W. Sisulu, O. R. Tambo, C. Hani et autres S. Biko, ni, encore moins, le martyr des innombrables héros de la cause sacrée de la libération africaine, fauchés prématurément par les prédateurs inhumains venus du désert ou d’outre-mer, aidés par leurs complices locaux.
Qu’il s’agisse de Ruben Um Nyobe du Cameroun, de P. Lumumba du Congo-Kinshasha, de B. Boganda du Centrafrique, de M. Ben Barka du Maroc, de S. Olympio du Togo, de M. Ngouabi du Congo-Brazzaville, d’A. Cabral de Guinée-Bissau, d’E. Mondlane et S. Machel du Mozambique ou de T. Sankara du Burkina Faso, pour ne citer que ceux-là, ce sont là autant de Mandela en herbe dont l’Afrique a été injustement privée…
Toujours est-il qu’à l’heure du bilan, plus de vingt ans après l’abolition de l’apartheid politique et l’avènement du principe démocratique élémentaire “une personne une voix”, nul ne peut nier la persistance d’une sorte d’apartheid économique encore plus dévastateur, un peu à l’image du reste du continent qui, plus d’un demi-siècle après avoir recouvré l’indépendance politique formelle, demeure en quête d’une indépendance économique véritable, condition sine qua non d’une réelle amélioration de la vie quotidienne des peuples africains !
Dans la conclusion de sa magistrale autobiographie, “Une longue marche vers la liberté” (1994), Mandela soulignait déjà que, malgré le chemin parcouru, il restait de nombreuses autres collines à gravir…
Il apparaît désormais clairement que si l’Afrique veut rompre définitivement avec la dépendance et la tutelle étrangère, le pillage de ses ressources tant humaines que naturelles et culturelles, causes premières de la misère de ses populations, il lui faut rompre radicalement avec le prétendu Consensus néolibéral de Washington. Or, une telle initiative suppose une rupture préalable avec le Consensus impérial de Berlin (1885) et le démembrement du continent qui perdure jusqu’à ce jour.
C’est pourquoi, le RND tient à rappeler qu’à l’occasion de la visite au Sénégal de N. Mandela en 1991, alors simple Vice-Président de l’ANC, le SEPO du Parti avait suggéré en vain que le 11 février, jour anniversaire de sa libération, soit officiellement proclamé par l’OUA “Journée des Héros et Martyrs de la Libération Africaine”.
Aujourd’hui, à son tour, le SE saisit l’occasion offerte par l’exceptionnel hommage universel au Président Mandela pour proposer que l’Afrique aille au-delà des professions de foi plus ou moins sincères, en posant un acte fort digne du caractère unique de l’événement.
Il a, en conséquence, invité le SG à lancer un appel solennel à la Commission de l’Union Africaine, afin qu’elle demande à tous les pays africains membres de l’Union Africaine, mais aussi au Maroc, de mettre leur drapeau national en berne le dimanche 16 Décembre 2013, jour de son inhumation dans sa terre natale de Qunu, en le proclamant officiellement et unanimement journée continentale de deuil africain, en hommage à l’illustre disparu.
L’Afrique montrerait ainsi dans les faits qu’elle a retenu au moins une leçon du combat mené par ce géant africain : que notre salut collectif réside dans l’unité, la cohésion, la solidarité et, à terme, le remembrement.
Ku bëreey dàan !
Dakar, le 7 Décembre 2013
Par le Secrétariat exécutif du RND
Le Secrétaire général
Dialo DIOP