"Un pays où il n’y a pas d’ordre ni de lois, ne ferait pas bon à vivre"
Les manifestions suivies de saccages constituent-elles une meilleure façon de combattre une injustice ?
En aucun cas, on ne peut cautionner cette façon de faire. Nous sommes dans un pays organisé où il y’a une justice et des lois. Par conséquent, les populations qui veulent réagir contre certaines actions du gouvernement doivent le faire conformément à la réglementation en vigueur sinon nous allons dans des difficultés. Un pays où il n’y a pas d’ordre ni de lois, ne ferait pas bon à vivre. Nul n’a intérêt à ce que la vie ne soit pas régie par une réglementation. Ça ce n’est dans l’intérêt de personnes.
On n’a pas senti l’autorité de l’Etat durant cette matinée (22 octobre 2012) de folie…
L’État est là pour assurer la sécurité des personnes et des biens. Donc, il ne doit pas croiser les bras. L’État est là surtout pour prévenir. Dès que le bruit a couru, l’État devra prendre toutes ses dispositions pour que la sécurité des personnes et des biens soit préservée. A l’avenir, il faut anticiper pour prévenir les manifestations.
Tout cela, semble-t-il, est lié au transfèrement de Cheikh Béthio Thioune de Thiès à la prison de Dakar. J’avoue que je ne peux pas me situer dans ce débat puisque moi-même je ne suis pas juriste. Mais, comme l’Etat invoque des raisons de sécurité de la personne, cela doit être une priorité. Si être à Thiès n’offre pas toutes les conditions pour assurer sa sécurité, je trouve qu’il faudra trouver un autre endroit en tant qu’être humain où il pourrait être dans des conditions de sécurité optimale. Il ne faut pas faire dans l’amalgame. C’est un guide qui a des adeptes des talibés et ces talibés manifestent leur désaccord. Ça n’a rien à voir avec ce qui se passe au Mali dont le Nord est occupé.
7 mois après l’élection de Macky Sall, les gens ne sentent pas trop de changement.
Comme je ne fais pas partie du gouvernement, je ne peux pas donner toutes les explications. En revanche, je peux dire qu’il y a beaucoup d’attentes qui ne sont pas satisfaites. La demande sociale est encore là, les populations s’inquiètent, les gens se demandent où est le changement. Ce n’est pas ce que nous aurions souhaité car, nous avons combattu l’ancien régime pour instaurer la justice sociale dans le pays. Macky a été élu par une vaste coalition. Il est obligé de solliciter l’avis de ses alliés. Ça va être très difficile à chaque fois qu’il faut prendre une décision de se référer à tous les éléments de la coalition. Il y a de ces actes qui posent problème comme le recyclage des anciens dignitaires de l’ancien régime.
Le chef de l’État a promis de donner un statut à l’opposition. Croyez-vous que c’est une bonne idée ?
C’est une bonne chose d’autant plus que c’est constitutionnalisé. Au niveau du parlement, il y a déjà une opposition incarnée par l’ancienne majorité et les non-inscrits. En même temps, il y a des partis d’opposition qui ne siègent pas au parlement. Donc, il faut organiser tout ça. Mais, il faut se concerter. Designer le leader de l’opposition nécessite, conformément à la Constitution, une vaste concertation. Il ne faut surtout pas faire dans la précipitation surtout quand il s’agit de questions d’intérêt national.
Lequotidien.sn